Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Le Troisième Testament : Julius » T5 par Thimothée Montaigne et Alex Alice (avec la participation de Xavier Dorison)
Plus de vingt ans après la publication, en 1997, du premier album du premier cycle de la saga, Alex Alice, Xavier Dorison et Thimothée Montaigne proposent le cinquième et ultime chapitre de « Julius » : préquel flamboyant du « Troisième Testament ». Initiateurs de la vague ésotérique dans la bande dessinée, Alice et Dorison clôturent de fort belle manière leurs premiers pas dans la BD.
Le général Julius Publius-Vindex, condamné à l’esclavage après sa déchéance et rejoint par sa fille Livia, croise la route de Sayn, nommé Sar Ha Sarim par les élus. Considéré comme le Messie par les rebelles juifs, l’homme recherche le rouleau scellé où est écrit le Troisième Testament de la légende, ultime parole de Dieu qui ouvrira les portes du Royaume des Cieux. Au terme d’une longue errance, l’élu de Dieu, qui a épousé Livia, abandonne Julius et se laisse capturer par les religieux. Echappant à la crucifixion, il devient le chef des hommes-corbeaux, guerriers immortels et cruels réfugiés dans les vestiges d’une cité maudite, prêts à le suivre dans sa soif de vengeance. Julius, le Romain converti, recherche inlassablement le rouleau, persuadé que lui seul permettra d’éviter la destruction de Jérusalem, assiégée par les romains du consul Orbus…
À l’origine conçue avec le concours de Xavier Dorison, « Julius » se révèle l’œuvre d’Alex Alice qui signe avec éclat scénario et storyboard de cet ultime épisode. Un préquel en cinq volumes qui relate les origines du manuscrit découvert douze siècles plus tard, en l’an de grâce 1287 en Allemagne, par le comte de Marbourg et dont l’histoire est contée dans le premier cycle. Un scénario ambitieux aux multiples rebondissements mêlant ésotérisme, péplum, quête initiatique et grande aventure.
Après un premier album superbement dessiné par Robin Recht, qui cale sur la réalisation du deuxième, il est remplacé par Thimothée Montaigne (« Le Cinquième Évangile », « Malicorne »). Si les premières planches sont encore un peu hésitantes, très vite le trait se libère, un grand dessinateur nous est alors révélé. Le graphisme s’affirme, les séquences épiques deviennent de plus en plus audacieuses, sans oublier les couleurs chaudes de François Lapierre. Ce dernier album est un véritable feu d’artifice : le combat final de la prise de Jérusalem est spectaculaire, digne d’un artiste au dessin puissant et inspiré. Cohérents, les deux cycles du « Troisième Testament » aujourd’hui complets, tiennent toutes les promesses de la saga ambitieuse initiée voici vingt ans, sous l’impulsion de Jean-Claude Camano, alors directeur de collection chez Glénat. Une belle aventure éditoriale.
Henri FILIPPINI
« Le Troisième Testament : Julius » T5 par Thimothée Montaigne, Alex Alice et Xavier Dorison
Éditions Glénat (18,50 €) – ISBN : 9782344012277