Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...À 75 ans, Sylvain et Sylvette font leur cinéma !
Créées en 1941 par Maurice Cuvillier, il y a tout juste 75 ans, les aventures de Sylvain et Sylvette se poursuivent aujourd’hui encore, sous le crayon de Jean-Louis Pesch ou de Bérik. L’album des 75 ans qui sera en librairies le 2 septembre, et qui est dû à Pesch, se devait d’être exceptionnel : c’est le cas. Au cours de ce grand récit de 84 pages, Sylvain et Sylvette se font discrets, cédant la place de héros aux Compères et à leurs amis animaux, vedettes d’une adaptation du « Roman de Renart » par leur ami le cinéaste. Une excellente occasion de (re)découvrir cette série qui a enchanté plusieurs générations de lecteurs.
C’est en effet le 31 août 1941 dans une obscure revue publiée en zone libre à Lyon, Cœurs vaillants-Âmes vaillantes sous-titrée Édition rurale, que ce frère et cette sœur ont effectué leurs premiers pas dans une profonde forêt où ils souhaitaient cueillir des champignons, afin de faire une surprise à leur maman.
Égarés, ils y resteront, aménageront une vieille chaumière et seront bien vite entourés d’animaux sympathiques qui, au fil des épisodes, viendront les rejoindre : l’oiseau Cui-Cui, Raton le rat blanc, Barbichette la chèvre, Moustachu le chat, Coin-Coin le canard, Mignonnet l’agneau, Gris-Gris l’âne, Sidonie l’oie… Tout ce petit monde vivrait harmonieusement sans la présence des quatre Compères qui abandonnent régulièrement la caverne qui leur sert de refuge pour s’attaquer aux provisions des enfants, mais aussi à leurs petits compagnons. C’est sur cette trame simple et universelle, le bien contre le mal, que Maurice Cuvillier a animé les aventures de ces deux enfants vêtus comme des petits paysans du début du XXe siècle. À son décès, le 28 décembre 1957, Claude Dubois et Jean-Louis Pesch poursuivent la série dans l’hebdomadaire Fripounet et Marisette, puis à partir de 1959, le premier anime les épisodes publiés par le journal, tandis que le second assure la parution régulière des albums de la collection Fleurette (211 albums publiés).Si Bérik (alias Frédéric Bergèse, fils de Francis Bergèse) signe des albums de la collection Séribis depuis 2003, Jean-Louis Pesch (88 ans en juin dernier) continue à proposer des albums inédits dans cette collection créée en 1973 aux éditions Fleurus, reprise au Lombard, puis par Dargaud. Fidèle au trait classique de Cuvillier, Pesch nourrit régulièrement la série depuis 60 ans, créant de nouveaux personnages, sans pour autant dévier de la ligne narrative et graphique initiée par le créateur.Dans l’album des 75 ans de « Sylvain et Sylvette », Jean-Louis Pesch prend un réel plaisir à mettre en images ce récit dont les albums illustrés par Samivel et Benjamin Rabier avaient enchanté son enfance. Sous les feux des projecteurs installés au cÅ“ur du château de Castel Bobêche, Ysangrin, Renart, dame Hermeline, Tybert, Tiercelin, Dame Pinte, Brun l’Ours… revivent les meilleurs passages de la fameuse épopée animalière écrite aux XIIe et XIIIe siècles. On peut compter sur les Compères pour rendre le tournage épique, truculent et riche en surprises.
Henri FILIPPINI
« Sylvain et Sylvette T62 : Renard fait son cinéma » par Jean-Louis Pesch
Éditions Dargaud (14,99 € euros) – ISBN : 978-2205075229