« Spécial Jack Kirby »

Devoir faire un deuxième « Spécial Kirby » après celui de novembre dernier afin de rendre compte de l’actualité du King en France : pas de doute, il y a réellement un regain d’intérêt pour ce monstre sacré de l’histoire des comics, et c’est tant mieux ! Outre la belle exposition qui a eu lieu au dernier Festival d’Angoulême, pas moins de trois nouveaux ouvrages fondamentaux sont parus ces derniers temps – que je vous propose aujourd’hui…

« Jack Kirby, le super-héros de la bande dessinée T2 :1966-1994 » par Jean Depelley

Ça y est ! Le tome 2 de la monumentale biographie de Jack Kirby signée par Jean Depelley – l’un des plus grands spécialistes du King – est enfin sorti chez Neofelis (pour lire ma critique du T1 : http://bdzoom.com/72114/comic-books). Un véritable événement, puisque comme je vous l’avais déjà dit, cette biographie est la plus complète et érudite jamais éditée, retraçant l’histoire professionnelle tout autant que personnelle de l’immense Jack avec une précision chronologique qui donne le vertige, truffée d’anecdotes et d’éléments historiques nous éclairant sur le parcours de l’homme et l’évolution des comics. Une Bible pour tout amoureux de Kirby, donc, mais aussi un ouvrage de référence pour qui s’intéresse à l’histoire des comics, l’homme ayant été l’une de ses figures les plus importantes, artisan prépondérant ayant révolutionné la bande dessinée américaine au XXe siècle – à l’instar d’un Will Eisner. À la fin du premier tome, nous en étions arrivé à la fin de l’année 1965, c’est-à-dire à l’apogée de la carrière de Kirby chez Marvel. Mais dès le début de l’année 1966, les choses se corsent un peu, ce que nous rappelle ce second tome dès les premières lignes…

 

Après avoir traversé trois décennies dans le monde des comics en ayant tâté de tous les genres avec une virtuosité remarquable, il y aura encore deux décennies de grande créativité à venir, pas moins exceptionnelles en termes de travail et d’invention. Peu d’artistes auront marqué ainsi de leur originalité et de leur talent près de 50 ans d’histoire des comics. On le sait depuis longtemps, maintenant, la charnière des sixties et des seventies s’est faite dans une certaine douleur pour Kirby, celui-ci ne s’y retrouvant plus chez Marvel et ayant le désir de créer des comics où il serait à la fois compositeur, chef d’orchestre et interprète. Pour ce faire, Kirby ira chez DC, le grand concurrent direct de Marvel, et y créera d’incroyables opéras high-tech, plus sombres, plus mystiques, plus adultes, où éclateront avec force son imagination débridée et sa créativité visionnaire… De « Kamandi » à « OMAC » en passant par la tétralogie du « Quatrième Monde » ou encore « The Demon », Kirby va faire feu de tous bois, faisant preuve d’une capacité de travail surhumaine (Depelley a raison : Kirby était un véritable super-héros de la bande dessinée !). Jusqu’au milieu des années 80, Kirby créera et inventera encore, passant par l’animation, le collage, la peinture… et les comics, bien sûr ! Puis ce sera le temps du retrait, fatigué par les imbroglios de droits et autres polémiques, sans parler de la maladie… Jean Depelley ne fait pas l’impasse sur ces événements et ces problèmes de copyrights, de droits d’auteur, qui ont perduré après le décès de Kirby en 1994 et qui ont mené sa famille dans des batailles juridiques terribles, épuisantes, sans fin…

 

