Excepté le portrait proposé en 1724 dans le récit « A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates » écrit par le capitaine Charles Johnson — peut-être un pseudonyme de Daniel Defoe —, on sait peu de choses sur la vraie Anne Bonny (ou Bonney). Née de l’imagination fertile d’un écrivain ou véritable femme pirate ? Le personnage de femme éprise de liberté proposé par Franck Bonnet est fascinant. Faisant d’Anne Bonny la plus grande femme pirate de l’histoire, l’auteur opte pour une grande épopée maritime. Un diptyque passionnant entre légende et réalité.
Lire la suite...« Ce qu’il faut de terre à l’homme » par Martin Veyron
Sous ce joli titre, se cache un texte de Tolstoï de 1886, lui-même inspiré du livre IV des « Histoires » d’Hérodote. C’est surtout l’évocation de la société paysanne russe, celle des moujiks de Sibérie sous le joug des tsars, à travers une famille humble et un fermier vertueux. Mais l’ambition gâche tout…
Au début, deux sœurs confrontent leur mode de vie : l’une est restée à la ferme ; l’autre a rejoint la ville pour échapper aux odeurs du bétail et goûter au confort… Pendant ce temps, son mari explique à Pacôme, le fermier, qu’il manque d’ambition. Invariablement, très terre à terre, comme il se doit, Pacôme répond avec justesse, sait se montrer raisonnable et souligne tout ce que la course à l’agrandissement a de vain et que le bonheur n’est pas dans l’accumulation.
Mais être petit paysan, c’est aussi dépendre des riches propriétaires et de leur intendant qui applique des règles rigoureuses, distribue les amendes ou des punitions corporelles. Oui, la terre est belle, la terre est bonne, la terre est bonheur, mais quand on est maître chez soi ! Alors, il faut devenir propriétaire… Or, un jour, un marchand de passage affirme à Pacôme que les Bachkirs, paysans de la Russie de l’Est, vendent leurs terres à très bon marché. C’est tentant…
Martin Veyron surprend en adaptant ce récit et en s’intéressant, tout à coup, à des personnages ordinaires et d’une autre époque, jouant aussi bien la carte du paysage et du décor silencieux que celle des assemblées rustiques et loquaces. Et c’est très réussi, car outre le plaisir visuel, il y a une morale à cette histoire et elle mérite réflexion, qui plus est dans une société de consommation où l’appropriation devient la règle, jusqu’à l’excès.
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
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« Ce qu’il faut de terre à l’homme » par Martin Veyron
Éditions Dargaud (19,99 €) – ISBN : 978-2-2050-7247-1