« Krazy Kat vol.1 : 1925-1929 » par George Herriman

Pôvres, pôvres, pôvres fans français de « Krazy Kat »… Ces pitits anges auront donc dû attendre le début du 21ème sièkle pour pouvoir enfin lire ce chef-d’œuvre inkontestable du 9ème art dans de bonnes konditions… Nous en avions longtemps longtemps longtemps rêvé, Les Rêveurs l’ont enfin fait : se basant sur l’édition amérikaine de Fantagraphic Books, ces pitits mignons viennent de sortir le premier – et bô et impozant – volume de cette belle réédition intégrale des sunday pages ki kouvrira la période 1925-1944 en quatre albums… Plus qu’un must : l’événement éditorial patrimonial de l’année en ce ki koncerne les komiks en VF…

Oui, les amateurs français de « Krazy Kat » ont longtemps rongé leur frein, car cette Å“uvre pourtant mythique n’a eu droit chez nous qu’à de très rares publications. Certes, la revue Charlie Mensuel proposa à ses lecteurs une quantité non négligeable de strips de « Krazy Kat » dans ses pages au cours des années 70, mais aucun éditeur ne fut assez téméraire pour envisager une vraie édition de ce chef-d’œuvre en albums. Il n’y eut guère que Futuropolis qui tenta l’aventure par trois fois, sans succès. Le premier album, sorti en 1981 dans la collection Copyright, contenait un choix de strips quotidiens (1937-1938) et de planches du dimanche (1922-1943). Malheureusement, malgré la présence intéressante de strips de « Baron Bean » (une autre Å“uvre d’Herriman), cet album nous laissait sur notre faim, la logique éditoriale étant floue et le texte de présentation de Bernard Amiard étant plus un délire intello prétentieux de mauvais goût qu’une réelle intention de faire connaître « Krazy Kat » au lectorat français, qui plus est avec de grosses erreurs d’informations. En 1985, toujours dans la collection Copyright, Futuropolis édita un album hors commerce tiré à 2500 exemplaires numérotés, proposant des daily strips et sunday pages glanés entre 1921 et 1931, malheureusement dans une bichromie qui ne rendait pas justice à l’esthétique de l’œuvre. Mieux que rien, vous me direz, mais ces deux albums furent bien vite épuisés, introuvables sauf à prix d’or chez les bouquinistes, et « Krazy Kat » disparut de notre paysage éditorial… Cinq ans plus tard, l’espoir renaquit avec un volume 1 d’une intégrale s’attaquant à la période en couleurs qui débuta en 1935. Malheureusement, une fois encore, le rendez-vous fut manqué, et aucun autre volume ne fera suite à cette intégrale très avortée… Depuis, plus rien. On ne peut pas expliquer cela que par un soi-disant « mal français » qui serait incapable d’apprécier une Å“uvre « trop américaine », puisqu’aux USA « Krazy Kat » a longtemps eu du mal à aller jusqu’au bout des choses : en 1988, Eclipse Books débuta une intégrale (« The Komplete Kat Komics ») qui s’arrêta au bout de huit volumes, couvrant seulement les années 1916-1923 ; en 1990, même Rick Marshall ne put imposer une édition intégrale en couleurs chez Remco Books, n’allant pas au-delà des deux premiers volumes. Alors… Chef-d’œuvre maudit, « Krazy Kat » ? Ou pire, chef-d’œuvre décrété comme tel par élitisme intellectuel sans que cette création soit digne d’être lue ? Que nenni, Coconino ! La seule explication à ce douloureux parcours éditorial est que c’est incompréhensible. Il aura fallu attendre le début des années 2000 pour que l’excellentissime éditeur Fantagraphic Books se lance dans l’édition intégrale des sunday pages de « Krazy Kat » en dix volumes, sous le titre « Krazy & Ignatz ». Les Rêveurs ont réorganisé cette intégrale Fantagraphics en quatre gros volumes qui sortiront sur trois ans, couvrant donc la période « classique » de 1925-1944. Génial !

