Dix ans après la parution de « Résurrection », la première partie d’un diptyque accouché dans la douleur, voici enfin « Révélations » : conclusion du dernier récit du regretté Philippe Tome, décédé alors qu’il travaillait sur les dernières pages de son scénario. Les éditions Dupuis proposent, enfin, l’intégralité de cette aventure magistralement dessinée par Dan Verlinden, digne successeur de ses deux prédécesseurs : Luc Warnant et Bruno Gazzotti.
Lire la suite...« Real Account » T1 et « Friends Games » T1
Il y a pléthore de mangas sur le thème de la survie au sein d’un jeu sadique ; mais en cette fin 2016, deux titres sortent du lot en cherchant à sonder le concept de l’amitié. Connaît-on réellement ses amis, sont-ils loyaux, comment réagir lorsqu’une personne que vous pensiez votre ami vous trompe ? Ou, tout simplement, est-ce que les amis sur Internet sont réellement vos amis ? Et vous, que feriez-vous dans une situation extrême où votre vie et celle de vos amis sont en jeu ?
Avec « Real Account », Okusho et Shizumu Watanabe font une critique des réseaux sociaux qui envahissent notre quotidien. Real Account, c’est un réseau qui englobe tous les autres réseaux. Comme tout site dit social, le nombre d’amis y est extrêmement important. Il y a ceux qui ont juste la famille, ceux qui ont 200 ou 300 amis, ceux qui se vantent d’en avoir 600 et ceux qui explosent le compteur. Ataru Kashiwagi fait partie de ces dernières personnes avec 1 540 personnes enregistrées sur son profil. Sauf que des amis, dans la vraie vie, il n’en a pas. Il s’est forgé une vie virtuelle où il ment sur tout, surtout sur sa vie amoureuse. Il enchaîne mensonge sur mensonge pour plaire à ses followers.
Tout ça va changer lorsqu’il va se retrouver otage virtuel de Real Account. Son corps est bien resté dans le monde réel, mais celui-ci semble s’être démultiplié dans un lieu étrange, comme dix mille autres personnes autour de lui. À moins que ce ne soit que son esprit qui doive maintenant participer à une série de jeux sordides pour ne pas réellement mourir. Il est coincé et sa vie ne tient réellement qu’à un fil. Première épreuve : savoir garder ses amis, car si le joueur perd dans le jeu, touts ses followers meurent réellement avec lui. Donc, les amis, dans la vraie vie, qui suivent en direct cette plaisanterie comme on suivrait une télé-réalité, pris de panique, se désabonnent des comptes de soi-disant amis. Et si le joueur n’a plus d’amis, alors il meurt instantanément. Bref, pour cette première épreuve, c’est l’hécatombe. Les jeux suivants sont du même acabit ; mais le héros, assez futé malgré son côté réservé, s’en sort assez bien. Va-t-il finir par se faire de véritables amis ?
« Friends Games » de Mikoto Yamaguchi et Yuki Sato prend le parti de faire jouer un groupe de cinq vrais amis se connaissant déjà dans la vie réelel. Alors qu’ils devaient entreprendre un voyage scolaire, la cagnotte récoltée, soit 2 000 000 yens a été dérobée. Shiro Sawaragi, la vice-déléguée de classe qui en avait la responsabilité se sent très mal et il devient évident, à ses yeux, que le coupable se trouve dans la classe. Un soir, les cinq amis sont conviés à un étrange rendez-vous devant l’école. C’était un piège et ils sont kidnappés et obligés de participer à un jeu de l’amitié où leur confiance, les uns envers les autres, va être mise à rude épreuve. Ici, les règles sont assez simples : chaque participant a une dette de 4 millions de yens et il va falloir la faire baisser pour espérer s’en sortir. Mais, attention, elle peut également augmenter si le joueur ne suit pas scrupuleusement les règles édictées.
Le scénariste, Mikoto Yamaguchi, est un habitué du genre : on lui doit déjà « Dead Tube » et « Scumbag Looser ». Ici, il mélange le concept de l’entraide entre véritables amis et une dette d’argent bien réelle. Et comme tout le monde le sait, l’agent et l’amitié ne font pas bon ménage. Surtout que dans les cinq, il y a forcément un traître : mais qui ? Tout le monde doute, tout le monde joue contre les autres, mais aimerait bien que cela ne se sache pas pour ne pas briser ce lien invisible qui les rassemblaient si fortement avant.
Dans ces deux mangas, c’est la qualité du scénario qui prime. Il faut que l’histoire accroche le lecteur, même si l’introduction est farfelue. Puis, la tension doit aller crescendo. Il ne faut pas éliminer les participants principaux trop tôt et ne surtout pas abattre ses cartes sous peine de décourager le lecteur. Ensuite, il faut un graphisme sérieux qui mette en valeur les protagonistes et sache rendre l’horreur des situations extrêmes. Tous ces points sont là. Un bon début pour ces séries ; à voir dans la durée si la pression ne retombe pas et si la conclusion est à la hauteur des promesses.
Sinon, on ne va pas rester amis.
Gwenaël JACQUET
« Real Account » T1 par Okusho et Shizumu Watanabe
Éditions Kurokawa (6,80 €) – ISBN : 9782368522936
« Friends Games » T1 par Mikoto Yamaguchi et Yuki Sato
Éditions Soleil Manga (7,99 €) – ISBN : 9782302056060