Pour de nombreux lecteurs français, Paolo Eleuteri Serpieri est le créateur de la pulpeuse Druuna : l’une des plus célèbres « filles de papier » de la bande dessinée pour adultes. Bien avant, pour les lecteurs transalpins, Serpieri était déjà un immense dessinateur, spécialisé dans l’histoire de l’Ouestaméricain. Si une bonne partie d’entre eux avaient notamment été déjà traduits en langue française aux éditions Mosquito,pratiquement tous ces récits sont aujourd’hui réunis dans deux beaux et gros albums édités en France par Glénat, en collaboration avec la structure italienne Lo Scarabeo.
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La bande dessinée pour adultes regagne régulièrement du terrain, après une longue période de vaches maigres. L’année commence bien, avec une nouvelle livraison de l’excellente revue coquine Blandice et la parution du second chapitre d’« Inguinis » de Katia Even et Nicolas Guénet.
Blandice, la revue des BD sans dessus ni dessous, propose un numéro 5 aussi varié et coquin que les précédents. La préhistoire sert de fil rouge à ce trimestriel, qui mêle articles et prépublications d’histoires à suivre, futurs albums des éditions Tabou. Suite des aventures d’Aïlina, la pulpeuse héroïne du « Peuple des brumes », la série féerique et sensuelle de Katia Even et Styloïde. Après « Cendrillon» et « Blanche Neige », Trif et Celestini s’attaquent à « La Belle et la Bête », version gentiment coquine des contes de notre enfance. De son côté, après avoir signé cinq albums torrides de « Mara », l’italien Cosimo Ferri adapte « Achille » ; un conte mythologique qui ne manque pas de jolies filles.
Emmanuel Murzeau (après le très beau triptyque des « Aphrodites », d’après Andréa de Nerciat) s’attaque avec originalité à un autre classique de la littérature érotique : « L’Académie des Dames « de Nicolas Chorier. Enfin, Renato Camilo et Al Rio présentent quelques pages sans parole de « Jungle fantasy », riches en « tarzanes » dénudées. Outre quelques pages d’un dossier très sérieux consacré à l’art préhistorique, le rédactionnel propose des entretiens avec Didier Cassegrain, Brice Cossu et Olivier Bocquet (« Frnck »), Kmixe (« Lady Rex ») et Emmanuel Roudier, sans oublier un intéressant tutoriel avec Jean-Marie Minguez (100 pages en couleurs, 6,50 €, en kiosque ou par téléchargement : www.blandice.fr).
Ceux qui ont apprécié le premier volume d’ « Inguinis » seront enchantés de retrouver les protagonistes de ce péplum au coeur de la Rome antique, imaginé par Katia Even et aux images sculpturales signées Nicolas Guénet (« Dédale », « Yu »). Artémis, jeune sculptrice d’origine grecque est la dernière de sa corporation à survivre après une série d’assassinats, dont celui de son père le célèbre sculpteur Nicomède. Tout en travaillant sur un nu commandé par Agrippa et destiné au Panthéon, elle enquête au péril de sa vie, bien décidée de confondre les assassins de son père. Le scénario aux multiples rebondissements est bien ficelé, conçu sur mesure pour permettre au dessinateur de proposer des séquences audacieuses en cinémascope, où les corps dénudés se mêlent. Audacieux, superbement mis en images, un régal pour lecteurs avertis (éditions Tabou, 48 pages en couleurs, 15 €, ISBN : 978 2 35954 131 1, www.tabou-editions.com).
Henri FILIPPINI