Ferrandez nous offre, dans un beau et grand livre de 150 pages (au format valorisant son trait et ses aquarelles), le premier tome d’un diptyque passionnant : un évident clin d’œil à ses premiers « Carnets d’Orient » ! Il s’agit de la biographie romancée du chevalier Théodore Lascaris qui a vraiment existé : un jeune Niçois, issu d’une ancienne famille, qui doit quitter la France en 1792 pour échapper aux révolutionnaires. Son escapade commence à Nice, se poursuit en Italie, à Malte, et se termine en Égypte, où ce descendant présumé des empereurs de Byzance rejoindra, six ans plus tard, la campagne d’un certain Napoléon Bonaparte, dont il deviendra l’agent de renseignements. L’auteur, inspiré, renoue brillamment avec l’aventure historique : avec un grand A !
Lire la suite...« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier

Berlin inspire les jeunes, les passionne, les attire. La ville semble porter en elle toutes les promesses, intellectuelles, artistiques, culturelles, professionnelles, politiques et morales. À bien y regarder pourtant, les conditions de vie y sont-elles exemplaires, voire idylliques ? Rien n’est moins sûr comme le souligne cette chronique en demi-teintes aussi chaleureuse que réticente…
La scénariste met en scène son propre séjour berlinois, l’expérience d’une jeune fille, Margaux, partie la fleur au fusil trouver du travail dans cette ville à la réputation flatteuse. Berlin serait-elle aussi malade que le reste de l’Europe ? Bien sûr que non ! Tous les gens qu’elle rencontre s’accordent sur ce point : on y est libres, insouciant, tolérants, aimables, heureux en un mot. Et c’est vrai que pour faire des études ou faire la fête, la ville a du répondant. On s’y sent bien, porté par un optimisme qui tient de l’acte de foi, car, côté emplois, c’est très vite plutôt galère !
Trouver une activité rémunérée à sa juste valeur est carrément compliqué et, à moins d’accepter des stages sous-payés, la réalité révèle très vite ses failles : la précarité, l’exploitation, l’abus sous toutes les formes. Il n’y a pas de taux horaire minimum, pas de couverture sociale, se soigner coûte un bras et la cohabitation est plus que nécessaire pour payer un loyer. Alors Margaux déchante : Berlin n’est pas l’Eldorado, surtout quand elle s’y trouve, en 2013. Depuis, pourtant, les choses ont un peu changé, ce que précise le dossier final qui rappelle que le salaire minimum est finalement entré en vigueur au 1er janvier 2015, comme il rappelle les chiffres du chômage local ou le poids des minijobs.
Margaux révise ses jugements, réajuste ses ambitions mais n’en reste pas moins amoureuse de la ville et, à la lecture de l’album, grâce aux dessins tout en finesse d’Alberto Madrigal, grâce à ses couleurs d’une grande douceur, le charme de la ville opère aussi sur nous… On la trouve aussi séduisante que trompeuse, aussi passionnante que menteuse. On sent bien qu’elle mérite le voyage !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD-> http://9990045v.esidoc.fr/] et sur Facebook).
http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Berlin 2.0 » par Alberto Madrigal et Mathilde Ramadier
Éditions Futuropolis (18€) – ISBN : 978-2-7548-1146-0