Dans la droite continuité du premier volume, ce second tome offre – en plus du texte encyclopédique de l’auteur – une pléiade de documents, dessins, photos, croquis et planches crayonnées, peintures de tout premier ordre, nous plongeant dans la matière des différentes époques et dans l’atelier du maître. De nombreux documents inédits illustrent le propos, révélant le dessous des créations kirbyennes : des trésors qui ne peuvent que ravir les fans et qui éclairent avec justesse cette galaxie faite homme. Tout cela est tout à fait passionnant. Pour compléter cette impressionnante biographie, l’auteur clôt son ouvrage par une dernière partie se penchant sur l’héritage de Kirby après son décès. Héritage culturel, artistique, démontrant combien l’aura de cet immense auteur et dessinateur continue d’influencer le monde des arts, combien sa marque reste indélébile et fructueuse en termes de créativité à venir… et combien on ne cesse de redécouvrir cette œuvre gigantesque, véritable patrimoine artistique américain aux répercussions mondiales… Bref, impossible de passer à côté de cet ouvrage majeur (tiré à 1000 exemplaires) que vous pouvez commander en allant sur le site de l’éditeur (http://www.neofelis-editions.com). Bravissimo !

« Jack Kirby, king of comics » par Mark Evanier

Voici un autre ouvrage consacré au King qui doit aussi retenir toute notre attention, et ce pour plusieurs raisons. Inédit en France jusqu’à présent, ce beau livre édité en 2008 est signé par quelqu’un qui a bien connu Kirby, puisque Mark Evanier l’avait rencontré en 1969, qu’il devint très vite son assistant, avant d’être considéré plus tard comme son biographe officiel. L’homme connaît donc Kirby comme peu de gens peuvent s’en targuer, l’ayant côtoyé de très près et ayant partagé des moments privilégiés avec lui. L’ouvrage fourmille donc d’anecdotes de première main, nous permettant d’aborder l’artiste et le mythe pratiquement « de l’intérieur ». Pour autant, malgré son amitié, son émotion et son admiration éternelles pour le King, Evanier fait ici preuve de sang-froid, ne se perdant pas dans ce qui aurait pu n’être qu’une hagiographie aveugle. Non, l’auteur a plutôt écrit sous un angle à la fois juste et intime, sachant souvent prendre du recul tout en étant au cœur des choses. Un équilibre parfait où le parcours et la personnalité de Kirby sont exprimés de manière concise mais non aride, s’attachant à dépeindre ce qui doit être retenu de l’homme et de l’artiste qui se cachent derrière cette appellation de « King » (ces remarques et anecdotes à ce propos sont d’ailleurs tout à fait éclairantes et bienvenues, démythifiant la réputation placardée tout autant que réhabilitant la valeur de l’homme et sa belle simplicité). C’est donc avec un très grand plaisir que l’on parcourt cet ouvrage, les mots d’Evanier sonnant juste, abondamment illustré par de sublimes documents.

 

Car l’iconographie de cet ouvrage n’est pas la dernière de ses qualités, bien au contraire ! De très beaux documents émaillent le texte, souvent en pleine page, sublime galerie kirbyenne qu’on ne se lasse pas d’admirer encore et encore… Reproductions de dessins et de planches originales, crayonnés, peintures, couvertures, collages, le tout merveilleusement restitué : le spectacle est total. Comme le dit très justement Neil Gaiman (eh oui !) dans son introduction, cet ouvrage est comme un Musée Kirby où Evanier serait le guide… Parmi les trésors de ce livre, il y a par exemple la fameuse histoire « Le Code de la rue », réalisée au crayon par Kirby pour le magazine Argosy au début des années 80, où il dresse un portrait de ce que fut son enfance dans le quartier pauvre du Lower East Side, à New York. Un témoignage primordial que nombre de fans français n’avaient pas pu lire jusqu’à présent. On y trouvera aussi les planches originales d’un épisode entier de « Fighting American » (publié récemment chez Neofelis) qui s’avèrent fort intéressantes ! Les crayonnés de planches et dessins mis en couleurs par Kirby constituent de superbes pièces qui donnent à l’ensemble une valeur artistique très forte. De très belles images, un très beau témoignage, bref, un très bel album que je vous recommande fortement !

