Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Malenfer T1 : La Forêt des ténèbres » par Samuel Ménétrier, le studio Makma et Cassandra O’Donnell
« Malenfer » est une excellente série de quatre romans jeunesse. Elle est adaptée dans une bande dessinée éponyme, d’aventures à l’univers fantasy affirmé. De quoi réjouir les très jeunes amateurs du genre qui retrouvent dans cet album : hommes, nains ou elfes en lutte contre des créatures fantastiques maléfiques et, surtout, contre une forêt ténébreuse et envahissante : la justement redoutée Malenfer.
En des temps médiévaux reculés, le monde a été séparé en deux parties : d’un côté, les terres magiques peuplées de créatures fantastiques ; de l’autre, celles de la civilisation humaine, faites de champs cultivés, de villes, de routes, peuplées de marchands et d’artisans. Malgré cette séparation volontaire, certaines créatures magiques ont pourtant choisi de rester sur les lieux où elles résidaient et, donc, de vivre parmi les hommes. Après quelques siècles de paix relative, les hommes ont pris peur. Ils ont commencé à traquer, emprisonner et tuer ces êtres trop dissemblables à leur monde déjà cartésien.
Dans le monde magique, ces attaques injustes et injustifiées indignent les membres du grand conseil des créatures surnaturelles. Après un débat tumultueux, le conseil décide de ne pas entrer en guerre avec les humains. Par contre, tout homme qui se risquerait à pénétrer dans les terres magiques subirait un traitement atroce. La sombre forêt de Malenfer, aux arbres agressifs, marque la frontière entre les deux mondes.
Mille ans plus tard, dans notre monde contemporain, Gabriel et sa sœur Zoé sont deux jeunes adolescents sans problème ou presque. Presque, car ils vivent seuls dans le pavillon familial depuis le départ de leurs parents. Départ qui s’explique par l’avancée régulière de la forêt de Malenfer qui n’est plus qu’à quelques décamètres de leur logis. Leurs parents sont partis chercher de l’aide sans se douter que le danger qui cerne leurs enfants est protéiforme.
- Malenfer T 1 page 9
En effet, dans le collège de Zoé et Gabriel qui borde un lac, plusieurs élèves ont disparu. Zoé dispose d’un don : elle peut avoir des visions et des rêves prémonitoires.
Elle sent la présence d’un monstre au fond du lac. L’équipe éducative, au lieu de s’effrayer de ce pouvoir surnaturel l’utilise pour se battre contre la créature des profondeurs.
Le monde magique tient-il sa revanche ? Peut-être pas si on considère que tous les professeurs du collège sont des êtres surnaturels qui protègent incognito le monde humain : le directeur est un loup-garou, l’infirmière une sorcière,l’institutrice un troll, le professeur un walligow, la surveillante une elfe et le gardien, un nain des montagnes.
Quant à Gabriel, il semble que ses pouvoirs de magicien ne demandent que peu de temps pour s’étaler au grand jour. Ils pourront, ensemble, lutter contre l’inexorable progression de la forêt de Malenfer.
De 2014 à 2017, Cassandra O’Donnell a publié les quatre volumes de la saga « Malenfer ». Succès critique et public pour cette œuvre fantasy à destination des 10 -13 ans, vendue à plus de 70 000 exemplaires. C’est Cassandra O’Donnell, nom de plume anglicisé d’une auteure bien française, qui a scénarisé elle-même l’adaptation en bande dessinée de son roman. Le travail est bien fait, il va à l’essentiel ; pas de temps morts, une action resserrée autour des personnages principaux après un incipit de seulement 3 pages pour planter le décor. Les deux héros, Zoé et Gabriel, sont bien caractérisés. On s’attache à leur vie de collégien faite de petits bonheurs, de grande complicité et de grosses contrariétés avant qu’ils ne basculent dans un univers purement fantastique.
- Planche 13 – des profs surprenants
Cette adaptation resserrée mais fidèle au roman est mise en image par les Bordelais du studio Makma : Samuel Ménétrier au dessin, Fred Vigneau aux couleurs, assisté d’Antoine Kompf, Jean-Baptiste Merle et Bryan Wettstein. Leur dessin épuré, tout en rondeur, facilite la lecture de l’album par de jeunes lecteurs dès 8 – 9 ans. Pas de monstres effrayants mais un style fluide, parfois naïf sauf pour les scènes d’action bien construites et d’une grande vivacité.
- Zoé la sorcière !
Le premier volume de la série constitue une bonne entrée dans un univers fantasy riche et attrayant pour de jeunes lecteurs, de la fin du primaire aux premières années du collège. Nous leur conseillons donc la lecture de ce beau récit d’initiation qui alterne passage tendre et rebondissements inquiétants avec un graphisme simple et plaisant.
- Malenfer T 1: les personnages
Laurent LESSOUS (l@bd)
« Malenfer T1 : La Forêt des ténèbres » par Samuel Ménétrier et le studio Makma et Cassandra O’Donnell
Éditions Flammarion (11,50 €) – ISBN : 978-2-0813-9663-0