Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Jonas Fink T2 : Le Libraire de Prague » par Vittorio Giardino
On y croyait plus, et pourtant ! 24 ans après la sortie du premier tome (« L’Enfance ») et 21 ans après celle du deuxième (« L’Apprentissage »), voici enfin la suite et la fin de l’histoire de Jonas Fink, à travers les soubresauts de l’histoire du monde communiste. Et comme ce fut déjà le cas lors des deux précédents opus — que Casterman réédite en un seul volume de 140 pages de bandes dessinées intitulé « Ennemis du peuple » —, la qualité du propos, l’efficacité de la narration et l’élégance du traitement graphique très Ligne claire laissent béat d’admiration.
Et ce n’est pas moins de 161 pages que l’Italien Vittorio Giardino (dessinateur perfectionniste né à Bologne en 1946) nous assène d’un coup, dans ce format entre comics et roman graphique que semblent désormais affectionner les éditions Casterman, puisqu’ils y ont aussi proposé récemment le « Transperceneige : Terminus » de Jean-Marc Rochette et Olivier Bocquet et le premier tome du très réussi « Bug » d’Enki Bilal.
Après son enfance brisée par l’implacable mécanique totalitaire de la Prague stalinienne des années cinquante et son adolescence en tant qu’apprenti maçon sur un chantier, puis comme commis à la librairie Pinkel tenue par un ancien ami de son père qualifié d’« ennemi du peuple » et condamné à dix ans de prison pour activités antisocialistes, nous retrouvons, un peu plus de dix ans après, Jonas et ses amis du groupe Odradek (association pour la survie mentale qu’il avait rejointe au lycée Smetana) ; dont Tatjana, la jeune Russe dont il était tombé amoureux et qui est devenue, entre-temps, journaliste à L’Izvestia.
Jonas voit en effet ressurgir son amour de jeunesse au moment où les chars russes entrent dans la capitale tchèque pour mettre fin à cet ensemble de réformes de libéralisation, au nom d’un « socialisme à visage humain », qu’on a appelé le Printemps de Prague. Nous allons ainsi l’accompagner jusqu’en 1990, au lendemain de la destruction de l’impénétrable mur de Berlin, le temps d’un plaisir de lecture incommensurable…
Gilles RATIER
 « Jonas Fink T2 : Le Libraire de Prague » par Vittorio Giardino
Bon sang, mais pourquoi publier cet album dans ce format étriqué ? Les planches ont été dessinées dans le même format que celles des albums précédents avec en général trois bandes par page. Le format adopté est totalement inadapté et ne rend pas du tout justice au dessin de Giardino.
Ce petit format est-il une tentative pour donner à ce livre un cachet plus sérieux ? Un format plus proche de celui utilisé pour les romans de la « grande » littérature ? Quel gâchis !
La raison ne serait-elle pas plus pragmatique ? Le cm2 de papier a un coût et 161 pages grand format passerait inévitablement le prix de l’ouvrage à 30 euros, voire un peu plus. C’est probablement une simple stratégie commerciale.
Mais je comprends votre agacement, il m’arrive souvent de pester de la sorte !
C’est d’autant plus déplaisant que Casterman a mis un terme de manière subreptice à sa belle collection haute densité en format comics. Alors pourquoi revenir au format comics pour leurs grands auteurs (Ferrandez, Giardino): quel manque de considération envers les clients ! On se retrouve avec 2 livres format album et un livre format comics dans le cas de Giardino!
Sinon, ce livre est un petit chef-d Å“uvre ( on dirait du Imre Kertesz, Ã la fin du livre). Que les Marazano, Dorison et consorts en prennent de la graine.
Ce choix est assez bizarre, je pense qu’il s’agit de ressembler aux romans graphiques à la mode…
En effet, avoir adopté ce format est tout simplement honteux.
J’y vois plutôt un choix marketing pour ne pas proposer un album grand format à 30 euros, en effet. Du fait de la trop longue absence de publication, beaucoup de lecteurs ignorent tout de ce chef-d’Å“uvre. Il s’agit donc de conquérir un nouveau lectorat. Et de reconquérir l’ancien qui n’y croyait plus en minimisant les risques en terme de coûts.
Mais ce choix éditorial est décidément très contestable.
Il le sera encore plus si, d’aventure dans un an ou deux, Casterman décide de publier une intégrale grand format à 50 € (au hasard pour Noël). Là , je crois qu’on pourra légitimement crier au scandale.
Tout à fait d’accord avec tout ce qui à été dit. Comment tuer une serie, bravo Casterman, je lirais la bd à la mediatheque de ma ville.
eheheh (sourire amusé), Captain K. votre boule de cristal est sans doute bien inspirée.
Mais pourquoi ne pas demander directement à Benoit Mouchart? C’est lui le responsable de ces choix.Il ira sans doute faire beau avec la fille Gallimard à Angou, donc autant lui demander au stand Casterman..