« Le Quatrième Monde » T1 par Jack Kirby

On finit ce « Spécial Kirby » avec le premier tome de l’édition d’une œuvre majeure du King que ses fans français attendent depuis très longtemps, je veux bien sûr parler du mythique et fantasmatique et mirifique « Quatrième Monde ». On y retrouve Mark Evanier qui y signe de très belles postfaces pour les quatre volumes de cette édition omnibus, et pour ce premier tome une préface jouissive de Grant Morrison qui définit très bien cette tétralogie de Kirby comme étant une symphonie inachevée. Oui, inachevée, car entre octobre 1970 et février 1974, les 58 numéros sortis sur quatre titres différents n’aboutirent pas à la fin synthétique souhaitée par Kirby, DC Comics estimant que le succès n’était pas assez au rendez-vous. Les fous. Les ignares. Les pauvres marchands de soupe. Ce faisant, ils cassèrent la première grande épopée super-héroïque digne de ce nom, et l’on n’ose même pas imaginer quelle pauvre réponse les dirigeants de DC de l’époque pourraient bien nous donner, à part un piteux aveu de mercantilisme assassin bas de plafond. Le profit, toujours le profit, aveugle aux grandes avancées artistiques qui sont déjà à cent lieues d’eux et de leur vision étriquée. Qu’on ne me dise pas qu’avec certains titres phares très rémunérateurs ils n’avaient pas les moyens de « résorber » la « catastrophe » économique due à cette polyphonie qui était en train d’annoncer le futur de l’industrie des comics, celle-là même qui aujourd’hui joue son va-tout sur les notions de multivers et autres crossovers intra-muros devenus un enjeu économique très juteux… Incapables de comprendre et de voir combien Kirby était en avance sur son temps. Mais bref !

Le « Quatrième Monde », c’est donc au départ « Superman’s Pal : Jimmy Olsen », la seule des quatre séries à ne pas avoir été créée par Kirby mais reprise par lui pour l’intégrer à l’univers qu’il était en train d’échafauder (un titre où le visage de Superman était redessiné car on considérait que la style kirbyen n’était pas à même de donner une vision acceptable et reconnue du Kryptonien). Viendront ensuite « The Forever People », « The New Gods », et enfin « Mister Miracle ». Ensemble, ces quatre séries constituèrent donc ce qu’on appelle le « Quatrième Monde » de Kirby, œuvre chorale ouvrant des horizons alors insoupçonnés… Une complémentarité entre mythologie de l’avènement de nouveaux dieux (« The New Gods »), renouveau de la jeunesse (« The Forever People ») et capacité d’évasion des systèmes de pensées en vigueur (« Mister Miracle ») ; « Superman’s Pal : Jimmy Olsen » n’étant qu’un pendant subi ne s’étant jamais réellement intégré à l’ensemble, au point qu’on devrait plutôt parler d’un « Troisième Monde ». Mais re-bref !

Le « Quatrième Monde » de Kirby est un projet ambitieux, pharaonique, superbe, théâtre tentaculaire d’une nouvelle vision des choses aux ramifications infinies. Carrefour entre le cosmos, la Terre, le contexte humain à la fois archaïque et connaissant des avancées technologiques qui le dépassent, cette tétralogie met en perspective le réel et les croyances, le concret et les espérances, la réalité et l’imaginaire, le tout se télescopant dans des territoires où s’entrechoquent l’affect et l’intellect dans des dimensions d’une grande intensité. L’humour et le drame s’y côtoient, le lecteur se retrouvant tour à tour en pleine comédie surréaliste, drame shakespearien et science-fiction de grande ampleur. Les enjeux qui se jouent ici se font le miroir de nos certitudes mais aussi de nos peurs, dans une grandiloquence aussi bienveillante qu’inquiétante. On rit, on a peur, on s’émeut et on frissonne, otages volontaires d’un opéra se jouant en de multiples actes dont les différents visages finissent par se rejoindre à notre plus grande surprise. Alors qu’il semble créer quelque chose qui dépasse l’humanité, Kirby instaure dans cette œuvre multiple un véritable portrait de tout ce qui pétrit l’être humain, l’amour n’étant pas le dernier des sentiments exprimés, bien au contraire. Impossible de définir sérieusement et de manière exhaustive cette belle et grande œuvre ici – car il faudrait des livres entiers pour cela – mais vous aurez compris – si vous ne connaissez pas cette création – que l’on a affaire là à quelque chose d’énorme, d’historique, qui restera pour toujours comme étant l’une des œuvres majeures de toute l’histoire des comics. Pour ceux qui connaissent le « Quatrième Monde », inutile d’aller plus loin non plus, ils savent combien cette première édition intégrale chronologique en français constitue un événement majeur. Et dire que quand j’étais enfant je n’aimais pas Kirby… Heureusement qu’on grandit !