 

Oui, génial. Comme je viens de l’amorcer, la question de la légitimité d’un chef-d’œuvre est parfois une question épineuse, et il faut tout de même avouer que depuis pas mal de temps il est de bon ton de dire que « Krazy Kat » est un chef-d’œuvre de la bande dessinée mondiale, sans trop savoir pourquoi, par réflexe, jusqu’à galvauder la chose dans une sorte de snobisme intellectuel. Il suffit pourtant de LIRE « Krazy Kat » pour comprendre et se rendre compte à quel point cette œuvre est une grande œuvre, un OVNI, une merveille, et ce sur tous les plans. Avec cette réédition, Les Rêveurs espèrent contenter les amateurs de longue date de « Krazy Kat », mais aussi faire découvrir cette création unique à de nouvelles générations de lecteurs. Dans cette même optique, pour celles et ceux d’entre vous qui ne connaîtraient pas encore ce krazy komik, je me dois de vous le présenter un minimum afin de savoir de quoi on parle.

 

Le sujet de « Krazy Kat » est redoutablement simple tout autant qu’absurde : dans le comté désertique de Coconino, un chat (Krazy) est amoureux d’une souris (Ignatz) qui s’évertue à lui lancer quotidiennement une brique à la tête malgré la présence de l’Officier Pupp, le chien shérif du comté qui cherche à empêcher ce méfait et à mettre le vilain en prison. Chaque strip, chaque planche tourne autour de ce postulat, déclinant la situation à l’infini, la malmenant, la contournant, s’en détachant pour mieux y revenir, dans un esprit général qui relève clairement du nonsense. Qu’y a-t-il de génial là-dedans ? Tout. Le dessin, le langage, l’atmosphère, la composition, le découpage, l’esthétique, le travail graphique, la liberté de ton, l’humour, la poésie. Les Rêveurs ont raison de vouloir toucher d’autres générations de lecteurs que les ancêtres spécialistes : « Krazy Kat » a le don étrange de pouvoir parler à tous, que l’on soit adulte, enfant, intello, rigolard ou esthète ; on la déteste ou on la vénère, mais cette œuvre ne peut pas laisser indifférent. J’ai découvert « Krazy Kat » à l’âge de 9 ans (d’où mes problèmes mentaux), grâce à un dossier BD paru dans L’Album des Jeunes dans les années 70. Je me souviens avoir été fortement marqué par ce gros chat débile dormant sous un ciel noir où la lune avait l’air d’un corn flake. Je m’étais dit : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ??? » J’étais fasciné. Plus de trente ans plus tard, je regarde avec amour les planches de « Krazy Kat » et me dis : « Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ??? » Fasciné à vie. Généralement, les amoureux de « Krazy Kat » considèrent plus leur découverte de cette œuvre comme une rencontre indélébile que comme une simple découverte. Un choc. Un émerveillement. Un rire. Marqués à vie.

 

Ce qui est génial, dans « Krazy Kat », c’est qu’on y aborde un autre monde, totalement dingue et décalé, où Herriman triture la narration de manière décomplexée et ahurissante, faisant preuve d’une modernité qui frôle l’avant-garde. À une époque où la bande dessinée n’était pas si vieille que ça et où un certain académisme narratif se mettait en place pour mener à l’Âge d’Or, Herriman déglingua tout pour exprimer un langage personnel. Attention, je nuance tout de suite mon propos, car il serait faux, injuste et réducteur de penser que la folie et l’invention n’existaient pas outre Herriman à l’époque : de nombreux auteurs ont alors déliré en sortant des sentiers battus et en expérimentant des choses, à l’instar de Bill Holman ou de l’immense Cliff Sterrett qui – avec « Polly and her Pals » – a créé et inventé des choses graphiques tout à fait étonnantes et passionnantes. Même si leur style est différent, certains éléments lient ces deux artistes, comme la réinvention des végétaux qui deviennent sous leur trait des sortes de sculptures Art Déco bariolées, un style « jazz » et un humour « spécial », sans oublier les strips « secondaires » qui accompagnaient la création principale en mettant en scène certains de ses personnages animaliers (« Dot & Dash »). Mais la comparaison s’arrête là, pour ne parler que de Sterrett. Force est de constater qu’Herriman est allé plus loin dans le délire que Sterrett et les autres, en poussant le bouchon par-delà l’horizon, faisant fi de tout pour constituer un monde, un langage, une sémantique, une folie qui lui est propre, assumant sans broncher d’être l’auteur d’une œuvre aussi intelligente que débile.

