Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier
Berlin inspire les jeunes, les passionne, les attire. La ville semble porter en elle toutes les promesses, intellectuelles, artistiques, culturelles, professionnelles, politiques et morales. À bien y regarder pourtant, les conditions de vie y sont-elles exemplaires, voire idylliques ? Rien n’est moins sûr comme le souligne cette chronique en demi-teintes aussi chaleureuse que réticente…
La scénariste met en scène son propre séjour berlinois, l’expérience d’une jeune fille, Margaux, partie la fleur au fusil trouver du travail dans cette ville à la réputation flatteuse. Berlin serait-elle aussi malade que le reste de l’Europe ? Bien sûr que non ! Tous les gens qu’elle rencontre s’accordent sur ce point : on y est libres, insouciant, tolérants, aimables, heureux en un mot. Et c’est vrai que pour faire des études ou faire la fête, la ville a du répondant. On s’y sent bien, porté par un optimisme qui tient de l’acte de foi, car, côté emplois, c’est très vite plutôt galère !
Trouver une activité rémunérée à sa juste valeur est carrément compliqué et, à moins d’accepter des stages sous-payés, la réalité révèle très vite ses failles : la précarité, l’exploitation, l’abus sous toutes les formes. Il n’y a pas de taux horaire minimum, pas de couverture sociale, se soigner coûte un bras et la cohabitation est plus que nécessaire pour payer un loyer. Alors Margaux déchante : Berlin n’est pas l’Eldorado, surtout quand elle s’y trouve, en 2013. Depuis, pourtant, les choses ont un peu changé, ce que précise le dossier final qui rappelle que le salaire minimum est finalement entré en vigueur au 1er janvier 2015, comme il rappelle les chiffres du chômage local ou le poids des minijobs.
Margaux révise ses jugements, réajuste ses ambitions mais n’en reste pas moins amoureuse de la ville et, à la lecture de l’album, grâce aux dessins tout en finesse d’Alberto Madrigal, grâce à ses couleurs d’une grande douceur, le charme de la ville opère aussi sur nous… On la trouve aussi séduisante que trompeuse, aussi passionnante que menteuse. On sent bien qu’elle mérite le voyage !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier
Éditions Futuropolis (18€) – ISBN : 978-2-7548-1146-0