Cecil McKINLEY

« Jack Kirby, le super-héros de la bande dessinée T2 :1966-1994 » par Jean Depelley

Éditions Neofelis (36,00€) – ISBN : 979-1-0903-1405-4

« Jack Kirby, king of comics » par Mark Evanier

Éditions  Urban Comics (29,00€) – ISBN : 978-2-3657-7604-2

« Le Quatrième Monde » T1 par Jack Kirby

Éditions  Urban Comics (35,00€) – ISBN : 978-2-3657-7578-6

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7 réponses à « Spécial Jack Kirby »

  1. Capitaine Kérosène dit :

    Bonjour Cecil,

    Merci pour ce spécial Kirby.
    Je ne saisis pas très bien le contenu du volume Quatrième Monde. L’album regroupe des séries créées par Kirby simultanément à l’époque de son passage chez DC. Mais leurs parutions se faisaient en même temps. Comment lire les épisodes contenus dans le volume d’Urban ? Ils sont regroupés par série ou chronologiquement ? Y a-t-il des références communes d’une série à l’autre, des passages de personnages d’un univers à l’autre (cross overs). Comment ça se lit en fait ?
    Le sens de la note de l’éditeur m’échappe : « Les épisodes des quatre séries formant la saga du Quatrième Monde sont présentés ici selon l’ordre de parution des numéros américains, certains événements de l’intrigue ne se suivent donc pas forcément de manière chronologique. »
    Qu’est-ce que ça veut dire ? Il se lit comment cet album si l’ordre de parution des numéros est à la fois respectés mais pas chronologique ?!!!
    Enfin, autre question : Jimmy Olsen est-elle une série réellement intéressante ? Un gamin sans pouvoir aidée d’une légion de mômes est-ce que ça fonctionne encore en 2015 ?
    Merci d’avance car j’hésite à commander ce livre. Je crains un peu d’être perdu dans un univers touffu.

