En 1941 et 1942, il y eut L’Audacieux (première partie)

Dans le cadre de nos études des revues éditées par Cino Del Duca après-guerre (voir Cino Del Duca : de la presse du cœur à la BD…), après Tarzan, L’Intrépide, Hurrah ! et Mireille (1), voici la première partie de la reprise réactualisée — et réadaptée en deux articles pour BDzoom.com — d’un article de Michel Denni publié dans le n° 89 du Collectionneur de bandes dessinées, daté de l’automne 1999.

L’entrée des Allemands à Paris le 14 juin 1940, l’armistice signé le 22 avec l’Allemagne, le 24 avec l’Italie, et l’installation le 2 juillet du gouvernement Pétain à Vichy incitent une bonne partie des éditeurs à se réfugier en zone sud.

Dès le 14 juillet, les journaux catholiques Cœurs vaillants et Âmes vaillantes fusionnent en une série spéciale qui paraît d’abord en noir et blanc sur du mauvais papier à Clermont-Ferrand, puis à Lyon avec des numéros en quadrichromie à partir du mois de septembre. Benjamin revient, dirigé par Jean Nohain, puis Alain Saint-Ogan, à Clermont-Ferrand dès juillet 1940 ; Paul Winkler fait renaître Le Journal de Mickey et Robinson et Hop-là ! réunis, à Marseille, respectivement le 22 septembre et le 6 octobre 1940, puis laisse la gérance d’Opera Mundi à Louis Ollivier avant de s’embarquer pour New York, via le Portugal, afin d’échapper aux lois anti-juives.Cino Del Duca, interné en juin 1940 par les autorités françaises, uniquement à cause de sa nationalité italienne, dans des conditions très dures, au camp de concentration du Vernet dans l’Ariège, est libéré au bout d’un mois.

Il part alors en zone sud, le temps d’ouvrir des bureaux à Vichy et à Nice, puis remonte à Paris où il devient brièvement conseiller technique de l’hebdomadaire Les Grandes Aventures.

Tenu en suspicion à cause de ses positions antifascistes avant la guerre (voir le tract anti-hitlérien publié dans un Supplément de Hurrah ! au printemps 1940, cité dans le Collectionneur de bandes dessinées n° 86), il met beaucoup plus de temps à décrocher les autorisations nécessaires à la reparution de ses hebdomadaires, et c’est seulement grâce à l’un de ses compatriotes rencontrés au camp du Vernet, qu’il obtient enfin la reprise des activités des éditions Mondiales à Paris en décembre 1940 avec la continuation de Hurrah ! le 10 et de L’Aventureux le 26.

Pour combler son retard, il lance parallèlement, au sud de la Loire, des versions de ces deux titres parisiens, à Vichy et Clermont-Ferrand, versions qui ne durent chacune que sept numéros.

Fin janvier 1941, Hurrah ! zone libre devient alors Tarzan et L’Aventureux, zone libre : L’Audacieux.UN COCKTAIL DE BANDES DESSINÉES AMÉRICAINES DE QUALITÉ

L’Audacieux, dès son premier numéro, rend hommage au chef de l’État français avec l’annonce suivante sur une seule ligne sous le bandeau-titre : « À chaque nouvel abonné, il sera envoyé une pochette de photos du Maréchal », concession forcément inévitable à la Révolution nationale, et absoute d’emblée quand on connaît l’activité de Cino Del Duca dans la Résistance (2).

L’Audacieux démarre avec « Le Roi du Far West » (« Red Ryder »), en couleurs, sur toute la première page du premier numéro. Il est accompagné par d’autres bandes américaines déjà célèbres : « Don Winslow » et « Charlie Chan », en noir et blanc, en 2ème page et « Donald Dixon » en bas de page 4, mais en couleurs. Toutes ces séries ont captivé, avant la guerre, les lecteurs de Hurrah ! et de L’Aventureux et commencent par un résumé des chapitres précédents, parus en fait dans les sept numéros de Aventureux zone libre.

Publication originale de « Red Ryder » aux USA.

Red Ryder est un courageux cow-boy roux qui travaille dans le ranch de sa tante (The Duchess), près de Rimrock dans le Colorado, en compagnie de son fils adoptif : un petit orphelin navajo, Little Beaver (en français Petit Castor).

D’un naturel serviable, Red Ryder donne volontiers un coup de main au shérif pour calmer les bagarres, arrêter des voleurs ou traquer des criminels plus ou moins excentriques.

Des plus conventionnels quant au scénario, ce western se situe à la fin du XIXe siècle, après les dernières guerres indiennes. Précis et documenté, le graphisme privilégie, avec efficacité, les hachures et les jeux d’ombres et a inspiré de nombreux auteurs de bandes dessinées après la guerre, dont Jijé.

