Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Tarzan : Intégrale Joe Kubert » T2 par Joe Kubert
Second tome concluant le passage de Joe Kubert sur le personnage de Tarzan dans les années soixante-dix. Un album cartonné tout en couleur, une nouvelle fois de belle qualité, replongeant le lecteur avec émerveillement dans les récits fantastiques du seigneur de la jungle.
Le précédent volume ayant déjà donné lieu à une chronique, on s’y référera pour le contexte éditorial et l’importance graphique. Ici sont rassemblés les seize numéros de la revue Tarzan ayant accueilli le travail de Joe Kubert entre avril 1973 et mars 1975, soit les numéros 219 à 225, puis 226 à 235 (le numéro 226 l’ayant vu juste réaliser la couverture).
Les cinq premiers numéros, sous-titrés « The Return of Tarzan », basés sur le second roman d’Edgar Rice Burroughs, nous présentent le méchant Nikolas Rokoff. L’histoire débute dans les ruelles de Paris où Tarzan est venu chercher refuge auprès de son ami d’Arnot, suite au départ précipité de Jane d’Afrique dans les précédents épisodes.
Une ambiance très marquée « Double assassinat dans la rue Morgue » (classique d’Edgar Alan Poe), rappelant d’ailleurs le passage de nos hexagonaux Stan & Vince sur la licence Tarzan en 1998 (avec Lovern Kindzierski, éditions Soleil). Tarzan, en costume, est pris dans une intrigue liée à un accrochage avec Roskof lors de sa traversée de l’Atlantique, ce dernier tentant de discréditer le comte de Coude, afin de le faire chanter et vendre des secrets politiques à l’étranger. Après avoir dû prouver sa vertu auprès du comte, Tarzan se voit proposer par ce dernier un emploi en Algérie (« Furie dans le désert »). Cela va lui redonner l’opportunité de retourner en Afrique et, par un hasard dramatique faisant bien les choses, se retrouver sur sa terre natale (Troisième récit : « Retour à la vie primitive »). Dynamisme des planches, drame du scénario bien porté par les visages des protagonistes, dont Tarzan, très sombre… Kubert excelle dans la description visuelle.
« La Cité d’or », au parfum très « Conan », c’est à dire bourré de scènes d’action et de mystère, dévoile le personnage féminin de La, mystique prêtresse de la cité perdue d’Opar, peuplée d’humains arriérés, semblables à des Morlocks, célèbres monstres de « La Machine à explorer le temps » d’H. G. Wells, antérieur, pour l’anecdote, de 21 ans. C’est là que Tarzan va retrouver Jane Porter, sa dulcinée, et conclure dans « Le puits du jugement » cet arc très marqué Fantasy, avec des décors à l’avenant, lié à cette seconde nouvelle.
Les épisodes suivants, tout aussi prenants et vitaminés, vont nous donner l’occasion de bien d’autres péripéties en compagnie du seigneur de la jungle. À partir du numéro 230 cependant, la maquette de couverture change, devenant une mosaïque montrant clairement que Tarzan ne fut pas la seule série à bénéficier à l’époque de la publication du comics, celui-ci partageant ses pages avec « Carson of Venus », « Congo Bill », « Jungle Detective », « Monkey Men », « Wonder Dog », « Detective Chimp » ou « Korak », le fils de Tarzan. Ce dernier nous est d’ailleurs présenté sur 14 pages, puisque dessiné également exceptionnellement par Kubert.
« Le Lion blanc », réparti sur quatre chapitres, met en scène un double Tarzan. Durant tout l’épisode, en effet, notre héros prend la place d’un acteur blessé lui ressemblant comme deux gouttes d’eau : Stanley Obroski. Réglant ses problèmes, assumant son amour blessé, et lui rendant au final un hommage digne, dans une scène très émouvante. Ces épisodes sont aussi l’occasion de découvrir la cité perdue de « Dieu », une cité château, laboratoire d’un savant fou ayant mixé génétiquement humains et singes, leur donnant les noms de la cour anglaise du seizième siècle et les dotant de parole. Dans la jungle, en contrebas de ce promontoire, s’agitent pendant ce temps d’autres hommes dégénérés devenus singes, et dénués de paroles. Une histoire digne de « La planète des singes », iconoclaste, démesurée, et donc géniale, contenant des scènes graphiquement époustouflantes (la double page 272-273 par exemple). Un épisode vraiment marquant.
« La Plante magique » nous conduit quant à elle dans un autre monde perdu où des créatures « squameuses » gardent le secret d’une plante merveilleuse. Les deux explorateurs peu scrupuleux ayant trompé Tarzan pour y accéder vont cependant le regretter amèrement. Étonnant comme cet épisode pourra rappeler dans une certaine mesure les passages avec le peuple Grith de Mark Schultz dans ses « Chroniques de l’ère Xénoizoique ». Cela n’étonnera pas les vrais fans et amateurs d’Edgar Rice Burroughs, dont l’inventivité des histoires a influencé des générations d’auteurs.
Joe Kubert a montré qu’il était l’un de ses meilleurs adaptateurs et ces deux beaux recueils, comprenant son avant propos, toutes les couvertures couleurs pleine page, et les biographies des auteurs lui confèrent un parfait écrin. Magique, et indispensable !
Franck GUIGUE
« Tarzan Intégrale Joe Kubert vol. 2 » par Joe Kubert d’après Edgar Rice Burroughs
Éditions Délirium (35 €) – ISBN : 979-10-90916-46-3
re bonjour Franck
Après avoir laissé mes impressions et précisions sur le tome 1, je me permet quelques remarques sur celui ci que je trouve nettement supérieur.
L’adaptation du 17eme recueil de Burroughs ne s’appelle pas « le lion blanc » mais « Tarzan et l’homme lion ». Si c’est ainsi qu’il a été traduit chez Délirium,c’est étonnant. Quoi qu’il en soit, c’est surement le sommet du travail de Kubert.
Une curiosité pour terminer. Les deux premières parties de « The return of Tarzan » furent publié après les trois autres qui étaient dans les Tarzan géant 20 et 21. Elles apparaissent dans les super Tarzan première série 6 et 7 quelques mois plus tard..
Un troisième tome aurait été le bienvenu car même si il n’est plus au dessin, Kubert continuera de scénariser et de superviser jusqu’au numéro 249. Là encore,on trouve quelques belles adaptations de nouvelles de Burroughs
Amicalement
Thierry
Encore merci Thierry. Ces précisions bibliographiques apportent un réel plus à ma chronique et BDzoom en (re) devient pour le coup le site bdphile que j’apprécie vraiment. Les commentaires devraient toujours être là pour augmenter ou préciser un travail, et non le détruire ou le salire. Un troisième tome ? et bien, je ne suis pas contre, et si notre ami Laurent Lerner lit ces lignes, (et je m’en occuperai), peut-être attrapera t-il la perche ?
Au plaisir, et Amicalement donc. Franck
Je pense malheureusement qu’un troisième Tome risque d’être impossible et là ,je pense que Laurent pourra peut être confirmer
Les sources de ces deux livres viennent de Dark Horse qui les a édité lui en trois volumes format comics (bravo au passage pour le format Français). Ceux ci qui détiennent les droits n’ont pas édité la suite d’ou je pense impossibilité de les sortir chez nous. Ce n’est que mon avis,ça demande confirmation ou infirmation.
A suivre…