Depuis ses débuts dans l’hebdomadaire Tintin en 1948, Alix a parcouru le monde antique et bien au-delà. Ce nouvel épisode le conduit au royaume de Kamarés — inconnu du reste du monde — où s’est retirée la population minoenne. Une aventure qui entraîne le blond Gaulois loin de Rome, bien entendu accompagné par l’incontournable Énak. Un périple aux multiples rebondissements qui aurait comblé Jacques Martin, tant au niveau du scénario parfaitement maîtrisé qu’à celui des dessins, respectueux de son œuvre.
Lire la suite...« Niourk T3 : Alpha » par Olivier Vatine [d'après Stephan Wul]

Voyager, c’est souvent aller visiter des ruines de cités antiques. Pour certains auteurs, c’est aller visiter celles de cités futures ! Ce que fait Olivier Vatine qui « revisite » le célèbre roman de Stefan Wul et clôt aujourd’hui son expédition futuriste en trois tomes… A New York, devenue « Niourk », les voyageurs sont rares puisque sont rares les survivants à vouloir s’hasarder et s’attarder dans « la ville des dieux »…
Dans un univers post-cataclysmique effrayant (avec espèces mutantes et robots agressifs) et sur une planète devenue exsangue et radioactive, seule semble avoir survécu une tribu aux allures préhistoriques, d‘où émerge un enfant noir pas comme les autres. Plusieurs siècles après la catastrophe nucléaire initiale, dans la tribu de Thôz, l’unique enfant à la peau noire est cependant considéré comme responsable des malheurs du clan. Dans le tome 1, on le découvrait à la recherche des dieux, alors qu’il partait sur les traces du vieux sorcier de la tribu et faisait face à la civilisation qui fut celle du XXe siècle… Dans le tome 2, lorsqu’il revient parmi les siens armé d’un fusil, il constate que son village a été détruit par un incendie et que sa tribu a fui vers le nord, Thôz, le chef de la tribu, les poussant à traverser le fief des monstres. Mais l’enfant arrive à temps pour les sauver du massacre. Reste à rejoindre la ville de Niourk, et c’est tout l’objet de ce dernier volet où le héros se transforme peu à peu en guide, en leader, puis en héros aussi virtuel qu’omniprésent. L’enfant noir, irradié er voué à la mort, va connaître une métamorphose qui fait passer le gamin de petit être primitif à créature hyper-évoluée.
Dans l’ensemble des Univers de Stefan Wul que les éditions Ankama ont lancés depuis octobre 2012, il va de soi que « Niourk » est le fleuron, qui plus est signé par un Vatine en grande forme, réalisant seul scénario, dessin et couleurs. Cette adaptation est un extraordinaire plaisir des yeux. Vatine alterne les planches traditionnelles et les dessins pleine page, compose des dessin double-page et des double page BD muettes car l’auteur prend son temps et nous offre des pages très visuelles, déléguant à d’autres le soin de regrouper des pavés narratifs abondants mais nécessaires.
Cet éclatement de la norme narrative est un bon choix car on savoure, ici, des décors à couper le souffle ; là des fragments très romanesques (voire un tantinet bavards) vite rééquilibrés par du spectacle plein les yeux. Et puis le trait capture sauvagement les animaux, saisit habilement les mimiques, ou se fait séducteur dès qu’il s‘agit d’héroïnes. En trois mots : c’est dynamique, efficace et élégant !
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT : L@BD->http://9990045v.esidoc.fr/ et sur Facebook.
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« Niourk T3 : Alpha » par Olivier Vatine [d'après Stephan Wul]
Éditions Ankama ((13, 90 €) – ISBN : 978-2-3591-0545-2