Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« The Time Before » par Cyril Bonin
Qui n’a pas souhaité revenir dans le passé pour changer certains choix malheureux et le cours des événements ? C’est ce que va pouvoir faire un jeune photographe new-yorkais de la fin des années cinquante, à qui un vieillard a offert un talisman ayant ce pouvoir : ceci afin de le remercier de l’avoir sauvé d’une attaque par des malfrats, dans son quartier de Greenwich. Un récit malin, très bien raconté et dessiné, porteur de nombreuses questions existentielles…
Le héros, jeune homme modeste, honnête et droit, a fini par percer dans le milieu de la photographie et à travailler pour plusieurs magazines. Il reçoit donc ce mystérieux objet magique qui lui permet de voyager dans son propre passé, sans dépasser le moment où il l’a reçu. Première expérience, il va revivre une séance de photos qui lui avait fait perdre sa place : ses modèles lui tombent alors dans les bras et il s’arrange, désormais, pour être au bon endroit, au bon moment. Jusqu’au jour où, alors qu’il s’apprêtait à couvrir la campagne de John Kennedy, il se retrouve à l’hôpital, à la suite d’un accident de voiture. C’est là qu’il tombe amoureux de son infirmière qu’il finit par épouser. Malgré son envie de faire le bien autour de lui et pour les autres, le photographe va encore être obligé de revenir en arrière pour éviter les situations qui le rendent malheureux. Commence alors un infernal aller et retour dans le temps qui peut s’avérer bien dangereux… Le moindre de ses choix — de ses paroles ou de ses gestes — a des répercussions insoupçonnées, bien plus importantes qu’on ne pourrait le croire au premier abord. L’auteur d’« Amorostasia », récit où le temps est à l’arrêt et le bonheur figé (Cyril Bonin va bientôt s’attaquer au troisième tome chez Futuropolis, quand il aura fini d’adapter « La Délicatesse » de David Foenkinos pour ce même éditeur), se révèle, une nouvelle fois, un formidable raconteur d’histoire : son trait fin, souple et vivant, reconstituant parfaitement l’ambiance de l’Amérique des années cinquante…
Gilles RATIER
« The Time Before » par Cyril Bonin