Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Après trente ans d’absence, le flic dépressif de Tito et Jan Bucquoy, qui fit les beaux jours du mensuel Circus, revient le temps d’un beau livre largement illustré et préfacé par l’incontournable Jean-Pierre Dionnet : « Une année en enfer ».
Créé en février 1980 dans l’éphémère magazine Aïe, la série policière « Jaunes » se poursuit la même année, dotée de couleurs, dans le Circus des éditions Glénat qui en poursuivront la publication le temps de sept albums, jusqu’en 1989, dont un (« Le Transfert slave ») verra quelques-uns de ses phylactères censurés, seulement en Belgique, pour manque de respect à la famille royale d’outre-Quiévrain.
Les scénarios sulfureux du futur réalisateur de cinéma post-surréaliste et situationniste belge Jan Bucquoy, qui connut son heure de gloire dans les années quatre-vingt avec des séries dessinées par Tito, Jean-François Charles, Jacques Santi, Marc Hernu, Marianne Duvivier… — ou avec une « Vie sexuelle de Tintin » —, et le graphisme clair et élégant du dessinateur d’origine espagnole Tiburcio de la Llave, qui signe Tito (« Tendre Banlieue », « Soledad »…), ont su mettre en valeur le parcours en dents de scie de ce fragile officier de police qui subit plus qu’il ne mène des enquêtes : son histoire personnelle se mêlant à celle de la Belgique des années sombres, car son père a été dénoncé comme juif, puis exécuté, par les rexistes pendant la dernière guerre.
Dans cette longue nouvelle de plus de cent pages (enluminées par une trentaine de superbes dessins dont la plupart s’étalent sur deux pages consécutives), l’ex-capitaine de la BSR, auréolé de ses fiascos retentissants dans les dossiers des tueurs du Brabant et de l’affaire Dutroux, est nommé commissaire, à l’âge de 54 ans, à la tête de la PJ de Mons : un beau placard doré pour cet homme usé par ses relations difficiles avec la hiérarchie et par ses échecs sentimentaux. Pour ce nouveau poste, il est accueilli par une belle collègue à l’abondante chevelure rousse, le jour même où huit sacs contenant des restes de corps humains dépecés sont trouvés à Cuesmes.
Un livre passionnant édité par Hervé Algrain – le responsable des éditions du Désastre immobile —, soutenu par la fondation Moons 2025, et préfacé largement par un érudit Jean-Pierre Dionnet en grande forme qui, comme à son habitude, nous parle de tout, sauf du livre…
C’est pour cela qu’on tente, aujourd‘hui, de le faire à sa place !!! Rires !
Gilles RATIERÂ
« Une année en enfer » par Tito et Jan Bucquoy
Éditions Désastre immobile (20 €) — ISBN 978-2-9602233-0-9