Vivant depuis 25 ans avec Tanie — qui est aveugle d’un œil et qui, en conséquence, doit se démener tous les jours pour s’adapter de son mieux aux charges du quotidien —, le dessinateur et scénariste Marc Cuadrado a repris ses crayons pour nous expliquer comment sa courageuse femme fait face à sa déficience visuelle. Pour l’occasion, cet adepte du style gros nez — « Norma » chez Casterman et « Parker & Badger » chez Dupuis ou « Je veux une Harley » pour Frank Margerin chez Fluide glacial et Dargaud (1) — renoue avec la discipline graphique qu’il avait abandonnée depuis une dizaine d’années : passant à autre trait, plus semi-réaliste, où sa plume se fait alors tendre et émouvante… même s’il insuffle toujours sa lumineuse touche d’humour personnelle !
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Raule, par ailleurs scénariste de l’excellent « Jazz Maynard », évoque sous un angle original la vieillesse de Michel de Nostredame, alias Nostradamus. Intrigues, surnaturel, superstition, mystère… cohabitent au fil de ce récit, avec en toile de fond la France du XVIe siècle où règnent misère, épidémie et obscurantisme.
1565. Salon de Crau, France. Âgé et fatigué, Nostradamus, dont les prophéties ont été publiées voici dix ans, vit entouré par sa jeune femme Anne et leurs cinq enfants. Un colis contenant deux ours sculptés et le mot « bientôt » écrit sur un message, remis à son fils César par deux jeunes enfants, plonge le vieil homme dans un profond désarroi. Il confie à Anne que, trente ans plus tôt, il avait remis les deux figurines à ses enfants avant de partir combattre la peste qui ravageait le pays. À son retour, il avait retrouvé sa femme et les deux bambins morts, foudroyés par la terrible maladie. C’est dans ce climat d’angoisse que Chavigny, son secrétaire, lui confie qu’il s’inquiète de ne pas avoir de nouvelles des trois disciples envoyés en mission : Obscura, qui devait se rendre à Montélimar afin de poursuivre des escrocs, Arthus Trivium et Angulus Dante à Avignon, lesquels enquêtaient sur un évêque soupçonné d’abuser de jeunes enfants.
Si Arthus Trivium et Dante profitent de la naïveté de la foule pour sauver une sorcière du bûcher et trucider l’évêque, à Montélimar, Angélique Obscura la nécromancienne est abordée par deux enfants fantomatiques : Renée et Julius qui lui demandent de les suivre jusqu’à une cave où leur mère vit entourée d’une armée d’enfants décharnés. Trivium et Dante suivent les traces des sacs puants laissés à leur intention par Obscura, alors prisonnière de l’étrange mère. Piégés à leur tour, ils rejoignent Obscura dans un cachot fermé à clé. Leur plan de fuite se résume en trois mots : charbon, souffre, nitrate de potassium…
Pendant ce temps, Nostradamus reçoit la visite du jeune roi Charles IX de France qui lui demande de lui dire ce qu’il a vu à propos de sa mort, le jour de son couronnement…
Si le scénariste est déjà connu pour son talent, la surprise vient du dessinateur, Juan Luis Landa. Né en 1965 à Errenteria en Espagne, après des études en chimie métallurgique, il publie ses premiers dessins en 1984 dans la revue Ipurbeltz. Il travaille pour l’animation, propose des dessins humoristiques politiques dans Egin, réalise des biographies dessinées de célébrités basques, illustre des ouvrages pour enfants… En 1996, il commence, sans l’achever, « Le Cycle d’Irati » pour Glénat Espagne : traduit en France sous le label Vents d’Ouest. Son travail sur « Arthus Trivium » est « vivant et somptueusement couronné par une couleur toute en nuance. On a affaire ici à un artiste talentueux et généreux… » confie Enrico Marini, bluffé, dans sa préface. Que dire de plus, sinon qu’« Arthus Trivium » pourrait bien être l’un des gros cartons de ce début d’année.
« Arthus Trivium T1 : Les anges de Nostradamus » par Juan Luis Landa et Raule
Éditions Dargaud Benelux (13,99 €) – ISBN : 978-2505064848