Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Léo Loden T24 : Les Cigales du pharaon » par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc Nicoloff
Personnage emblématique des éditions Soleil — lancé en 1992 (deux ans avant « Lanfeust »), il s’agit de la première série récurrente de Christophe Arleston pour l’éditeur toulonnais —, Léo Loden, flic marseillais à la sauce gros nez parfumé à l’aïoli, conserve toute sa verve méridionale après un quart de siècle d’enquêtes aussi passionnantes que drôles. Si Arleston est rejoint au scénario par Loïc Nicoloff (né à Marseille) pour former un duo de choc depuis le tome 16, Serge Carrère tient ferme la barre du dessin alerte et coloré dans le plus pur style franco-belge qu’il perpétue avec une belle énergie. Les lecteurs ne s’y trompent pas, heureux de retrouver Léo et sa bande tous les ans avec cette belle régularité qui forge les succès.
Enquête au pays des collectionneurs de tractions ! Comme Marseille souffre sous un soleil de plomb, Marlène, à dix jours de son accouchement, accueille avec enthousiasme l’invitation de René Boyer à passer quelques jours dans son petit paradis au cœur du Lubéron. Léo Loden et Marlène, accompagnés par le truculent Tonton, débarquent au mas Trenco que l’ancien flic de Marseille à la retraite leur prête avant de partir participer au Rallye des Cigales. Un rallye à énigmes habituellement pépère de deux jours dans les Alpilles, réservé aux collectionneurs de Tractions Avant. Le vol mystérieux, pendant la nuit, de la Traction 11 de René, contraint le vieux flic à emprunter la Découvrable de 1949 d’un ami avocat. Nos héros, inquiets pour la sécurité de leur vieux pote, décident d’accompagner tout au long de l’épreuve celui qui est surnommé Le Pharaon dans le milieu des collectionneurs de vieilles Tractions. Une épreuve mouvementée commence à travers les paysages grandioses d’un des plus beaux coins de Provence.
L’assassinat de l’un des participants confirme les inquiétudes de Léo Loden, et l’ancien flic débarqué de la police à la suite d’une bavure, devenu détective privé, mène l’enquête. Le monde des propriétaires de voitures anciennes — prêts aux pires coups bas pour vivre leur passion — est décrit avec une admirable précision tout au long de cette folle course. Rassurez-vous, nous ne sommes pas dans « Michel Vaillant », l’humour est omniprésent au fil des pages de cette histoire qui file à cent à l’heure (j’exagère !) et qui sent bon le parfum de la Provence. Si nous allons taire l’identité du surprenant coupable, il n’est pas interdit de dévoiler la conclusion heureuse de cette délirante aventure : la naissance de deux beaux jumeaux, ce qui n’est pas banal dans une série au ton résolument franco-belge. Aux dernières nouvelles, le papa et la maman se portent bien (les bébés aussi) et rassurez-vous ce double heureux événement ne met pas un terme à leurs enquêtes.
Henri FILIPPINI
« Léo Loden T24 : Les Cigales du pharaon » par Serge Carrère, Christophe Arleston et Loïc NicoloffÂ