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Captain,

      Merci de votre commentaire: houla, que de questions! Je vais essayer d’y répondre le mieux possible.
      Comment lire ce T1 (mais aussi les trois suivants) du « Quatrième Monde »? Eh bien, en se mettant à la place du lecteur américain de l’époque, devant lire 4 titres complémentaires au fur et à mesure de leurs dates de sortie… L’album reprend l’exacte chronologie de sorties de ces titres, c’est-à-dire non pas regroupés par série mais purement chronologiquement. Ainsi, « Jimmy Olsen » devance les autres séries avec trois épisodes sortis entre octobre 70 et janvier 71, puis viennent les premiers épisodes de « The Forever People » et de « The New Gods » (tous deux datés de février-mars 71), puis le premier épisode de « Mister Miracle » (daté de mars-avril 71), et on arrive au « Jimmy Olsen » daté de mars 71, etc…
      Oui, il y a des références communes aux quatre séries, mais qui n’apparaissent pas forcément tout de suite de manière éclatante. En fait, ces quatre séries s’inscrivent dans l’élaboration d’un univers global dont les ramifications sont sous-entendues, plus que des séries intrinsèquement liées entre elles par un cheminement commun. Elles ont chacune leur identité propre, certaines mythologiques et cosmiques, d’autres plus ancrées dans l’air de la société de l’époque, avec un certain humour parfois… Il ne s’agit donc pas de crossover à proprement parler, mais d’une œuvre chorale à plusieurs visages…
      La note de l’éditeur peut induire en erreur, effectivement, car d’un épisode à l’autre on ne suit pas une intrigue qui se suit, mais différentes intrigues qui se suivent selon les titres.
      « Jimmy Olsen » est-elle une série intéressante ? J’aurais tendance à dire pas vraiment, car comme je l’ai dit dans mon article, c’est l’élément un peu bâtard de ce Quatrième Monde, ayant été une série que Kirby a choisi – forcé de reprendre l’un des titres existants de DC pour pouvoir faire le reste. Donc « Jimmy Olsen » n’a pas l’aura et l’intérêt kirbyen des trois autres titres, c’est clair. Pour autant, Kirby a réussi à y créer des concepts tout à fait à la hauteur de sa folie, que l’on appréciera si l’on est sensible à « Kamandi », par exemple. Olsen en lui-même et sa bande de gamins ne sont pas l’intérêt de la série, ce qui est intéressant ici c’est l’humour de Kirby et sa démesure dans l’expression de certaines idées frôlant des sociétés alternatives, ou bien ses tentatives graphiques de collages.
      En bref, si vous êtes un fan de Kirby, impossible de passer à côté de cette œuvre majeure où il eut l’espace pour s’extirper du carcan marvellien et enfin créer des projets plus personnels. Si vous appréciez « seulement » Kirby, le « Quatrième Monde » vaut le coup d’œil, ne serait-ce que pour « The New Gods » qui recèle quelques merveilles d’esthétique kirbyenne (sûrement la plus belle série des 4). Et si vous n’aimez pas forcément Kirby, il reste néanmoins l’intérêt historique de cette tétralogie qui a fait date dans l’histoire des comics.
      Donc, finalement, mon conseil serait de vous dire: allez dans une librairie, feuilletez l’album, et selon ce que vous ressentirez de la beauté des dessins du King, alors achetez-le ou non!

      Bien à vous,

      Cecil McKinley

      • Capitaine Kérosène. dit :

        Merci à vous Cecil pour votre réponse détaillée qui m’aide à comprendre comment lire ce recueil. Habitant à l’étranger, je n’ai malheureusement pas la possibilité de le feuilleter. Je me souviens seulement des publications Arédit et, à l’époque, cet univers m’avait paru bien noir.
        Sinon, j’ai, déjà bien, entendu commandé le livre de Jean Depelley. Celui-là, pas besoin de le feuilleter avant de l’acheter. :-)

  2. Michel Dartay dit :

    C’est vrai que Jimmy Olsen est avant l’arrivée de Kirby une série qui surfe sur la popularité commerciale de Superman, mais qui dispose de peu d’attraits intrinsèques. Le copain de Superman n’a pas de pouvoirs fabuleux, c’est un bon gars, dynamique et honnête, mais un peu naïf et parfois maladroit. Il n’a évidemment pas le sex-appeal de Lois Lane, autre collègue de Clark Kent au Daily Planet, mais il est apte à susciter bien des intrigues (dont seule la présence amicale de Superman pourra le sauver). Il me semble avoir lu quelque part que le King avait insisté pour reprendre la série DC la moins vendeuse de l’époque. Homme de tous les défis, il s’en est servi pour semer les germes de son univers qu’il allait développer dans trois séries autonomes.
    Il ne faut pas juger cet ensemble sur le premier volume qui propose beaucoup de pages encrées par Vince Coletta. Le meilleur viendra avec l’arrivée de Mike Royer.
    On peut enfin noter que si cet ensemble n’obtint pas à l’époque le succès escompté, les créations de Kirby s’imposèrent à terme dans l’univers super-héroïque DC, où Darkseid est toujours un des vilains les plus redoutables.
    Je n’ai pas encore lu cette version française, mais la VO montrait à quel point les dialogues naturels et enlevés de Stan Lee chez Marvel pouvaient contribuer au plaisir de lecture.
    Enfin, la plupart de ces comics furent traduits chez nous vers 1975 par Arédit, en petit format noir et blanc. Il est donc normal que cette oeuvre importante ait enfin les honneurs d’ albums cartonnés en librairie.
    Bonne lecture!