Créée aux États-Unis en 1938, la bande est arrivée en France en 1939 dans Junior, sous le titre « Cavalier rouge », dans L’Aventureux sous celui de « Roi du Far West » et en Belgique, dans Spirou, sous son vrai nom. Après la guerre, elle sera aussi présente dans Tarzan (en 1947), baptisée « Petit Castor, » dans Coq hardi (en 1949), Ouest magazine(en 1953), etc. Et même en albums aux éditions Dupuis.

Un strip original de « Red Ryder » par Fred Harman.

« Don Winslow of the Navy » aux USA.

Autre œuvre américaine de qualité, « Don Winslow » (« Don Winslow of the Navy ») a été créée par un scénariste lui-même officier de l’U.S. Navy, Frank V. Martinek, en 1934, en strip quotidien, puis en planche du dimanche, afin d’encourager les vocations guerrières et maritimes des jeunes lecteurs.

Dessinés de façon très réaliste par Leon A. Beroth assisté de Carl Hammond, Don Winslow et son ami le lieutenant Red Pennington traquent les traîtres et les espions dans des aventures policières qui flirtent parfois avec la science-fiction.

En France, la série a été publiée dans L’Aventureux dès le premier numéro, en mars 1936, ainsi que dans Le Journal de Mickey, sous le titre « Bernard Tempête », à partir de janvier 1938.

« Don Winslow » dans L'Audacieux.

« Charlie Chan » aux USA.

Autre excellente bande policière, « Charlie Chan » conte les aventures d’un détective chinois créé en roman par Earl Derr Biggers, en 1925.

Alfred Andriola, ancien assistant de Milton Caniff, l’anime depuis octobre 1938 avec succès, dans un style réaliste qui joue beaucoup sur l’alternance entre l’ombre et la lumière.

Un découpage très cinématographique dynamise l’action, notamment dans les nombreuses séquences de combats entre bandits et forces de l’ordre. « Charlie Chan » a été publié en France dès 1939, dans L’Aventureux et dans Junior.

« Charlie Chan » dans L'Audacieux.

« Don Dixon and the Hidden Empire » aux USA.

Western, aventures de guerre ou policières, il ne reste que la science-fiction pour constituer le cocktail de tout journal de jeunes qui se veut captivant. Le genre est ici représenté par « Donald Dixon » (« Don Dixon and the Hidden Empire »), série d’anticipation créée aux États-Unis, en octobre 1935, par Carl Pfeufer pour le dessin et Bob Moore pour le scénario.

La bande ressemble à « Flash Gordon » d’Alex Raymond, sortie en janvier 1934 avec un succès considérable.

Les similitudes entre les deux sagas se révèlent dans les scénarios et les personnages (Dixon rappelle Gordon, le docteur Lugoff le savant Zarkoff, etc.), mais aussi dans le dessin de Carl Pfeufer qui, au début du moins, s’inspire maladroitement d’Alex Raymond. Heureusement, par la suite, il créera une faune, une flore et une architecture originales.

En France, où l’on découvre alors avec enthousiasme la bande dessinée d’anticipation, ces rapprochements passent inaperçus et la série remporte un succès appréciable avec parution, dès 1939, dans L’Aventureux, puis dans Hurrah zone libre en 1940-1941.

« Donald Dixon » dans L'Audacieux.

OFFENSIVE FRANÇAISE

Au n° 5/6 du 23 mars 1941, le journal passe à 8 pages, sur format géant, avec de larges marges, mais un papier de moins bonne qualité et un clichage hâtif qui assombrit les couleurs. De nouvelles séries débutent alors, dont « Christophe Colomb » de Raymond Poïvet.

Celui-ci a commencé comme graphiste avant la guerre dans le dessin de mode et de publicité avant d’aborder la bande dessinée avec « Robinson Crusoë » qu’il vient juste de terminer en zone occupée dans l’hebdomadaire Grandes Aventures.

Ce « Christophe Colomb », en quatre couleurs mal centrées, a déjà été publié parallèlement à Paris, dans L’Aventureux, depuis le n° 7 du 13 février 1941.

Poïvet, dans une interview recueillie dans le n° 33 de Schtroumpf : les cahiers de la bande dessinée, trouve la bande abominable.

Certes, le graphisme ne possède pas encore ce dynamisme très américain que l’on retrouvera après la guerre dans Vaillant, lorsque Poïvet élaborera l’une des bandes dessinées françaises les plus longues : « Les Pionniers de l’Espérance » (1945-1973), mais déjà une certaine élégance du trait se reconnaît dans ce « Christophe Colomb », laquelle ne passe pas inaperçue.

