Disparu il y a déjà sept ans, René Pétillon — bien connu pour ses dessins d’humour dans Le Canard enchaîné, mais aussi pour son inénarrable détective Jack Palmer dont l’enquête corse a notamment fait parler de lui, car adaptée au cinéma — (1) avait travaillé, depuis 2008, sur ce scénario quasiment achevé. Bien qu’il en ait également assuré partiellement le découpage et les crayonnés (donc, il ne restait pratiquement plus qu’à dessiner l’album), il avait abandonné cet ultime projet pour différentes raisons, dont la nécessité d’honorer d’autres entreprises en cours. C’est le célèbre Manu Larcenet (2), récemment auréolé de son adaptation de « La Route », qui a été approché pour s’approprier l’histoire, la terminer et la mettre en images : un très bon choix !
Lire la suite...« Le Viandier de Polpette » T1 par J. Neel et O. Milhaud

Voilà de formidables histoires d’amitiés et des personnages hauts en couleurs situés dans un bucolique monde d’heroic-fantasy volontiers loufoque, sans elfes, sans fées, sans trolls et sans fantastique (ou si peu?), mais avec d’authentiques et alléchantes recettes illustrées pour se reposer entre de palpitantes grandes aventures ou intrigues politiques. Dit comme cela, pas sûr que vous fassiez l’effort de vous laisser entraîner dans cette croustillante bande dessinée débridée, pleine d’humour et de plaisirs gustatifs : pourtant, croyez-nous, cela vaut vraiment le détour !
Ce premier tome nous permet surtout de découvrir ce havre de paix, coupé du reste du monde en conflit, qu’est Le Coq Vert ;
ceci par le prisme de son propriétaire (l’excentrique comte Fausto de Scaramanda) ou, quelques fois, par celui de Polpette : le cuisinier de son auberge. Cet « Ail des ours » nous permet aussi d’en apprendre plus sur les relations et les liens qui se sont tissés entre ces deux compères principaux et les autres protagonistes, lesquels sont tous aussi attachants qu’amusants : Biryani (le majordome prévenant et discret), Alméria (l’employée volcanique et sa tribu de furets vindicatifs), Séraphin Saucissette (l’homme de confiance du père de Fausto) et Eulpêtre, ce puissant monarque qui débarque avec les trois cousins de son rejeton, alors que ce dernier n’avait plus vu ces quatre membres belliqueux de sa famille depuis son enfance !
Le dessinateur de la charmante série « Lou ! » (mais aussi du très beau « Chaque chose » : un roman graphique, toujours aux éditions Gallimard, où il était déjà question de transmission et de rapports père-fils) nous assène, avec bonheur, son espiègle style « cartoonesque » et « mangaesque » aux chaudes couleurs pastel, sur cette Fantasy décalée, aussi gastronomique que conviviale, où l’on apprend, par exemple, qu’un viandier n’était autre qu’un livre de recette à l’époque médiévale : un véritable bain de fraîcheur qui sait donc être, aussi, totalement éducatif sans être ennuyeux, ceci grâce à une narration fluide et légère, et donc fort agréable…
Gilles RATIER
« Le Viandier de Polpette » T1 (« L’Ail des ours ») par Julien Neel et Olivier Milhaud
Éditions Gallimard (18 €)