Qui ne connaît pas encore le nom de Bécassine ? Cette jeune et naïve Bretonne, native de Clocher-les-Bécasses, venue à Paris pour servir la marquise de Grand Air. Le nom de son créateur graphique est aujourd’hui bien oublié, ignoré par la plupart de nos contemporains, auxquels la robe verte et le tablier blanc sont pourtant familiers. Remi Duvert consacre — enfin ! — un ouvrage foisonnant d’illustrations et d’anecdotes à Joseph Porphyre Pinchon, son génial dessinateur.
Lire la suite...« Les Heures noires » par Gaël Remise et Fabien Tillon
C’était sans arrière-pensée que j’avais choisi de traiter « Les Heures noires » qui aborde le fanatisme religieux (chrétien). Or, l’actualité de mercredi donne à ces « Heures noires » un goût très amer… Le problème, avec la barbarie, c’est qu’elle paralyse toute expression, poussant momentanément à l’hébétude. C’est ce qu’elle veut, alors réagissons, parlons, même si les mots viennent difficilement car, à l’évidence, les heures sont noires…
Dans cet album, les auteurs ont inventé un pays africain, le Kariwaï, pour mieux y rassembler tout ce qui menace l’Afrique, le climat impitoyable certaines années, la faim, les maladies, mais surtout le fanatisme, celui d’un chef mystique chrétien qui, en « bon » tyran, impose sa loi, sa foi, bref son obscurantisme rance à des fins personnelles. Avec, en face à lui, un chef d’état aussi pitoyable que caricatural, et c’est dans une Afrique fantasmée, mais reconnaissable, que le jeune Alexis et son collègue, tous deux membres d’une ONG humanitaire et médicale (la DAU), parcourent les pistes pour vacciner les populations.
Les dialogues sont vifs, pertinents, entre les deux protagonistes, mais les deux hommes vont bientôt devoir faire face aux Forces chrétiennes du Panchaka, mobilisées par un illuminé, un certain Eugène Tumazi, « fondamentaliste énervé » comme dit un personnage. Et il n’y a rien de plus énervant que le fondamentalisme, le fanatisme et l’imbécillité outrancière car, politique ou religieuse, l’intolérance est toujours une menace…
Malgré le dessin très effilé, très croqué, certains paysages sont d’une incroyable efficacité et l’on pourra savourer ces déserts surchauffés, ces savanes desséchées, ces forêts aquarellées joliment, très joliment… Mais en ces jours, le voyage reste douloureux…
Didier QUELLA-GUYOT ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook).http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Les Heures noires » par Gaël Remise et Fabien Tillon
Éditions La Boite à bulles (25 €) – ISBN : 978-2-84953-215-7