Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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Depuis le n° 485 de Fluide glacial (daté du 5 octobre 2016), les lecteurs du célèbre mensuel de bande dessinée humoristique peuvent découvrir un nouvel auteur vraiment décapant venu de Turquie : Ersin Karabulut, l’un des dessinateurs vedettes de la revue Uykusuz (insomniaque en turc). Quinze de ses fables cruelles, dans la tradition des récits noirs et satiriques d’un Edgar Allan Poe ou des comic books d’horreur à la EC comics vont être compilées, aux éditions Audie-Fluide glacial, dans un très bel album qui sera disponible dès le 21 février : « Contes ordinaires d’une société résignée ». Ne le ratez pas !
Né à Istanbul le 3 juin 1981, Ersin Karabulut a publié sa première illustration dans le magazine Pişmiş Kelle, à l’âge de 16 ans.
Diplômé du département graphique de la Faulty of Fine Art à l’Université de Mimar, il multiplie les travaux pour des revues comme Lombak ou Penguin.
C’est en 2007, qu’il crée le magazine de BD indépendant Uykusuz, avec ses amis avec Yiğit Özgür et Memo Tembelçizer.
Ce virtuose dessinateur turc a repris ici, en les retravaillant, les coloriant (en prenant le parti pris d’un gris omniprésent), et même pour certaines les redessinant entièrement, une suite d’histoires fantastiques, bien loin d’être ordinaires (l’inquiétude, le malaise et l’angoisse étant présents à chaque case), qui avaient déjà été publiées dans son pays, dans les périodiques précités.
Il les a fait traduire et adapter par l’efficace Didier Pasamonik, grand connaisseur et défenseur de la bande dessinée turque, puis en a réalisé quelques autres, dans le même esprit glaçant, spécialement pour Fluide… glacial.
Si la plupart des métaphores ou allégories utilisées ne sont pas toujours évidentes pour notre cartésien esprit occidental, on comprend pourtant très vite que toutes les situations sont caricaturées à l’extrême.
Ainsi, l’auteur peut-il facilement développer ses idées aux accents autobiographiques jusqu’à l’absurde, afin de mieux nous exposer le quotidien des jeunes Turcs de sa génération et rendre son propos plus universel.
Par ailleurs, Ersin Karabulut en impose aussi graphiquement !
S’il revendique l’influence de Mœbius, de Bilal, de Gotlib ou de Crumb, nous y voyons aussi, quant à nous, celle d’auteurs comme Miguelanxo Prado ou Philippe Foerster, un dessinateur publié lui aussi dans Fluide glacial : ce qui serait une juste filiation…
Gilles RATIER
« Contes ordinaires d’une société résignée » par Ersin Karabulut
Éditions Audie-Fluide glacial (16,90 €) – ISBN : 9782352079125
Je ne connais pas l’histoire de la Bande Dessinée turque et je suis plus que agréablement surpris par la qualité du dessin.
Quand je vois certains autres pays, avec (peut-être) une histoire de la B.D. plus soutenue, cet auteur est remarquable au sens littéral du terme.