Cette distinction se retrouve dans « Napoléon » qu’il publie dans L’Audacieux, à partir de juillet 194l (et parallèlement à Paris dans L’Aventureux) avec, manifestement, l’influence du maître René Giffey quant à la documentation historique et la précision des décors ; voir aussi Raymond Poïvet (1ère partie) et Raymond Poïvet (2ème partie).

Ce dernier, d’ailleurs, est aussi présent dans ce même n° 5/6 de L’Audacieux avec une bande passionnante, « Le Corsaire de la mort » (publiée parallèlement dans L’Aventureux parisien).

Très admiré par les jeunes dessinateurs français de l’époque, René Giffey est une des gloires des éditions Offenstadt pour lesquelles il a repris « L’Espiègle Lili » (1921), créé « Nigaude et Malicette » (1929) et « Petite Shirley » (1936) dans Fillette, « Les Frôle-la-mort » (1937) dans Boum, « Jean Lion le spahi » (1938) dans L’As, « Vidocq » en album (1939), avant de réaliser « Les Assiégés de Médine » dans Junior, en juillet 194l.

Avec « Le Corsaire de la mort », il collabore pour la première fois à la presse de Cino Del Duca où il va signer en cette même année 1941 « Le Comte de Monte-Cristo » dans L’Audacieux et L’Aventureux, ainsi que « Surcouf » dans Hurrah !.

Plus tard, toujours pour Del Duca, dans l’hebdomadaire Tarzan, il créera « Buffalo Bill » (1946), et adaptera en bandes dessinées avec beaucoup de talent « Les Misérables » (1946) et « Quatre-vingt-treize » (1949) de Victor Hugo. René Giffey se révèle comme un dessinateur historique de grande classe, très à l’aise lorsqu’il s’agit de représenter le monde intrépide de la flibuste, que ce soit présentement, avec « Le Corsaire de la mort », mais aussi avec « Malabar » dans L’Intrépide (1936), « Surcouf » dans Hurrah ! (1941) et Les Belles Aventures (1942), « Fille de pirate » (1947) dans Fillette ou « Pavillon noir » dans Tarzan (1952). Son dessin expressif, d’une grande authenticité jusque dans les moindres détails, se révèle particulièrement approprié à ces aventures flibustières toutes plus exaltantes les unes que les autres.

À signaler à partir du n° 7, une amélioration dans l’impression des couleurs qui se retrouvent enfin centrées par rapport aux vignettes.

BANDES SECONDAIRES ET TROISIÈMES COUTEAUX

Les bandes américaines de qualité coexistent dès les débuts de L’Audacieux avec d’autres séries d’outre-Atlantique plus modestes comme « Lutte des géants » (non signée), en noir et blanc sur toute la page 3, où une sorte de docteur Frankenstein, du nom de Ting Loy, affronte un super-héros dit l’Inconnu.

« Lutte des géants » dans L'Audacieux.

À noter aussi les super-héros « L’Éclair » (« The Flamme ») de Lou Fine à partir du n° 5/6 et, au n° 21, « Le Surhomme » appelé « Le Fantôme d’acier », puis « L’Homme d’acier » dans Hurrah !, où il sera malmené en mars 194l par Brantonne, lequel se permettra de le transformer en « Superman », avec le célèbre S gravé sur la poitrine. Connue aux États-Unis sous le nom de « The Blue Beetle », la bande a été créée par Charles Nicholas en août 1939.

« Robin Hood » par Charles Snelgrove aux USA.

Autre série secondaire : « Robin des bois » dessiné par le Canadien Charles Snelgrove sur les deux tiers de la page 4 et en couleurs.

Cette dernière œuvre a vu le jour en 1935 dans le Toronto Telegram sur des scénarios de Ted McCall.

Elle bénéficie, jusqu’en 1940, d’une diffusion internationale, aux États-Unis, en Europe et particulièrement en France où elle remporte un certain succès et fait les beaux jours de la collection de récits complets Les Aventuriers d’aujourd’hui, à partir de 1937.

« Robin des bois » par Charles Snelgrove dans L'Audacieux.

Et puis, n’oublions pas les troisièmes couteaux avec, au n° 4 de fin février 1941, la première bande italienne, « Le Héros de la flotte » de Giuseppe Cappadonia, suivie, au numéro suivant, par « La Couronne de rubis » de Franco Chiletto, lequel donnera aussi « Le Tambourin du mousquetaire » à partir du n° 13, toutes bandes confondantes d’infantilisme quant au scénario et sans aucune originalité quant au graphisme.

Michel DENNI (qui remercie Charles Dubois et Ange Tomaselli) 

Mise en pages et mise à jour du texte : Gilles Ratier 

(1) Voir nos différents « Coins du patrimoine » sur :

Le Tarzan d’après-guerre (1ère et 2ème série) : première partie, Le Tarzan d’après-guerre (1ère et 2ème série) : deuxième partie et Le Tarzan d’après-guerre (1ère et 2ème série) : troisième et dernière partie.

