Apparue pour la première fois dans le mensuel Tchô ! en 2003, Lou est devenue un best-seller de l’édition, avec plus de trois millions d’albums vendus, une série d’animation, un long métrage, des traductions dans le monde entier… Un tel succès méritait bien cet ouvrage anniversaire, qui nous propose — en plus de 300 pages — de revenir sur l’histoire de l’héroïne qui a grandi avec ses lecteurs. Tout en ouvrant généreusement ses carnets de croquis, Julien Neel évoque — au cours d’un long entretien — son propre destin, lié depuis 20 ans à celui de la petite fille blonde devenue grande.
Lire la suite...« La Mort aux yeux de cristal » par Étienne Oburie et Lancelot Hamelin
Réputée pour avoir les plus beaux yeux du monde, Radka Sukova est l’égérie d’un grand styliste français. Mais l’icône déchante lorsque son sosie est retrouvé assassiné, les yeux remplacés par deux morceaux de cristal taillé… Rendant hommage au giallo, ce récit italien de série B à la frontière du polar, de l’horreur et de l’érotisme, les auteurs marchent dans les pas des réalisations signées par Dario Argento ou Mario Bava ! Derrière le masque du divertissement, on devinera le propos d’auteur, pointant tout au long des 120 pages de ce one shot la critique de la marchandisation du corps féminin.
Historiquement, le genre du giallo (littéralement : jaune) voit le jour dans les années 1920, en tirant son nom des couvertures jaunes servant aux romans policiers (de type whodunit, récit d’énigme à la manière d’Agatha Christie) publiés par l’éditeur Mondadori. Très inspiré par les polars anglo-saxons, le concept évolue vers le grand écran dans les années 1960, avec « La Fille qui en savait trop » (1963), réalisé par un Mario Bava sous influence hitchcockienne. Un an plus tard, dans « Six femmes pour l’assassin », Bava introduira un des éléments emblématiques du genre : le meurtrier masqué, tenant une arme brillante dans sa main gantée de noir. Caractérisé par de grandes scènes de meurtres sanglants, un jeu de caméra très stylisé et une musique inhabituelle (Ennio Morricone signant un grand nombre de compositions dédiées dans les années 1970, dont celle de « L’Oiseau au plumage de cristal », film de Dario Argento), le giallo combinera dès lors le whodunit au slasher : rappelons que ce sous-genre horrifique met systématiquement en scène les meurtres d’un tueur psychopathe, généralement masqué, qui élimine méthodiquement un groupe de jeunes individus, le plus souvent à l’arme blanche (voir « Psychose », les séries « Halloween », « Vendredi 13 », « Freddy » ou « Scream »). Le giallo passera également à la moulinette de la longue tradition italienne de l’opéra… et du grand guignol un rien absurde ou corrosif !
En couverture de son premier album, l’Angoumoisin Étienne Oburie (auteur travaillant à l’Atelier du Marquis aux côtés de Mazan, Isabelle Dethan, Antoine Ozanam, Jean-Luc Loyer ou Julien Maffre) a choisi de représenter tous les éléments phare du film d’horreur : atmosphère lugubre, corps monstrueux, sang, érotisme latent, noirceur, cadavre manipulé par une entité supérieure hypnotique et atteintes physiques extrêmes (l’énucléation de la femme victime), rien ne manque pour provoquer les sueurs froides du lecteur. Gardez vos yeux ouverts, on ne sait jamais !
Philippe TOMBLAINE
« La Mort aux yeux de cristal » par Étienne Oburie et Lancelot Hamelin
Éditions Glénat (20,50 €) – ISBN : 978-2-344-02352-5