Bill Watterson (le papa de « Calvin & Hobbes » et grand fan de « Krazy Kat » devant l’éternel) avait écrit fort justement que la logique narrative de « Krazy Kat » était en soi un espace de lecture différent que celui rencontré dans les autres comics de l’époque, et qu’on risquait d’être très déçu si l’on attend de ce comic loufoque qu’il se finisse par une chute humoristique, un bon mot, une « récompense » pour le lecteur, bref, une structure classique et établie du processus comique. La fin du strip ou de la planche ne constitue en rien une chute humoristique ni ne clôt véritablement l’histoire : le processus comique se situe dans l’ensemble de la planche, à chaque case, sans discontinuer. C’est un ensemble qu’il faut prendre en tant que tel, une « atmosphère absurde générale » n’ayant pas besoin d’un début ni d’une fin, ni même d’une temporalité. Le temps et l’espace – et donc la narration – sont eux-mêmes devenus fous et accessoires, dans « Krazy Kat ». D’une case à l’autre, il fait jour puis nuit (puis à nouveau jour !), et les paysages ne cessent de se métamorphoser en arrière-plan, sans aucune logique ou explication. « Explication » : le grand mot est lâché. Que n’a-t-on pas dit et écrit sur « Krazy Kat », véritable objet de fantasme des critiques et spécialistes BD. C’est vrai qu’il y a de quoi faire. Mais au-delà des éléments qui engendrent une réflexion légitime, il y a ce point de vue de Watterson qu’il ne faut pas perdre de vue, justement : ne pas attendre que « Krazy Kat » finisse par une chute comique sous-entend fondamentalement que l’on ne doit pas aborder cette Å“uvre dans un esprit cartésien ou dans l’espoir qu’on nous raconte une histoire : comprendre « Krazy Kat » c’est ne rien comprendre mais ressentir, se laisser aller à l’illogisme créatif de l’imaginaire, de la poésie. Oui. Malgré un potentiel de débilité hors normes, « Krazy Kat » est une Å“uvre foncièrement poétique, et on ne pourra en jouir qu’en se mettant soi-même dans un état poétique, apte à tout recevoir, juste dans le désir de l’instant, le délire du moment, une folle beauté envieuse de libérer en nous certains ressentis jamais sollicités.

 

La poésie est partout, même cruelle, même comique, sur le fond comme sur la forme : les tendres sentiments de Krazy pour Ignatz, la candeur et l’innocence de ce chat, les métamorphoses surprenantes des décors, les formes graphiques décorant l’environnement, la lune représentée comme un pétale incurvé, ou les noms de monuments naturels incarnés au premier degré apportant une touche surréaliste. On ne peut néanmoins pas réduire « Krazy Kat » à une Å“uvre poétique, car elle est bien plus komplexe et krazy que ça. Herriman a fait très fort, car avec « Krazy Kat » il a créé un univers de contraste absolu. Son postulat est assez classique (le triangle amoureux et le jeu du gendarme et du voleur), mais il l’a totalement perverti. Les personnages sont très caractéristiques, mais sur chacun d’entre eux de gros doutes persistent (et sont entretenus). Le lieu de l’action existe bel et bien dans notre réalité, on peut le situer aisément, mais il n’est jamais représenté normalement, constamment en transformations hallucinatoires. Tout est ancré mais rien ne tient. Il semblerait que par la relation triangulaire des personnages Herriman veuille nous dire quelque chose sur l’absurdité des rapports humains, mais son propre langage sémantique et graphique est absurde.

 

Comme bon nombre de lecteurs, lorsque j’ai découvert « Krazy Kat », j’ai cru que le comté de Coconino était une invention d’Herriman tellement le nom prête à sourire. Eh bien non, Coconino county existe bien, il est situé en Arizona, enclavé entre plusieurs territoires majoritairement indiens (Apache, Cochise, Navajo). Je profite de cet article pour vous montrer ci-dessous deux photos de Coconino : cool, non ?

