Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« El Guido del Crevardo – Mexique » par Camille Burger
Les guides de voyages sont souvent sérieux, savants et bien écrits. Avec Camille Burger, le propos est tout autre : raconter et dessiner le voyage sous couvert de personnages animaliers caricaturaux et colorés et dans un ton franchement familier et décapant. La victime ? Le Mexique…
C’est d’abord à un véritable voyage touristique (mais un voyage « approximatif », nous dit-on) que nous convie l’auteur et ses deux acolytes pendant cinq semaines d’un périple réalisé essentiellement en bus. Rien y manque, de la visite de la capitale à la pointe du Yucatan, en passant par Puebla, Oaxaca, San Cristobal de las Casas, Palenque, Tulum, Cancun… A Mexico, du Zocalo (la grande place) au musée d’anthropologie, les héros découvrent la vie locale, ses habitudes, et surtout ses pratiques alimentaires : le café immonde, les plats hautement pimentés (Ah ! cette « sauce qui arrache sa puta madre » !), le goût pour la cuisine lourde (et les supermarchés « remplis de merdes grasses et sucrées), mais il y a fort heureusement des moments de « buena comida » qui font oublier les tourista dévastatrices qui donnent un indéniable côté scato à ces pérégrinations forcément… intestinales !
Le ton est effectivement donné par l’insistance accordée à la vie quotidienne (l’hôtellerie, par exemple) du trio itinérant qui commente avec un sens de la dérision et du décalage haut en couleurs. Les traditions locales sont présentées, non sans moquerie : le foot, la fête des morts, la tequila ou le peyotl… Chaque lieu provoque aussi des parenthèses historiques traitées avec décontraction. Qu’il s’agisse de Cortès, de Zapata ou des Mayas, tout est revu et corrigé avec désinvolture et humour, un humour irrespectueux, iconoclaste même ! Forts en gueules mais finalement un peu trouillards, les héros ont constamment à l’esprit l’insécurité qui pourrait les accabler : des taxis ripoux aux enlèvements, rien ne manque à la panoplie, dit-on, et les voilà qui flippent !
Bref, le voyage concocté par Camille Burger est loufoque, tonique, impitoyable, déjanté, mais réaliste aussi : la pollution des plages du Yucatan ou les croisières américaines (« véritable usine à couillons s’apprêtant à déverser 50100 mollusques obèses et hydrocéphales… ») ne manquent pas au tableau de chasse…
Alors, bon voyage,
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« El Guido del Crevardo – Mexique » par Camille Burger
Editions Fluide Glacial (17 €) – ISBN : 978-2-3520-7534-9