Créé par l’écrivain irlandais Bram Stoker en 1897 — et inspiré par le personnage historique du comte Vlad III de Valachie, qui vécut au XVe siècle —, « Dracula » s’apparente autant à un roman qu’à une étude ethnologique ou géographique : l’auteur décrivant pourtant la Transylvanie, sans jamais être allé dans cette région austro-hongroise, en se documentant uniquement dans des bibliothèques. En effectuant un retour aux origines du mal présentes dans l’œuvre originale, tout en s’inspirant librement, cette version — sous-titrée « L’Ordre du dragon » — est une somptueuse bande dessinée d’horreur coéditée par Glénat et Lo Scarabeo.
Lire la suite...« Moi, assassin » par Keko et Antonio Altarriba
Étonnant et sarcastique polar psychologique, ce remarquable scénario, bien pervers, est dû au romancier espagnol Antonio Altarriba, déjà remarqué lors de la traduction en français de son « Art de voler » dessiné par Kim, chez le même éditeur, en 2011. Grâce à sa qualité d’écriture et à l’exposition sans détour de ses craintes et de ses interrogations, mais aussi grâce au sobre, mais puissant, trait aux noirs et blancs tachetés de rouge de son compatriote Keko (qui fait beaucoup penser à celui de l’Italien Magnus), il renouvelle avec maestria le thème du serial-killer.
Enrique Rodriguez Ramirez est un renommé professeur d’histoire de l’art de l’université du Pays Basque, à la tête d’un groupe d’étude qui se penche sur les relations entre les arts et la cruauté dans la peinture occidentale. À cinquante ans passés et à l’apogée de sa carrière, il est sur le point de prendre les commandes de son domaine de recherche. Seulement voilà, au-delà des connaissances acquises qu’il prodigue avec dextérité, l’enseignant nourrit une passion dévorante pour le crime qu’il considère comme la réalisation ultime dans l’art. C’est ainsi que cet homme aussi acariâtre qu’énigmatique prépare, méthodiquement et minutieusement, ses esthétiques assassinats qui sont tous inspirés par une technique picturale particulière, différente à chaque fois. Il s’oblige, aussi, à respecter d’autres règles de base comme ne jamais tuer quelqu’un qu’il connaît, avoir un quelconque mobile ou tirer des bénéfices de ces radicales actions : car un crime ne peut pas être artistique s’il n’est pas gratuit ! Cependant, cet homme au-dessus de tout soupçon va être impliqué dans le meurtre de l’un de ses collègues qui n’est autre que son principal rival universitaire : la mise en scène, avec son corps démembré et ligoté, rappelant une suite de gravures réalisées par l’immense peintre Goya…
Gilles RATIER
« Moi, assassin » par Keko et Antonio Altarriba
Éditions Denoël Graphic (19,90 €) – ISBN : 978-2-207-11688-3
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