Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Katanga T2 : Diplomatie » par Sylvain Vallée et Fabien Nury
Des personnages fascinants, une intrigue haletante servie par un scénario au cordeau, oscillant entre histoire et géopolitique, des images somptueuses d’un dessinateur au meilleur de son art : voilà un album qui respire le travail bien fait, par des auteurs qui ne comptent pas leur temps !
En 1960, après avoir connu pendant quatre-vingt ans la domination du colonisateur belge, le Congo proclame son indépendance, avec à sa tête le diable communiste Patrice Lumumba. La riche province minière du Katanga, dirigée par le président Moïse Tschombé et qui a fait sécession, résiste. Alors que l’ONU envoie ses casques bleus et que le pays est à feu et à sang, des mercenaires venus d’Europe défendent les riches propriétaires miniers. Dans la tourmente, Charlie, un ancien domestique noir, parvient à s’emparer de 30 millions de dollars en diamants qu’il dissimule dans la jungle.
Forthys, un affairiste corrompu, charge Armand Orsini de récupérer les diamants. Membre du SDECE, Orsini a été envoyé au Congo avec le poste de détaché permanent du ministère de l’intérieur. Improvisant le voyage d’un ministre dans la province du Kasaï, Orsini ordonne à Félix Cantor, le mercenaire français qui assure la sécurité de l’expédition, de récupérer les diamants avec le concours de Charly. Alors que, dans la jungle, la mission se transforme en bain de sang, Orsini et sa troublante maîtresse Alicia, jouent leur destin entre Forthys, le seul qui puisse payer cash les diamants, et le redoutable ministre Munongo de qui dépend leur survie…
Le deuxième chapitre de cette passionnante trilogie nous entraîne, sans concession, au coeur d’une page sombre de l’histoire de l’Afrique noire. À la fois thriller politique efficace et envoûtante page d’histoire, « Katanga » met en scène des personnages tour à tour répugnants, implacables, sans scrupule, fascinants mais toujours d’une grande crédibilité. Le scénario de Fabien Nury, solide et documenté, donne une image peu reluisante de la politique pratiquée en Afrique par ceux qui la servent à coups de beaux principes et de déclarations humanistes.
Au dessin, Sylvain Vallée, de son trait réaliste et puissant, est aussi à l’aise pour évoquer les combats sanglants que les splendeurs des demeures coloniales. Son dessin fluide et riche est mis en couleurs par Jean Bastide, dont la palette est grande, de « Sambre » à « Boule et Bill ». Après l’inoubliable « Il était une fois en France », le duo Nury/Vallée persiste et signe en nous proposant cette petite merveille, dont la parution du dernier volet est annoncée pour l’automne prochain.
Henri FILIPPINI
« Katanga T2 : Diplomatie » par Sylvain Vallée et Fabien Nury
Éditions Dargaud (16,95 €) – ISBN : 9782205 076875
y’a pas à tortiller : ces planches donnent vraiment envie. Après l’excellentissime « Il était une fois en France », je pense que je vais replonger
Oui, c’est excellent!!
On a l’impression que c’est gentils Africains idéalistes (et beaux, hein) contre méchants, cyniques et laids européens. Je passe.