Le Hurrah ! d’après-guerre… (première partie) et Le Hurrah ! d’après-guerre… (deuxième partie).

L’Intrépide, un hebdomadaire classique (première partie) et L’Intrépide, un hebdomadaire classique (deuxième partie).

Mireille, un hebdomadaire pour le lectorat juvénile féminin… (troisième partie)

et Mireille, un hebdomadaire pour le lectorat juvénile féminin… (quatrième et dernière partie).

(2) Voir « Des éditeurs dans la tourmente » par Thierry Crépin, in Collectionneur de bandes dessinées n° 86.

L’AUDACIEUX (1941-1942)

FICHE SIGNALÉTIQUE

Titre : L’Audacieux

Éditeur : Éditions Mondiales, 58 rue de Paris, Vichy (n° 1 à 7), 8 rue Alphonse Karr, Nice (n° 8 à la fin).

Premier n° : 30 janvier 1941 et 6 février 1941 (Vichy et Clermont-Ferrand)

Dernier n° : n° 33 du 24 août 1942.

Jour de parution : le jeudi (du n° 1 au n° 4), le dimanche (du n° 5 au n° 26), le mardi (n° 27 et 28), le lundi (du n° 29 à la fin).

Numérotation : elle recommence au n° 1 chaque année. 46 numéros en 1941 et 33 numéros en 1942, soit 79 en tout.

Nombres de pages : 4 du n° 1 au n° 4, 8 du n° 5 de 1941 au n° 3 de 1942 (sauf le n° 36 de 1941 qui est un spécial de 12 pages), 4 du n° 4 de 1942 au n° 26 de 1942, 8 du n° 27 de 1942 au n° 33 de 1942

Format : 28 x 38 cm du n° 1 au n° 4, 31 x 43 cm du n° 5 de 1941 au n° 26 de 1942, 21,5 x 31,5 cm du n° 27 de 1942 au n° 33 de 1942

Filiations : Suite de L’Aventureux zone libre, précède Les Belles Aventures de Nice

Reliures éditeur : aucune

Particularité : vignettes à découper à partir du n° 36 de 1941

Note : Le titre L’Audacieux avait déjà été utilisé par les éditions Mondiales pour une collection de récits complets (entre 1937et 1940) à laquelle on pouvait s’abonner (avec possibilité d’abonnement combiné : Hurrah !L’Aventureux et L’Audacieux).

Le même titre sera repris après guerre pour une nouvelle, mais brève, série de récits complets.

TABLEAU SYNOPTIQUE

TITRE

DURÉE

AUTEUR

GENRE

PAYS

LE ROI DU

FAR WEST

(RED RYDER)

N° 1 (6/2/41) à

28 (20/7/42)

inachevé

Fred Harman, puis

René Brantonne à partir du n° 15 (1941)

western

USA

DON

WINSLOW

N° 1 (6/2/41) à 25 (3/8/41) inachevé

Leon A. Beroth

sc. Frank V. Martinek

aventures

maritimes

USA

CHARLIE CHAN

N° 1 (6/2/41) à 27 (19/8/41)

Alfred Andriola

aventures

policières

USA

LUTTE DES

GÉANTS

N° 1 (6/2/41) à 3 (20/2/41)

?

super-héros

USA

ROBIN DES BOIS

N° 1 (6/2/41) à 17 (27/4/42)

Charles R. Snelgrove

aventures médiévales

Canada

DONALD DIXON

N° 1 (6/2/41) à 28 (26/8/41)

Carl Pfeufersc. Bob Moore

science-fiction

USA

LE HÉROS DE LA FLOTTE

N° 4 (27/7/41) à 20 (29/6/41)

Giuseppe Cappadonia

aventures

maritimes

Italie

CHRISTOPHE

COLOMB

N° 5/6 (23/3/41) à 32(17/8/42) Raymond Poïvet

aventures historiques et maritimes

France

LA COURONNE

DE RUBIS

N° 5/6 (23/3/41) à 12 (4/5/41) Franco Chiletto

aventures

policières

Italie

L’ÉCLAIR

(THE FLAME)

N° 5/6 (23/3/41) à 21 (6/7/41) Lou Fine super-héros USA

LE CORSAIRE DE LA MORT

DEVENU FERDINAND LE CORSAIRE au n° 31 (10/8/42)

N° 5/6 (23/3/41) à 33 (24/8/42) inachevé René Giffey

aventures

maritimes

France

LE TAMBOURIN DU MOUSQUETAIRE

N° 13 (11/5/41) à 36 (20/10/41) Franco Chiletto

aventures

policières

Italie

LE SURHOMME

N° 21 (6/7/41) à 39 (10/11/41) Charles Nicholas, puis René Brantonne

super-héros

USA

 

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