Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Steve Canyon » : un classique inusable de la bande dessinée américaine à nouveau disponible !
Robinson, le label créatif d’Hachette Comics, propose le premier tome d’une magnifique intégrale des strips et planches du dimanche (en couleurs) de la bande dessinée culte d’aviation made in USA « Steve Canyon », créée par l’immense artiste qu’était Milton Caniff (1) : traduction et adaptation respectueuse de l’édition américaine entamée chez IDW Publishing dans leur collection The Library of American Comics, depuis 2012.
 Il s’agit, ici, d’une compilation exhaustive des missions en tout genre affrontées par ce décontracté pilote d’avion au cœur tendre, publiées entre le 13 janvier 1947 et le 30 décembre 1948. Projeté dans un tourbillon d’aventures à travers le monde, Steve Canyon est un ancien combattant qui monte sa propre entreprise de transport aérien avec des camarades de l’armée : Horizons Unlimited (« Horizon infini », qui est, d’ailleurs, le titre de ce premier opus). Il reprendra du service dans l’U.S. Air Force pendant la Guerre de Corée (son créateur étant extrêmement patriote) et restera dans l’armée, combattant au Viêt Nam, jusqu’à la fin de la série, au 4 juin 1988, peu de temps après le décès de Caniff.
Ce dernier a lancé « Steve Canyon » après son départ de « Terry and the Pirates », sa célèbre précédente création laissée aux mains de George Wunder. En effet, si Caniff avait acquis, avec cette série, une réputation mondiale justifiée, les droits de cette bande, qu’il avait créée, écrite et dessinée (pour le quotidien Chicago Tribune), étaient entièrement détenus par le syndicat éponyme. Cherchant à obtenir un contrôle créatif, Caniff négocie alors avec Field Enterprises qui lui permet de rester propriétaire de cette nouvelle bande, même si « Steve Canyon » est commercialisé et distribué, simultanément, par l’agence King Features Syndicate, dans 168 journaux.
Dans les années 1950, la série jouit d’une immense popularité, faisant, par exemple, la couverture du Times (en 1947) et de Newsweek (en 1950). La bande est adaptée dans une série télévisée de 34 épisodes d’une demi-heure sur NBC, de 1958 à 1959 (avec des rediffusions sur ABC en 1960), et a même droit à une série de romans, tous écrits et illustrés par Caniff lui-même, publiée par Grosset & Dunlap dans les années 1950. Par ailleurs, une statue de Steve Canyon a été érigée à Idaho Springs, dans le Colorado, et un canyon montagneux voisin a été renommé Steve Canyon pour l’occasion, entre autres commémorations qui démontrent la renommée de cette BD aux USA.En revanche, dans nos contrées, la série est traduite assez tardivement : d’abord par le biais de quelques pages dans Le Journal de Paddy (éphémère bimensuel belge dirigé par Greg) en 1955, puis de façon plus conséquente dans Les Héros de l’aventure aux éditions des Remparts entre 1967 et 1968, et plus anecdotique dans Spirou (1967), dans le Nouveau Tintin (version française, de 1975 à 1976), dans Super Tintin (en 1978), et enfin dans les revues spécialisées Hop ! (entre 1994 et 1995) et Bananas (en 1995).Une partie des épisodes présentés ici ont déjà connu une première adaptation dans la langue de Molière, avec deux albums brochés publiés chez Glénat (en 1980 et 1983), repris sous la forme de trois albums à l’italienne (avec, cette fois-ci, les planches du dimanche, mais remontées et en noir et blanc), toujours chez Glénat (de 1987 à 1989). Cette présentation a été publiée conjointement avec les éditions Gilou, lesquelles avaient déjà proposé de larges extraits de la série compilés dans deux autres albums brochés, en 1984 et 1985.Conforme à l’édition américaine (avec, en sus, une préface d’une page signée Stéphane Beaujan), ce premier volume de 330 pages propose donc, outre les Sunday pages en couleurs, 74 pages inédites en langue française, ainsi qu’une conséquente introduction, très documentée et illustrée par de nombreux documents rares, due à Bruce Canwell. Espérons que le label Robinson poursuivra, à un rythme soutenu, cette magnifique édition des pages originales de Milton Caniff non retouchées : d’autant plus qu’elle est toujours en cours aux USA et qu’elle en est déjà à l’année 1964, avec 9 volumes comportant de nombreux inédits en France.
Gilles RATIER
(1) Voir le « Coin du patrimoine » que nous avons consacré à l’autre célèbre série de Milton Caniff : « Terry et les pirates ».
« Steve Canyon T1 : Horizon infini 1947-1948 » par Milton Caniff
Éditions Robinson (49,95 €) — ISBN : 978-2-919242-96-2
Excellente initiative!
Bonjour,
Vous vous êtes trompé sur le prix c’est 49.95 euros.
Même si le format de l’ouvrage est adapté, certaines vignettes sont presque illisibles.
C’est dommage par rapport au travail graphique de Milton Cannif.
A tout hazard, connaissez-vous le format de publication dans les journaux ?
C’est corrigé ! Merci pour la bonne utilisation de votre œil de lynx !
Bien cordialement
Gilles Ratier
Ah oui, c’est sûr qu’à 50 euros le livre, on commence à vraiment tomber dans le patrimoine pour « vieux riches ». Franchement, c’est ainsi que l’on souhaite faire découvrir ces bandes à de nouvelles générations ? J’en doute. Surtout lorsqu’il faut compter une dizaine de volume pour en voir le bout…
Si les bibliothèques de provinces ne les achètent pas (et il n’y a rien de moins sûr, leurs budgets n’étant pas extensibles..), il n’y aura plus qu’à espérer trouver un jour les bandes à lire sur le web.
