Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Hop ! , toujours nostalgique…
C’est toujours avec le même plaisir que nous découvrons le nouveau numéro de Hop ! : magazine mis en musique depuis 1973 par l’inlassable Louis Cance. Au sommaire, des dossiers aussi exhaustifs que passionnants sur Christian Mathelot, Frank Robbins, « Scorchy Smith », Dimitri, Marijac…
L’ancien dessinateur de « Pif » (Louis Cance) aime Christian Mathelot, ça tombe bien, nous aussi : voir Pour ne pas oublier Christian Mathelot.
Né en 1923, décédé en 2013, Christian Mathelot se lance dans la bande dessinée en 1941 pendant l’Occupation, tout simplement parce qu’il possède des dons pour le dessin. C’est en 1948, après avoir travaillé pour les éditeurs de récits complets, qu’il croise la route de Marijac : son scénariste et éditeur exclusif pendant dix ans. Il publie dans Coq hardi (adaptation du « Grand Cirque » de Pierre Closterman, « Colonel X », « Alerte à la terre »…), Mireille (« L’Orpheline du cirque », « La Fin du monde est pour demain », « Liliane hôtesse de l’air »…), Frimousse…
Dessinateur réaliste méticuleux et fignoleur, il ne parvient pas à gagner sa vie en ces temps difficiles pour les pionniers de la bande dessinée populaire française où la quantité l’emportait sur la qualité. Afin de faire mieux vivre sa famille, il abandonne la bande dessinée en 1959 pour devenir représentant pour les cosmétiques Cadoricin. La savonnette a gagné un VRP, la BD a perdu un grand dessinateur ! Si vous ne connaissez pas ce dessinateur formidable, dont l’œuvre n’est hélas pas rééditée, découvrez-le au fil de cette présentation de son œuvre, de la reprise d’un entretien et d’une bibliographie impressionnante pour une aussi courte période d’activité dans le monde de la BD.
Dans ce même numéro, deux articles sur les strips US signés Marc-André Dumonteil : la seconde partie de son étude consacrée à Frank Robbins (créateur du fabuleux « Johnny Hazard ») et la cinquième partie de l’article évoquant « Scorchy Smith » ; autre grande série d’aviation américaine dont Marc-André évoque plus particulièrement, dans cette livraison, la période 1939/1944.
Cinquième partie de « La BD… un merveilleux métier de chien », où Guy Mouminoux (alias Dimitri) revient en détail sur le monde de l’édition BD qu’il a fréquenté pendant cinq décennies. Savoureux, parfois hargneux et sans fioriture. Enfin, 25ème partie de la « Rétrospective Marijac » (tout sur cet immense éditeur autodidacte d’après-guerre) et 3ème chapitre consacré à son magazine Frimousse : plus particulièrement ses récits anglais soigneusement décortiqués par le spécialiste du genre, Gérard Thomassian.
Sans oublier les rubriques habituelles : « Scoop », « Actualité des collectionneurs », « Informations », « Remember » consacré aux auteurs disparus au cours du trimestre (Tony Luke, Franco Oneta, Paul Ryan, Jack Elrod, John Caldwell…)… et quelques planches de Guy Mouminoux (« Blason d’argent »), Pierre Tranchand (« Smith et Wesson »), Jo-Ël Azara (« Taka Takata ») et Marie Mad (« Une lumière dans la tour », un récit publié à l’origine dans Âmes vaillantes, en 1950).
Bref, 68 pages denses et indispensables.
Henri FILIPPINI
Hop ! n° 149 : 68 pages en noir et blanc (8 €)
Louis Cance : 56 Boulevard Lintilhac, 15 000 Aurillac
Marc-André Dumonteil : http : dumonteil.marc-andre.perso.sfr.fr/hop.htm, e-mail : marc-andre.limoge@la poste.net.