Saviez-vous qu’en 1916, à Unicoi (comté de l’État du Tennessee, aux États-Unis), une éléphante prénommée Mary a été condamnée à mort et pendue à une grue pour avoir écrasé la tête du dresseur qui la battait ? Eh oui, en Amérique, à cette époque-là, on ne rigolait pas avec la loi, même en ce qui concernait les animaux à qui ont accordait, suivant la croyance populaire, une conscience morale. La plupart d’entre eux devant alors être exécutés, il y aurait eu, d’après l’excellent narrateur et dessinateur David Ratte (1), des bourreaux assermentés qui devaient parcourir tout le pays pour appliquer la sentence suprême à ces bestioles assassines, à la suite de décisions issues des procédures fédérales. C’était d’ailleurs le métier du jeune Jack Gilet : un type un peu paumé qui aimait tellement les animaux qu’il ne voulait pas qu’on les abatte comme des bêtes…
Lire la suite...« La Terre des fils » de Gipi, édité chez Futuropolis, Grand Prix de la Critique ACBD 2018 !
Dans « La Terre des fils », le monde tel que nous le connaissons n’existe plus. La planète semble avoir été balayée par les éléments ou la folie des hommes, dont un petit nombre seulement subsiste. Dans un environnement hostile, un père élève ses deux fils à sa manière. Par une pédagogie dure, sans une once de tendresse, il transmet ce qu’il croit essentiel : la faculté de survivre, quitte à écraser les autres. Quand leur géniteur meurt, les enfants se mettent en route avec pour trésor le carnet qu’il rédigeait. Mais qu’ils ne savent pas déchiffrer…
Né à Pise en 1963, Gian Alfonso Pacinotti, dit Gipi, livre ici une œuvre forte et âpre. Un album nimbé de noirceur et de mystère, porté par un style sobre, délié et expressif, gorgé de hachures. Un récit post-apocalyptique féroce et sec, mais aussi porteur d’espoir, qui questionne la notion de transmission, l’usage et la puissance du langage.
L’auteur italien de 53 ans a notamment signé « Le Local » (chez Gallimard), « Notes pour une histoire de guerre » (chez Actes sud BD), « S. » (chez Coconino Press/Vertige Graphic), « Ma vie mal dessinée » et « Vois comme ton ombre s’allonge » (tous deux chez Futuropolis).
Le Grand Prix de la Critique ACBD a pour ambition de « soutenir et mettre en valeur, dans un esprit de découverte, un livre de bande dessinée, publié en langue française, à forte exigence narrative et graphique, marquant par sa puissance, son originalité, la nouveauté de son propos ou des moyens que l’auteur y déploie. »
L’ACBD compte 95 journalistes et critiques qui parlent régulièrement de bande dessinée dans la presse régionale et nationale écrite, audiovisuelle et numérique. Le Grand Prix de la Critique ACBD 2018 a été choisi parmi les 4 032 nouveaux titres publiés dans l’espace francophone européen (France, Belgique, Suisse) entre novembre 2016 et fin octobre 2017.
Le bureau de l’ACBD : Fabrice PIAULT (Livres Hebdo), Antoine GUILLOT (France Culture), Laurence LE SAUX (Télérama, bodoi.info), Laurent TURPIN (BDzoom.com), Anne DOUHAIRE (franceinter.fr) Patrick GAUMER (« Dictionnaire mondial de la BD “Larousse” »)