Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...Murphy Anderson, le super dessinateur-encreur nous a quittés…
Nous venons d’apprendre la disparition de Murphy Anderson, le 23 octobre 2015. Véritable légende des comics DC, le grand dessinateur et encreur s’est éteint à l’âge de 89 ans. Célèbre pour ses encrages minutieux et délicats sur les crayonnés de géants tels que Carmine Infantino, Gil Kane et Curt Swan pendant les années 1960-1970, Anderson avait également dessiné, en solo, de nombreuses séries DC, dont « Hawkman » et « Spectre ».
Né à Ashville (Caroline du Nord) le 9 juillet 1926, Anderson découvre la BD en lisant les strips de « Buck Rogers ». Il commence sa carrière chez Fiction House, où il découvre le travail de Will Eisner et de Lou Fine. Il y dessine rapidement « Suicide Smith », « Sky Rangers » et « Star Pirate ».
Après son service militaire, il reprend les daily strips de « Buck Rogers » entre 1947 et 49 (National Newspaper Service syndicate).
Il travaille ensuite, en free-lance, chez divers éditeurs dans les années cinquante : Pines Comics, St John Publications, Ziff Davis (Amazing Adventures, Kid Cowboy avec Siegel), DC Comics, et Atlas Comics, l’ancêtre de Marvel (Suspense n° 7).
Il s’installe finalement à DC où il restera tout le restant de sa longue carrière. D’abord, il succède, en tant que dessinateur, à Carmine Infantino sur « Captain Comet » dans Strange Adventuresn° 12-44 (1951-1953).
Après un retour sur les pages du dimanche de « Buck Rogers » en 1958-1959, il encre Infantino chez DC sur « Flash » de 1959 à 1971 (n° 110 à 208).
En 1960, Anderson et le scénariste John Broome créent la série des « Chevaliers atomiques » (Strange Adventures n° 117-160, 1960-1965), qui paraîtra en France dans Monde futur(Artima).
Il encre également les couvertures de Mike Sekowsky pour « Justice League of America ».
Au même moment, il encre magnifiquement Gil Kane dans Green Lantern (n° 1-74, 1960-1966) et les onze premiers numéros d’Atom de 1962 à 1964.
Anderson et le scénariste Gardner Fox ressuscitent alors « Hawkman » dans sa propre revue (mai 1964). Dans le n° 4 du titre apparaît la belle Zatanna, en novembre 1964, toujours due au tandem Fox & Anderson. Ce dernier dessinera, avec talent, les 21 premiers numéros de la revue.
Toujours avec Fox, sur la demande de l’editor Julius Schwartz, il reprend « The Spectre » dans Showcase n° 60-64 (1966), avant d’encrer le personnage dans son propre magazine l’année suivante.
En 1966, il dessine les boîtiers des mannequins Captain Action pour Ideal Toy Corps.
À cette époque, Anderson est involontairement à l’origine d’une révolution bouleversant la production des comics.
S’adressant à Sol Harrison, le responsable de production DC, il suggère de diminuer la taille des planches originales. Harrison trouve l’idée excellente, car elle permet de photographier deux planches à la fois au lieu d’une.
Un format adopté par les imprimeurs dès 1967 et qui s’imposera chez tous les éditeurs de comics.
Anderson dessine, dans la foulée, le costume d’Adam Strange et encre à nouveau Sekowsky, puis Infantino, sur la magnifique série du personnage paraissant dans Mystery in Space n° 56-91, également publié en France dans Monde futur.
Il encre Gil Kane sur les séries « Bat Girl » et « Robin » s’alternant dans Detective Comics (n° 384-397 et n° 390-395) en 1969.
Sous l’égide de l’editor Infantino, Anderson devient l’encreur officiel de Curt Swan sur la série « Superman » d’Action Comics (n° 380-433, 1969-1973) et Superman n° 233-270, imposant le look définitif du personnage. Par ailleurs, sur ordres des directeurs de publications DC, il retouche les crayonnés de « Superman », « Supergirl », « Jimmy Olsen »… des séries dessinées par d’autres artistes (Jack Kirby ou Mike Sekowsky).
En parallèle, il encre également les Superboy de Bob Brown (n° 167-197) de 1970 à 1973.
En 1973, avec son fils, Murphy Jr., Anderson monte la société Visual Concepts, fournissant une gamme plus importante de couleurs (plus de 359 nuances) aux comic books, et notamment à DC.
En 1973-1974, il dessine les héros d’Edgar Rice Burroughs dans Korak, Son of Tarzan (n° 52-56) et quelques épisodes de « John Carter » dans Weird Worlds n° 1-3.
Tout au long de sa carrière, Murphy Anderson a reçu de nombreux Alley Awards pour ses encrages et a été admis aux Kirby et Eisner Halls of Fame, respectivement en 1998 et 1999.
« Superman » perd définitivement son équipe de dessinateurs la plus prestigieuse avec le décès d’Anderson, lequel vient s’ajouter à celui de Curt Swan survenu le 17 juin 1996.
Jean DEPELLEY