« Il était une fois dans l’Est » T1 par Clément Oubrerie et Julie Birmant

Après leur très réussie évocation de la vie de Picasso dans les quatre tomes de « Pablo », la scénariste Julie Birmant et le dessinateur Clément Oubrerie (également remarqué pour ses « Aya de Yopougon » et son adaptation graphique des « Royaumes du Nord ») s’attaquent à un biopic de l’Américaine Isadora Duncan, danseuse reconnue internationalement comme telle pendant les années 1920 : et on se laisse charmer par cette histoire insensée d’une femme partie fonder une école de danse à Moscou, ville de cette Russie en construction où la conduisait son idéal révolutionnaire…

Même si le découpage peut paraître quelquefois un peu compliqué, il règne, dans cette biographie qui remonte le temps, une sorte de folie à la fois sidérante et terrifiante : les images en couleurs directes contribuant, elles aussi, à cet envoûtement bien particulier. En 1927, la célèbre artiste Isadora Duncan — elle apporta les premières bases de la danse moderne européenne, pratiquant un retour au modèle des figures antiques grecques (osant alors s’exhiber presque nue) —, meurt tragiquement, étranglée par son long foulard de soie pris dans les rayons d’une voiture roulant sur la Promenade des Anglais niçoise : elle n’avait que cinquante ans.

            Six ans plus tôt, à l’invitation de Lénine et après une transhumance de la côte Ouest à la côte Est des États-Unis, puis à l’Europe, elle était partie en Russie pour créer une école de danse, ceci afin de combler ses grandes ambitions de transmission et d’éducation de la jeunesse. Ses efforts pour imposer sa vision de son art vont vite voler en éclats, confrontés aux restrictions communistes, mais elle va tomber amoureuse du poète Serge Essenine, de dix-huit ans son cadet, subjuguée par la force poétique de cette sorte de Rimbaud russe, sujet à des accès de rage souvent provoqués par ses tendances alcooliques. C’est dans un obscur bistrot des bas-fonds de la capitale de ce pays affaibli et en pleine mutation, et qui va devenir de plus en plus austère avec le nouveau régime des Soviets, que commence vraiment cette odyssée orientale déjantée prévue en deux volumes. 

Gilles RATIER

« Il était une fois dans l’Est » T1 par Clément Oubrerie et Julie Birmant

Éditions Dargaud (22,90 €) – ISBN : 978-2-205-07263-1

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