« Fantastic Four : l’Intégrale 1970″

Avec le 9ème tome de l’intégrale de « Fantastic Four » se clôt l’édition de la première période historique des FF, je veux bien sûr parler des 102 premiers numéros dessinés par Jack Kirby sur pratiquement une décennie?

Pour beaucoup de fans et de passionnés, « Fantastic Four » commence au n°1 de novembre 1961 et s’arrête au n°102 de septembre 1970. Cette passion radicale est directement liée au premier et immense dessinateur de la série, Jack Kirby, le King en personne. En une centaine d’épisodes, Kirby avait fait évoluer l’esthétique des comics du Silver Age avec une maestria qui fascina des générations de lecteurs, jusqu’à devenir un vrai mythe. Ce qu’il fit ensuite chez DC Comics après avoir claqué la porte de Marvel en 1970 fut tout à fait passionnant (Kirby explorant et creusant toujours plus avant ses délires graphiques et ses exagérations physiques, allant jusqu’à l’outrance hypnotique), mais les derniers épisodes des FF qu’il dessina (et écrivit en grosse partie) furent tout aussi passionnants, ce 9ème volume constituant donc bien un jalon important de l’édition du travail de Kirby pour les lecteurs français. S’ils paraissent plus sages que certains épisodes antérieurs, ces récits de 1970 transpirent néanmoins du génie de Kirby. Les mises en pages sont efficaces sans glisser dans le spectaculaire systématique, les dessins des roches et des machines sont exécutés avec une stupéfiante acuité, le travail des ombres – souvent expressionnistes chez Kirby – continue d’exacerber les contrastes crus de certaines scènes, et l’on navigue toujours entre puissance et finesse, goût du portrait de foule et jouissance à exprimer l’énergie et le chaos. Certaines pleines pages sont de toute beauté, que ce soit par la vision de l’émergence d’une île ou d’un bâtiment qui s’écroule. L’amour du dessin de Kirby continue de s’exprimer, explosant plus rarement qu’auparavant, certes, mais ne dégénérant pas pour autant, loin de là. On remarquera aussi les habituelles petites fluctuations d’encrage de Joe Sinnott, un encrage qu’on préférera lorsqu’il est plus élastique et gras que rigide et fin. Bref, pouvoir admirer ces derniers épisodes de Kirby étant plus que nécessaire pour le lectorat français, nous ne pouvons donc que nous réjouir de cette édition. Malheureusement, le suivi éditorial est toujours aussi catastrophique, entre fautes aberrantes (« dessin » au lieu de « dessein ») et pagination excluant le 12… L’album se referme logiquement sur les épisodes dessinés par le successeur de Kirby sur la série durant le dernier trimestre de 1970, j’ai nommé John Romita Sr. Évidemment, Romita n’est pas Kirby, il est plus le dessinateur du glamour que de l’énergie cosmique, mais le bougre s’en sort honorablement, même si l’on sent qu’une autre ère graphique va progressivement se mettre en place avec la nouvelle génération de dessinateurs. Voilà ! Je terminerai cet article en vous conseillant de lire particulièrement l’épisode 94 qui ouvre l’album (« The Return of the Frightfull Four »), un récit qui reste pour moi l’un des plus beaux épisodes de Kirby, faisant plonger les FF dans une ambiance noire, entre expressionnisme et horreur…

Cecil McKINLEY

« Fantastic Four : l’Intégrale 1970 » par Jack Kirby, John Romita Sr et Stan Lee
Éditions Panini Comics (28,00€)

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