« Luc Leroi T8 : Plutôt plus tard » par Jean-C. Denis et « Gauguin » par Nicoby et Patrick Weber

Gauguin s’impose ! Avec le tome 8 de « Luc Leroi » de Jean-Claude Denis et le « Gauguin » par Nicoby et Patrick Weber, c’est à des voyages en Arles et à Tahiti qu’on nous convie, entre vahinés d’autrefois et tahitiennes d’aujourd’hui, en compagnie d’un Gauguin noctambule parisien ou d’un égocentrique arlésien…

En 2000, Jean-Claude Denis avait déjà promené son héros Luc Leroi du côté de Tahiti.  Dans « Toutes les fleurs s’appellent Tiaré », Luc, cet anti-héros fragile et malmené, veule ou mollasson selon les situations, toujours insaisissable avec les femmes – surtout quand il tient à elles -  se retrouve à Tahiti en possession de perles noires embarrassantes à cause de l’une d’elles (et d’un repas en restaurant chinois !) ! Toujours en décalage, Luc ne comprendra jamais qu’on l’y recherche et qu’on en veuille à sa peau ! Luc, entre femmes incomprises et saveurs exotiques erre alors à qui mieux-mieux entre coup de feu… et coup de foudre !

Avec ce nouvel épisode, Leroi renoue avec Papeete. Après avoir admiré les toiles  de Gauguin à Orsay, sa compagne Alinéa réussit en effet à le décider à quitter Paris la grise et la venteuse et à rejoindre sa famille… et Gauguin, qui s’invite presque physiquement dans les rêveries de Luc ! De retour à Paris, Luc  finit par le « rencontrer » lors d’une virée aussi nocturne que musicale (au son de l’ukulélé !). Peinture et musique se marient au gré des rues parisiennes d’un autre temps. Le décalage horaire, sans doute !

Parait simultanément le « Gauguin » de la collection des Grands Peintres, chez Glénat, où le propos est tout autre. Patrick Weber choisit de raconter l’affrontement Gauguin/Van Gogh quand tous deux se retrouvent, en 1888, en Arles, pour travailler en atelier, mieux pour unir leurs talents et changer l’histoire de la peinture. Ils n’y arriveront pas ensemble, mais séparément ! Le dessin très croquis de Nicoby donne beaucoup de légèreté à cette tranche de vie (et d’oreille !) pourtant plutôt pesante. En complément, un dossier complémentaire sur « Le Prophète des Antipodes ».Sur Gauguin, on rappellera la réédition du « Paysage au chien rouge : Gauguin à Pont-Aven, le mystère d’un tableau », chroniquée ici même. Mais aussi le « Gauguin : loin de la route » signé Le Roy et Gaultier (Lombard, 2013). Cette fois, c’est bien la Polynésie qui est au cœur du récit lorsque Gauguin s’installe en 1891 aux Marquises, à Hiva Oa. L’album évoque le séjour du peintre, son tempérament égoïste et rebelle, athée et libertaire, contestataire et anticolonialiste, mais aussi comment la vie sous les Tropiques lui a permis de se renouveler. Cette biographie se concentre sur les dernières années de sa vie où il sombre peu à peu, drogué, malade et dépressif. C’est ce Gauguin-là que découvre Victor Segalen en 1903, à Tahiti, alors que Gauguin vient de mourir… Le trait épais de Gaultier et les couleurs de Marie Galopin donnent une étonnante présence au personnage, et insiste sur l’homme rejetant la civilisation.

Enfin, paru chez Vents d’Ouest en 2010, « Gauguin : deux voyages à Tahiti » par Li-An et Laurence Croix. Cette fois, loin de tout esprit biographique, les auteurs nous invitaient à découvrir un peintre de Pont-Aven en grande partie réinventé, dans ses rencontres féminines, ses difficultés d’intégration, ses bonheurs artistiques ou ses désirs mythologiques. Li-An va jusqu’à des empoignades sanglantes contre des trafiquants d’armes. Le récit contracté entre deux parenthèses parisiennes, exhibe un Gauguin fier – mais ruiné – de quitter la métropole, en 1891, pour Tahiti et ses couleurs…

A noter qu’on annonce chez Sarbacane pour le 6 avril un album signé Fabrizio Dori : « Gauguin, l’autre monde », situé à Tahiti, en 1893. « On plonge, dit l’éditeur, avec Gauguin dans le récit d’une légende tahitienne qui intrigue et recouvre la réalité d’une patine de merveilleux. Ce roman graphique s’intéresse à la fin de vie de Gauguin, la période artistiquement parlant la plus prolifique et la plus belle de son œuvre ». Alors, bons voyages !

Didier QUELLA-GUYOT  ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).

http://bdzoom.com/author/didierqg/

« Luc Leroi T8 : Plutôt plus tard » par Jean-C. Denis

Éditions Futuropolis (16, 50 €) – ISBN : 978-2-7548-1134-7

« Gauguin » par Nicoby et Patrick Weber

Éditions Glénat (14, 50 €) – ISBN : 978-2-3440-0382-4

Galerie

Une réponse à « Luc Leroi T8 : Plutôt plus tard » par Jean-C. Denis et « Gauguin » par Nicoby et Patrick Weber

  1. Brieg Haslé-Le Gall dit :

    où Jean-C. Denis met lui aussi en scène le chien rouge de Gauguin, tout comme le faisait Bruno Le Floc’h dans « Paysage au chien rouge »… amusant parallèle !

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