Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Bushido T2 : Un pour tous, tous pour un ! » par Gorobei et Thierry Gloris
La vie d’apprenti samouraï n’est pas un long fleuve tranquille ! Yuki est bien placé pour la savoir : orphelin un peu enrobé, ancien commis aux cuisines, son initiation à la voie du guerrier, le bushido, est pour le moins difficile. Mais sa volonté sans faille et son optimisme constant lui permettent de surmonter bien des obstacles dans le deuxième volume d’une excellente série jeunesse primée lors du dernier festival d’Angoulême.
Le jeune Yuki est un adolescent déclassé dans un Japon médiéval mêlant données historiques et éléments du folklore ; esprits malins, les yôkais ou okabe, créature surnaturelle malveillante.
Fils d’une domestique, Yuki est condamné à une vie aux cuisines. Mais volontaire et toujours optimiste, il décide de prendre son destin en main : il sera samouraï ou rien ! Sur la route qui le conduit à une école d’arts martiaux, il croise Musashi Miyazaki, un vieux samouraï bougon.
Après quelques mésaventures, le légendaire combattant accepte, à contre-cœur, de devenir le maître d’un apprenti, encore très maladroit.
Au début du deuxième volume de la série, Yuki poursuit sa formation au sein du monastère d’Unmei. Aidé du ninja masqué Jin Goro, il affronte deux yôkais qui ont pénétré l’enceinte sacrée en pleine nuit.
À l’issue d’un combat mouvementé, l’apprenti samouraï sauve le jeune ninja et laisse donc s’échapper les deux êtres maléfiques qui se sont emparés des Sai du destin, des armes redoutées dans tout l’archipel.
Le code ninja est très clair : « Celui qui crée le problème doit le résoudre ». Jin Goro doit donc poursuivre les deux voleurs pour rapporter les armes dérobées au monastère.
Musashi Miyazaki saute sur l’occasion pour confier une nouvelle mission à son élève ; s’allier au très hautain ninja jusqu’à la réussite de sa quête.
Commence alors un long et dangereux périple au cours duquel Jin et Yuki finissent par s’apprécier, Yuki étant plus rusé et courageux qu’il ne le laisse deviner de prime abord. Ils monteront sur des montagnes enneigées avant d’affronter fantômes et armées de morts-vivants tout en respectant, plus ou moins, le rigoureux code de l’honneur des samouraïs et des ninjas. Ce dernier affirmant : « L’art du ninja est de prendre sans être vu. L’affrontement est la dernière issue », Jin Goro sera sanctionné pour son impulsivité lors de son retour au monastère.
Les élèves membres du jury du prix des écoles du FIBD d’Angoulême ne sont pas trompés en accordant leurs suffrages au premier volume de « Bushido » en janvier dernier. Les albums de cette série mêlent en effet parfaitement aventures mettant en danger les héros, un humour à plusieurs degrés qui fait mouche différemment des plus jeunes aux plus âgés et des références à l’histoire et à la culture japonaise qui arrivent toujours dans le bon tempo.
Les premières pages de garde de l’album présentent ainsi un amusant jeu de l’oie qui précise quelques éléments importants de la société féodale nippone que l’on retrouve dans la bande dessinée : – rôle du daimyô, – système politique -, importance des êtres magiques, – yôkai, kami, yurei -, dans l’imaginaire collectif. De même, les termes japonais utilisés dans le récit sont toujours traduits en dessous des cases. De quoi apprendre un vocabulaire de base en s’amusant.
En historien de formation, Thierry Gloris s’amuse d’un contexte historique et social qu’il se plait à faire découvrir à de jeunes lecteurs. En bon scénariste, il écrit un récit initiatique captivant ; un road-movie nippon qui permet la confrontation de deux caractères opposés, de quoi créer de nombreux rebondissements comiques et s’amuser de dialogues savoureux et finement référencés qui pimentent le ping-pong verbal entre les deux principaux héros : « Cacher ce sein que je ne saurais voir » ou « Vers l’infini et au-delà  ! », sont deux exemples parmi d’autres de citations littéraires ou cinématographiques de l’album. Pour les cinéphiles les maîtres de Jiro et Yuki portent les noms deux créateurs des mythiques studios d’animation Ghibli : Miyazaki et Takahata.
Le dessin rond et stylisé de Gorobei reprend certains codes graphiques du manga : nez qui coule, veine de la colère, bouches de baves,… Il accentue le coté comique de la série tout en dynamisant les scènes d’action.
- Bushido T2 pages de garde
Le succès rencontré par la série permet de retrouver rapidement Yuki et ceux qui veulent suivre la voie du guerrier. Les deux prochains tomes sortiront en janvier et juin prochain.
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Bushido T2 : Un pour tous, tous pour un ! » par Gorobei et Thierry Gloris
Éditions Dupuis (9,90 €) – ISBN : 978-2-8001-7154-8
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