Cette région désertique jalonnée par des canyons se retrouve bien dans le décorum de « Krazy Kat », même si Herriman la transforme en paysages mouvants et décorés. De même, l’influence du Mexique (qui est limitrophe à l’Arizona) est très présente dans l’œuvre, que ce soit par les noms, certaines expressions, les ponchos, les haciendas et autres sombreros. Il faut noter qu’en 1924 Herriman séjourna à Mexico et fut apparemment très marqué par la culture mexicaine. Il y a peut-être une explication au fait que cette géographie existante soit à ce point hallucinatoire et changeante, dans « Krazy Kat », et c’est l’auteur même qui nous donne un indice suggéré çà et là tout au long de l’œuvre : il n’est pas rare que des mirages apparaissent, dans cette région chaude et désertique. Tout l’univers de « Krazy Kat », sur le fond comme sur la forme, ne serait-il qu’un immense et unique mirage ? Sommes-nous en train de lire quelque chose qui n’existe pas, ce phénomène expliquant la folie irréelle qui pétrit le récit ? C’est fort possible… De là à dire qu’Herriman a voulu nous faire comprendre que ce que nous vivons dans notre rapport au monde n’est qu’un mirage, voilà un pas de « spécialiste » que je ne franchirai pas, car c’est ce genre d’hypothèse intello qui dénature la beauté intrinsèque de l’œuvre sans que cela soit vérifiable. Non. Restons prudents. Ressentons, n’analysons pas. Restons krazy, comme Herriman qui a tout simplement voulu faire le fou.

En ce qui concerne le double triangle des personnages, là aussi on ne sait pas sur quel pied danser… La première chose qui vient à l’esprit lorsqu’on réfléchit à la relation amoureuse entre Krazy et Ignatz, c’est le sado-masochisme : Krazy aime Ignatz qui ne l’aime pas et qui lui lance donc des briques à la tête, mais Krazy prend ces agressions pour de l’amour (et même pire que ça : il les ressent profondément comme de l’amour !). À chaque brique reçue en pleine tronche, l’amour de Krazy pour Ignatz se renforce, le chat tombant en extase devant les attentions de ce « pitit ange ». De son côté, Ignatz n’éprouve jamais aucune pitié ni compassion envers Krazy malgré les sentiments que ce dernier éprouve pour lui ; au contraire, Ignatz n’a qu’une obsession : lancer une brique sur le chat. Une obsession qui semble devenue sa raison d’être. Je t’aime, je ne t’aime pas, je te violente, j’en redemande : bonjour l’angoisse ! Mais cette facette sado-maso ne saurait être la seule constituante de cette relation qui s’explique aussi par l’ingénuité confondante, désarmante, désolante de Krazy, tellement à la ramasse qu’il ne comprend rien à rien, totalement attendri lorsqu’il voit l’Officier Pupp emmener Ignatz en prison : « Comme ils sont mignons, comme ils jouent bien ensemble ! » Pathétique. Mais trop drôle. Et attendrissant. Même si les choses se corsent justement avec Pupp, puisque ce dernier semble avoir des sentiments pour Krazy, ne le cachant pas plus que ça. Il le drague carrément, en fait, et trouve dans l’emprisonnement de la souris l’opportunité de se débarrasser d’un rival amoureux alors que ce rival ne cherche qu’à nuire au chat. Un chien qui aime un chat qui aime une souris qui n’aime pas le chat, voilà un imbroglio intéressant… mais Herriman en rajoute une couche en distillant un doute supplémentaire.

 

Je veux bien sûr parler de la fameuse énigme sur le sexe de Krazy, dont on ne sait pas s’il est un chat ou une chatte. Naturellement, on a tendance à induire que le chat est masculin, la souris féminine, et le chien très masculin. Mais Ignatz la souris est un mec, père de trois enfants, ça on le sait. Par contre, Krazy est parfois envisagé comme chat et parfois comme chatte, et plutôt que de choisir entre les deux, on pourrait concevoir que Krazy soit un chat un peu « efféminé ». Quant à l’Officier Pupp, il semblerait donc qu’il soit homosexuel… Quoi qu’il en soit, là aussi on est en plein délire. Sur ce triangle amoureux se juxtapose un triangle policier, Pupp devant attraper et emprisonner Ignatz qui agresse cette pauvre victime de Kat. Le mélange de ces deux paramètres narratifs donne donc lieu à des situations invraisemblables et complètement dingues, souvent définies comme du vaudeville. Mais il ne faut pas oublier que l’époque de « Krazy Kat » est aussi celle du cinéma burlesque américain, avec le slapstick si cher à Sennett ou Keaton (procédé comique basé sur l’exagération de la violence physique, parfaitement incarné ici par le lancer de brique). C’est aussi l’époque du ragtime, une musique qui préfigura le jazz. L’intérêt d’Herriman pour le cinéma et la musique est connu, et on retrouve aussi ces influences dans « Krazy Kat ».