Ça tombe bien, cela commence… avec les bandes de Dell de 1953 sur Comixology :
https://www.comixology.fr/Milton-Caniffs-Steve-Canyon-The-Complete-Series-Vol-1/bd-numerique/91124?ref=c2VyaWVzL3ZpZXcvZGVza3RvcC9ncmlkTGlzdC9Db2xsZWN0ZWRFZGl0aW9ucw
Et les amateurs peuvent aussi se délecter de dessins originaux inédits sur le site américain Animation Ressources, à l’origine de la production de DVDs de la série TV de 1958.
https://animationresources.org/comics-milton-caniffs-steve-canyon-dalies/
Je dois avouer que le prix m’a un peu refroidit, certes il y a 336 pages ce qui se tient par rapport au prix actuel, mais comme je l’ai dit les vignettes au format timbre poste m’ont fait renoncer à cet achat.
Quant au bibliothéque vu le prix, c’est mort, de plus on ne sait pas si la série ira jusqu’au bout.
Merci pour le lien de la qualité et sur les écrans avec les agrandissements, on peut apprécier le graphisme de Milton.
Et tant pis pour les marchands de papiers.
Je vais demander à la médiathèque de l’acheter, c’est un bon livre, mais que je ne relirai pas cinq fois. Ah
Johnny, le journal de l’age d’or a au cours de sa brêve existence également publié quelques pages de Steve Canyon.
Bonjour Henri !
Eh non, ce n’était pas « Steve Canyon » qui était publié dans Johnny, mais « Johnny Hazard » de Frank Robbins : une autre bande américaine avec un aventurier aviateur !
J’ai listé, dans mon article. toutes les parutions francophones de « Steve Canyon » !
Bien cordialement et respectueusement…
Gilles
Bonjour Gilles
Vous avez tout à fait raison, j’ai confondu ces deux aviateurs!
J’en suis tout confus, toutes mes excuses et bonnes…lectures!
Bien cordialement et respectueusement
Henri
Je partage plusieurs remarques mais souhaite apporter quelques précisions.
C’est une très belle édition mais la taille des bandes met insuffisamment en valeur le dessin de Caniff. De ce point de vue, les volumes Gilou/Glénat qui reproduisaient 2 bandes par pages au lieu de 3 ici étaient incomparablement meilleurs.
Par ailleurs, si le rapport qualité/prix de la présente édition est excellent, et mérite que l’on se prive d’acheter 4 albums standards pour se payer le Steve Canyon, il est vrai qu’en valeur absolue le prix reste élevé.
A ce propos, je me permets de signaler que Gilles Ratier a omis de mentionner, dans les traductions françaises de la série, l’épisode de 35 planches paru en 1995 dans BANANAS n°3, datant de 1957, traduit par Jean-Paul Jennequin et lettré par Louis Cance.
(Il reste quelques exemplaires que l’on peut se procurer sur mon site bananas-comix.fr au prix de 7,10 euros (port inclus).
Bonjour Evariste, et merci pour ces précisions. Je possède en ce qui me concerne les Steve Canyon édités par Gilou/Glénat (« Vietnam », « CIA » et au moins « Copperhead-Delta » de mémoire), et suis d’accord sur la grande lisibilité de leur maquette. Je serais intéressé par ce Banana numéro 3. Néanmoins, sur votre site, il apparait à 12 € et non 7.10, ce qui était plus qu’attractif.
Quid ?
Bonjour Franck,
La boutique du site renvoie directement aux numéros de BANANAS de l’actuelle formule, entièrement consacrée à un travail critique et historique sur la bande dessinée. Pour trouver les numéros de l’ancienne formule qui publiait surtout des bandes dessinées, même s’il y avait une partie critique, il faut aller sur « Publications Bananas » (au lieu de « Revues Bananas »).
(Je m’excuse par avance auprès des animateurs et des autres lecteurs de BDZOOM de leur infliger ces détails techniques, faute de pouvoir contacter directement Franck.)
Merci Evariste pour ces précisions utiles et bonnes fêtes !
Hello Évariste !
Je rajoute tout de suite Bananas à la liste des parutions francophones de « Steve Canyon » dans mon texte !
Désolé pour cet oubli non volontaire, certes mineur, mais absolument pas négligeable !
La bise et l’amitié
Gilles
Evariste, je viens de reprendre mes Canyon, (j’ai bien les trois formats à l’italienne en plus de Vietnam et CIA : quel bonheur et quel claque à chaque consultation-lecture), et on doit préciser que si il y a bien deux bandes en hauteur, cette maquette ne concerne que deux pages à chaque séquence de quatre. Les autres deux pages étant de trois cases en hauteur. Et c’est vrai que ça pète. Pourquoi ne pas avoir gardé cette formule, qui semblait provenir du format original ?
Si vous vous intéressez à cette nouvelle édition VF de Steve Canyon, je vous propose de lire l’interview de la traductrice Caroline Vieira : http://www.makma.com/2018/12/07/steve-canyon-tome-1/
Bonjour,
Très bonne nouvelle, car pour moi, Caniff est un géant de la BD, tant par ses intriques que par son dessin. J’ai acquis les 9 volumes parus aux U.S.A (le premier en 2012) et le dernier tome 9 reçu il y a quelques jours (38,90 € Amazon US port compris), mais il faut bien connaître l’anglais/américain.
On peut regretter le format ‘Glénat » mais une telle réédition avec des planches en couleur serait hors de prix. Les deux premiers volumes couvraient l’année 1947, le 3ème environ 6 mois de 1948, imaginez un 4ème volume, mettez de la couleur et faites le prix…
J’ai comparé la traduction à celle de Glénat, elle colle beaucoup plus au texte original.
C’est un excellent choix, pour ceux qui ne connaissent pas, pas de déception…C’est très bon !