« Letter 44 T3 : Matière négative » par A. J. Albuquerque et Charles Soule

Lorsqu’une nouvelle série propose une histoire intelligente et possédant un fort potentiel narratif dès le départ, s’enrichissant indéniablement pendant les premiers épisodes, il arrive assez vite un moment où l’on craint que les choses s’essoufflent et que l’auteur finisse par ne pas être à la hauteur de son sujet sur la longueur. Après deux tomes fort intéressants et assez complémentaires, ce moment critique est susceptible de s’installer, les fans de cette belle série pouvant se demander comment Soule va réussir à développer maintenant son gros postulat de base. Eh bien… avouons que ce troisième tome ne démérite pas par rapport aux précédents, et que « Letter 44 » confirme son statut de très bonne série de SF politique, aussi divertissante qu’encline à la réflexion éthique.

Si vous voulez en savoir un peu plus sur les premiers épisodes de cette série, vous pouvez cliquer sur les liens suivants afin de lire mes chroniques précédentes (T1 : http://bdzoom.com/?p=88989 et T2 : http://bdzoom.com/?p=93912). Ceci étant posé, et cela épousant la même temporalité dont je parlais en introduction, sachez que je serai assez succinct pour vous parler de ce nouveau tome de « Letter 44 ». Non pas qu’il n’y ait rien à en dire (sinon je ne signalerais pas cette sortie ici même), mais bien parce que – justement – il faut savoir être dans la nuance à certains moments de l’évolution d’une Å“uvre afin de lui laisser le temps de s’établir en évitant de « paraphraser l’œuvre » pour en parler. Des surprises ? Il y en a. De l’action ? Il y en a aussi. De la réflexion ? Itou, heureusement ! En fait, on ne peut pas dire grand-chose de ce nouveau tome sans avoir peur de trop en dévoiler ou d’amoindrir le sel de ce qui s’y passe, car l’auteur avance ses pions dans une évolution narrative directe tout autant que globale, insérant des événements à la fois inattendus et cohérents. Vous l’aurez compris, mieux vaut en dire le moins possible pour laisser à cette série l’opportunité de se dévoiler par elle-même…

Le minimum à savoir, le voici : le Président des États-Unis a enfin annoncé à l’humanité qu’une présence extraterrestre était présente à portée de cosmos, ce qui a eu comme conséquence le déclenchement d’une troisième guerre mondiale… De leur côté, l’équipage du Clarke – parti en mission depuis des années pour en savoir plus sur cette menace potentielle – s’est récemment retrouvé prisonnier desdits extra-terrestres, tentant de rétablir le contact avec la Terre. Dans une narration parallèle, nous suivons l’évolution de la situation sur Terre comme dans l’espace, en apprenant plus sur les origines de la gestion du phénomène mais aussi sur ce qui est en train de changer la face de l’humanité via les divers faits abordés. Politique et space opera continuent de se compléter avec talent dans ce récit nous faisant constamment osciller entre constat amer de la systématique humaine assassine et l’appel de l’aventure en guise d’ouverture humaniste… Bref, on n’est pas déçus par la tournure que prend cette série au fur et à mesure des épisodes, ouvrant un peu plus le concept de base tout en ne perdant pas de vue son propos le plus fondamental… Une belle réussite à ce stade, donc, avec en plus un Albuquerque qui s’est bien repris après quelques épisodes au style plus « lâché » : ici, l’assise du trait et le graphisme ont retrouvé leur énergie. À suivre, donc !

Cecil McKINLEY

« Letter 44 T3 : Matière négative » par A. J. Albuquerque et Charles Soule

Éditions Glénat Comics (16,95€) – ISBN : 978-2-344-01476-9

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