Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Le Signal de l’océan » par Joub, Nicoby et Pierre-Roland Saint-Dizier,
La chaleur ambiante fait rêver des bords de mer, des plages de sable fin. Des rochers de Bretagne ou des palmiers des Antilles, c’est le lot de l’été : les bains, le farniente et pour beaucoup de gens des locations ou des séjours en maison secondaire. C’est pourquoi quantité de petits villages sont devenus au fil du temps des stations balnéaires avec pour ambition de capter elles aussi la manne touristique… Sans toujours penser aux conséquences !
« Le Signal de l’océan » raconte cette échappée belle vers un avenir meilleur, radieux, imaginé par son maire pour son petit village breton. C’est du moins ce qu’il vante haut et fort dans les années 70 : il ne faut pas rater le virage du tourisme de masse ! Il faut donc un projet immobilier ambitieux, un « complexe touristique » sans complexe, bref, des appartements pieds dans l’eau…
Dans les années 70, la mer est encore loin des constructions, mais 30 ans plus tard, ces logements sont effectivement « les pieds dans l’eau » ! De fortes tempêtes ont peu à peu grignoté le sable, les dunes, les fondations et tout le beau château de cartes s’effrite, s’effondre… Pourtant, certains n’étaient pas d’accord et d’autres ont résisté tant bien que mal, mais rien n’y a fait. L’appât du gain a supplanté tout réalisme.
Publié avec le soutien du Conservatoire du littoral, cette histoire très joliment dessinée par Joub et Nicoby, est là pour rappeler que, face à l’océan, face aux changements climatiques, l’homme n’aura pas le dernier mot. Ni l’argent ! La mer est la plus forte. Inutile de lui tenir tête, on aura toujours tort ! Avec aisance, sans lourdement appuyer le propos, l’histoire instille sa « leçon de morale », son engagement même, ce qu’illustre avec beaucoup d’intérêt un court dossier final présentant notamment le « Programme Adapto » du Conservatoire du Littoral.
La petite galerie de personnages aux intérêts divergents brosse aussi bien des enjeux familiaux que des enjeux municipaux. Le thème rappelle à sa façon le bel album de Duhamel, « Jamais » présenté ici-même et surtout son « Retour » consacré au devenir touristique des piles (ici, Lanzarote). Enfin, de façon plus dérivée, ne pas manquer « Je vais rester » de Chevillard et Trondheim, chroniqué également sur BD Zoom.
Alors, bonnes vacances au bord de l’eau, mais pas trop près… Et rendez-vous mi-août pour d’autres « BD Voyages »…
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
 « Le Signal de l’océan » par Joub, Nicoby et Pierre-Roland Saint-Dizier,
Éditions Vents d’Ouest (15, 50 €) – ISBN : 978-2-3440-2860-5