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« Les Royaumes du Nord T2 » par Clément Oubrerie et Stéphane Melchior-Durand

10/09/2015
Par Laurent Lessous

Créer son propre univers à partir d’un best-seller de la littérature pour la jeunesse, n’est pas chose facile. C’est pourtant ce que réalisent Clément Oubrerie et Stéphane Melchior-Durand en adaptant le premier volume de « A la croisée des mondes », la trilogie du maitre de la fantasy Philip Pullman. Le deuxième tome de « Les Royaumes du Nord » confirme tout le potentiel d’une série déjà récompensée lors du dernier festival d’Angoulême.

À l’origine, il y a une saga jeunesse à succès, « A la croisée des mondes » de Phillip Pullman. La trilogie est publiée de 1995 à 2000 avant d’être adaptée au cinéma en 2006 par Chris Weitz sous le titre « À la croisée des mondes : La Boussole d’or ». A l’affiche de ce film hollywoodien on trouve des vedettes comme Nicole Kidman, Daniel Craig ou Eva Green, ce qui explique son adaptation dans un jeu vidéo homonyme dès 2008. Ce n’est que six ans plus tard que Stéphane Melchior-Durand tire du premier volume de la trilogie un scénario de bande dessinée pour le dessin de Clément Oubrerie.

Les Royaumes du Nord tome 2 page 3

Le premier volume de cette trilogie annoncée a reçu le Fauve Jeunesse d’Angoulême en janvier dernier. Récompense justifiée par un scénario dense, fidèle à l’œuvre d’origine, tout en profitant du passage à l’image pour se débarrasser de longues descriptions, ce qui apporte un rythme soutenu à ce récit de fantasy. Le dessin souple de Clément Oubrerie se fait envoutant pour les décors d’un Grand Nord féérique, d’une précision poétique dans les nuances de la psychologie d’une dizaine de personnages principaux, tout en distillant un humour très anglo-saxon dans plusieurs séquences, de quoi désamorcer le tragique de certaines situations.

Les Royaumes du Nord tome 2 page 10

Dans ce deuxième volume de la série de bande dessinée, les héros ont quitté un Londres uchronique du début du XXe siècle pour les paysages enneigés d’une Scandinavie réinventée. Une jeune fille intrépide de onze ans, Lyra Balacqua, a été élevée, quasi séquestrée au Jordan College d’Oxford. A la suite d’un sombre complot, dont elle ne maitrise pas tous les tenants et aboutissants, elle est partie à la recherche de son oncle, le ténébreux Lord Asriel, et de son jeune ami Roger dans les Territoires du Nord. Les Gitans des mers la conduisent à la frontière du Grand Nord.

Les Royaumes du Nord tome 2 page 13

Il nous devient difficile de conter par le menu ses rocambolesques aventures suivantes. Sachez seulement qu’elle se fait un ami de Iorek Byrnison, un ours en armure, et qu’aidée d’une meute de sorcières bienveillantes elle délivre Roger des terribles Enfourneurs dirigés par l’ambigüe Mme Coulter, qui n’est autre que la propre mère de Lyra. A bord d’un dirigeable, elle poursuit sa quête. Elle doit encore délivrer Lord Asriel, prisonnier dans un des fascinants royaumes du Nord, près de l’Arctique.

Les Royaumes du Nord tome 2 page 30

Elle dispose pour cela de deux atouts maitres, un aléthiomètre, un instrument, « lecteur de vérité » qu’elle manie avec dextérité, et son rusé dæmon, Pantalaimon. Pour ceux qui l’ignore, dans le monde des Royaumes du Nord, l’âme de chaque être humain est visible à l’extérieur de son corps sous la forme d’un animal, reflétant sa personnalité et que l’on appelle dæmon, à prononcer démon.

Les Royaumes du Nord tome 2 page 44

Les deux auteurs français ont magistralement adapté le fascinant univers d’un best-seller de la littérature anglo-saxonne contemporaine. Sans appauvrir le récit originel, les deux bédéistes ont su trouver le bon équilibre entre textes et image dans une BD d’aventure, foisonnante et dynamique. Ils ont conservé la profondeur des thématiques du roman tout en apportant une certaine légèreté au récit, de quoi satisfaire un vaste lectorat, des plus jeunes charmés par le côté fantastique de ce récit d’initiation, aux adultes qui percevront les questionnements métaphysiques voire philosophiques de l’œuvre originale.