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« Un village français T2 : 1915 » par Vladimir Aleksic et Jean-Charles Gaudin

30/11/2015
Par Gilles Ratier

Évidemment, cette préquelle en bande dessinée du célèbre feuilleton télévisé français « Un village français », diffusé depuis 2009 sur France 3, est destinée, en priorité, aux inconditionnels de cette série qui s’intéresse, principalement, au quotidien des habitants d’une petite sous-préfecture fictive du Jura, pendant l’Occupation… mais pas que ! Accordez-vous le temps de découvrir cette passionnante et émouvante mise en perspective des principaux personnages de la saga un quart de siècle plus tôt, alors qu’une autre guerre est en train de commencer…

D’emblée, on ressent une certaine connivence avec les protagonistes, même si on n’est pas fan absolu de la série : le médecin Daniel Larcher termine ses études et sort, déjà, avec l’inconstante Hortense. Mais c’est son père, Théophile Larcher, qui joue ici le rôle le plus important de cet épisode, s’imposant comme le méchant de l’histoire. Alors que les tensions sont vives, que les relations amoureuses se compliquent et que le courage des uns n’a d’égal que la lâcheté des autres — que ce soit dans l’entourage des Larcher ou de Schwartz, le gérant de la scierie —, la Grande Guerre a commencé, faisant déjà des milliers de victimes. Et à Villeneuve, les familles des soldats envoyés au front vivent, surtout, au rythme du courrier annonçant de bonnes ou de mauvaises nouvelles…

Pari donc réussi pour Jean-Charles Gaudin qui se révèle excellent dans la romance historique. Trop souvent cantonné dans les récits d’heroic-fantasy, ce discret scénariste nous a pourtant souvent prouvé qu’il maîtrise parfaitement toutes les techniques de la narration : que ça soit dans ses principales séries comme « Marlysa », « Le Feul » ou « Les Arcanes du Midi-Minuit » ou dans des œuvres moins connues, mais qui méritent vraiment le détour, à l’instar de « L’Ombre du cinéphage », « Phoenix » ou « Vigilantes ».

Quant au dessin réaliste du Serbe Vladimir Aleksic, il convient parfaitement à ce genre de filiation avec une création originale destinée au départ à un autre support : son style graphique percutant et très précis permettant de ne pas trop décontenancer les habitués du feuilleton, lesquels seront ravis de reconnaître, sans aucun problème, leurs héros rajeunis.

Gilles RATIER