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Michel,

      Merci de votre commentaire.
      Vous avez raison, on a hâte de voir l’arrivée de Mike Royer, encreur bien moins « rêche » que Colletta. Selon Evanier, il faudrait nuancer cette belle légende comme quoi Kirby aurait demandé à reprendre la série DC qui se vendait le moins, car apparemment Kirby aurait plutôt demandé à reprendre une série sur laquelle il n’y avait pas réellement d’équipe artistique attitrée et opérationnelle, ce qui était le cas d’Olsen (pas le titre qui se vendait le moins chez DC, mais celui sur lequel personne ne semblait vouloir travailler sur la continuité et avec intérêt).
      D’accord aussi sur le fait que si Kirby a gagné en liberté artistique dans ces créations personnelles made in DC, il a perdu quelque chose d’essentiel dans les dialogues, ne bénéficiant plus de la verve dynamique de Lee… Mais on ne peut pas être génial partout!

      Bien à vous!

      Cecil

  3. Jean dit :

    Bonjour Cecil et merci pour ce texte élogieux pour ma biographie !
    Pour répondre à Captain Kérosène, Kirby aurait écrit « Don’t ask, just buy! », dans une tentative risquée de reprendre les slogans à la Marvel sur ses couvertures DC. Et c’est vrai que les Jimmy Olsen valent largement le détour. D’un ton plus léger (peut-être grâce à la présence de la Newsboy Legion que personnellement j’aime beaucoup), la série n’en est pas moins une sorte de « guide/garde fou » pour rentrer plus facilement dans le Fourth World. Les thématiques extrêmement novatrices à l’époque et toujours très étranges nous sont présentées par l’intermédiaire de personnages bien connus (Superman & Jimmy Olsen), ce qui facilite leur acceptation. La série Jimmy Olsen présente des hauts (The Hairies, The Guardian et la Newsboy Legion, The Mountain of Judgement, Darkseid, The DNA Project et the Four-Armed Terror, Transilvane…) et des bas (Goody Rickels), mais ne laissera personne indifférent. La lecture chronologique indispensable en fait une sorte de ciment sur lequel reposent les autres revues de la saga. Effectivement, tout va encore s’améliorer avec l’arrivée de Mike Royer à l’encrage.
    Excellente découverte !

    • Cecil McKinley dit :

      Hello Jean,

      Merci de ton commentaire!
      Pas de quoi pour mon éloge, tout sauf du copinage mais bel et bien un regard objectif sur l’extraordinaire travail que tu as fait avec cette biographie titanesque…
      Merci aussi de ton apport nuancé sur « Olsen » que j’ai présenté de manière assez contrastée. Mais tu as raison, au sein de ses hauts et de ses bas, il y avait de belles inventions dans cette série. Kirby a réussi là à transformer une série pas très alléchante malgré un concept de base pourtant assez chouette en quelque chose de tout à fait étonnant. Il y a là bien autre chose qu’un Olsen un peu nigaud affublé de gamins, mais bien une ouverture sur des territoires très originaux, et, comme je le disais, une utilisation de l’art du collage que le King sembla opportun d’expérimenter justement dans cette série plus « académique » au départ. Bref! Thanks!

      Amitiés,

      Cecil

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