 

« Krazy Kat » ne s’est pas constituée d’un bloc, la série ayant suivi un cheminement éditorial évolutif. Herriman a débuté sa carrière au début du 20ème siècle, dessinant plusieurs séries souvent éphémères et réalisant des illustrations pour différents journaux. En 1910, il crée « The Dingbat Family », un family strip humoristique où ladite famille possède un chat noir. Au bout de cinq semaines, le 26 juillet 1910, une souris apparaît et lance quelque chose sur le chat : un strip qui allait tout déclencher. Fin août, le chat et la souris apparaissent dans leur propre mini-strip, et la logique de la brique et de l’amour est déjà en place. À l’automne 1913, « Krazy Kat » obtiendra son propre strip quotidien, avant d’accéder enfin à la sunday page en 1916. Si Fantagraphic Books et Les Rêveurs commencent leur intégrale « Krazy Kat » par l’année 1925, ce n’est pas qu’une question de droits, mais aussi d’évolution de l’œuvre. De 1916 à 1924, même si l’univers de l’œuvre est en place, elle n’est pas encore systémique, dans un style plus fin et acéré. En 1925, en partie pour des raisons techniques de mise en pages, « Krazy Kat » accède à sa nature pleine en se libérant toujours plus au niveau graphique et en instaurant définitivement son postulat. Certains appellent donc cette seconde période (1925-1944) la période « classique » de « Krazy Kat », celle de 1913-1924 étant considérée comme la période « évolutive ». Mais c’est un peu restrictif, je trouve, et j’espère qu’un jour on aura aussi droit à l’intégrale de cette première période, et aussi pourquoi pas à une édition des daily strips… Mais là je rêve un peu trop, je crois… Snif.

Même l’existence et la longévité de « Krazy Kat » tient de la folie. Ce comic n’a pu paraître durant trois décennies que grâce à la passion de William Randolph Hearst, le fameux magnat de la presse qui n’était pourtant pas reconnu pour être un humaniste ou un mécène. Il était si fou de « Krazy » qu’il soutenu Herriman et sa création jusqu’au bout, malgré un succès parfois très contrasté. Ainsi, « Krazy Kat » parut jusqu’en 1944, année de la mort d’Herriman… Sans Hearst, ce chef-d’œuvre n’aurait peut-être jamais pu exister tel qu’il a été, dans une telle liberté…

 

Je vous envie, vous qui allez découvrir cette œuvre grâce aux Rêveurs, dans de si bonnes conditions. J’avais quelque frayeur avant que l’album ne paraisse, priant pour ne pas être déçu par une édition qui ne soit pas digne du monument. Eh bien réjouissez-vous, car Les Rêveurs ont fait ça bien, avec amour et passion. L’album est beau. Son grand format (26,5 x 37 cm) est idéal et plus qu’appréciable pour admirer comme il se doit les sublimes visions d’Herriman. L’appareil critique n’est pas en reste, puisque Marc Voline (qui est l’auteur de cette nouvelle traduction de « Krazy Kat ») signe un bel avant-propos, suivi de textes de Bill Blackbeard et de Ben Schwartz qui ne sont pas les plus mal placés pour parler de ce chef-d’œuvre absolu. Notons enfin que Les Rêveurs proposent ce grand et bel album de 280 pages à un prix tout à fait raisonnable, ce qui ne gâche rien. Amis Rêveurs, où que vous soyez, quoi que vous fassiez, je vous chairis éternellement pour cet acte éditorial qui s’avère tout simplement majeur. Plus qu’indispensable, plus qu’incontournable.

 

Cecil McKINLEY

« Krazy Kat vol.1 : 1925-1929 » par George Herriman Éditions Les Rêveurs (35,00€) – ISBN : 978-291-274-75-87

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