Guy Lefranc est de retour, pour une aventure très lointaine, périlleuse et aux enjeux politiques : ce qui n’est pas la première fois. Naturellement, cette régate lui réserve de graves imprévus et, tout aussi certainement, le journaliste déploiera tout son courage et sa compétence pour sortir par le haut de la situation. Il se joint à Théa, une bonne amie — sans qu’une relation plus intime soit même suggérée — pour faire partie d’une des équipes concourant lors de cette course maritime autour du globe. Et le reportage qu’il en tirera sera destiné à son journal : Le Globe, justement. Pesant sur ce contexte, le père de Théa (Van Toor) est un homme d’affaires international qui vend du minerai et le fait convoyer en Indonésie. Tous les protagonistes vont converger vers cette zone sensible, indépendante depuis peu, et très convoitée. Un album d’une excellente équipe d’auteurs, à l’action soutenue, et à lire au premier degré.
Lire la suite...« Les Larmes de l’assassin » par Thierry Murat

Dans Patagonie, il y a « agonie », ce qu’on comprend bien en lisant » Les larmes de l’assassin « , la BD adaptée du roman éponyme d’Anne-Laure Bondoux. Là, dans les années Trente, à l’extrême sud du Chili, à plus de 3000 kms de sa capitale, Santiago, non loin de Punta Arenas (et d’Ushuaia, l’Argentine) survit une famille miséreuse. Déjà brutalisée par le destin, voilà qu’arrive pour la détruire presque totalement Angel Allegria?
Sous ce nom d’ »ange joyeux » se cache un assassin en cavale, un monstre de cruauté, qui tue les parents et épargne leur enfant Paolo. Il s’installe et, parce qu’il n’a pas osé achever son « œuvre », décide de l’élever comme son fils (c’est ce dernier, le narrateur). Ce face à face imprévu l’amène à ressentir l’impensable : de bons sentiments ! Mais tout est à nouveau chamboulé avec l’arrivée de Luis Secunda, un trentenaire désabusé au ban de sa famille comme Angel l’est de la société et qui cherche lui aussi le dénuement et l’enracinement.
Un tel récit porté par les silences et les tensions, sur paysages désertiques et ventés, supposait des dessins dépouillés au graphisme âpre et rustique, ce que réalise avec brio Thierry Murat. L’économie de moyens graphiques n’a d’égal que la puissance de ses couleurs granuleuses qui confère à ses décors une atmosphère pesante et angoissante. Entre l’illustration de textes off et les séquences réellement BD, l’ensemble constitue un récit émouvant, poignant, qui tire aussi sa force du récit initial paru chez Bayard en 2003 (pour les adolescents !) et qui reçut de nombreux prix.
Alors, bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOT (L@BD et blog)
» Les Larmes de l’assassin » par Thierry Murat,
Éditions Futuropolis (18 €)