» Sakuran  » par Moyoco Anno

Depuis l’édition de  » Happy mania  » par Pika en 2005, Moyoco Anno est devenue de plus en plus populaire auprès des jeunes femmes françaises. Déjà star au Japon, son manga  » Sakuran  » a même fait l’objet d’un film qui est sorti en France, chez Kaze, en 2008. Pika se devait de faire une édition à la hauteur de la popularité de cette mangaka : pari réussi.


Premiere page couleur du manga. On est immédiatement dans l’ambiance. © Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

 » Sakuran  » raconte les aventures de Tomeki, jeune fille rebelle et impétueuse. Ayant perdu son père, noyé dans la rivière, elle se retrouve embrigadée dans une maison close, dés son plus jeune âge. Sans réel avenir, sa vie n’est que défi et combat. Néanmoins, son caractère d’acier la fait sortir du lot et elle va gravir les échelons jusqu’à être pressentie pour devenir l’Oiran (1) de la maison. Comme toutes adolescentes, l’amour se mettra sur son chemin et ses sentiments prendront le pas sur les désirs de sa clientèle. Difficile de conjuguer vie sentimentale et travail dans un environnement de luxure et de concurrence entre les courtisanes. Néanmoins, Tomeki, qui se fait maintenant appeler Kiyora suite a son changement de rang, est une femme forte et c’est ce qui fait le charme et l’intérêt de cette histoire.


Étalage des courtisanes, là aussi, le ton est donné. © Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

Le film  » Sakuran  » étant déjà sorti depuis deux ans en France, il semblait logique que Pika finisse par éditer cet excellent manga. Les dessins, même s’ils restent nerveux et spontanés, sont d’une maitrise peu commune dans l’œuvre de Moyoco Anno. L’édition de ce livre est à l’image de ce travail soigné de bout en bout. Grand format (15 x 21 cm), jaquette imprimée sur papier rehaussé de couleurs métallisées, pages sur offset épais, tranches de couleur violette, le tout agrémenté par de nombreuses pages en couleurs, disséminées en tête de la plupart des chapitres. Ce genre de traitement est inhabituel dans le monde du manga et est plutôt réservé aux grands romans. Tout ceci nous donne un prix assez élevé (13,50€) ce qui est entièrement justifié. C’est aussi ça le plaisir d’avoir un beau livre.


© Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

© Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

Ce manga s’adresse en priorité aux jeunes adultes du fait du langage et des situations assez crues ; mais cela ne tombe jamais dans la vulgarité. Moyoco Anno sait comment parler de sexe, de prostitution et de détails intimes, sans voyeurisme ou pornographie de bas étage. Chaque scène a son utilité et sert entièrement le récit.


© Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

Le monde des geishas alimente les fantasmes les plus divers en occident.  » Sakuran  » n’est ni un reportage sur ce monde clos, ni un manuel de savoir-vivre à la japonaise ou un  » Kama Sutra « . L’univers des samouraïs est juste là pour mettre en scène ces courtisanes de manière extrêmement moderne. Néanmoins, un soin tout particulier est accordé aux graphismes des kimonos et autres étoffes. Moyoco Anno a dû particulièrement se documenter sur l’histoire du Japon et les coutumes en vigueur dans le milieu de la prostitution. Pour nous, occidentaux, ce récit est forcément dépaysant tout en étant extrêmement simple d’accès : les problèmes des jeunes filles étant les mêmes de par le monde et les époques, en fin de compte.


© Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

Avec ses trois cent pages, ce manga, comme le reste de l’œuvre de Moyoco Anno, se dévore comme un roman. La mise en image est extrêmement agréable et tombe parfaitement. Tout s’enchaine très vite et de manière logique. Sûrement le meilleur manga de cette fin d’année 2010 !


© Moyoco Anno – Pika -Kodansha 2010

Gwenaël Jacquet

 » Sakuran  » par Moyoco Anno Édition Pika (13,50 €)

(1) Oiran (??) Courtisane de haut rang en vigueur depuis la période Edo (1600 – 1868).

L’attribution du titre d’Origan s’obtient selon des critères de beauté, de caractère, d’éducation et d’aptitudes artistiques développées.

Pour divertir leurs clientèles, l’Origan a pratiqué les arts de la danse, de la musique, de la poésie et de la calligraphie. Son instruction permet également d’entretenir des conversations sophistiquées.

Seuls les clients réguliers et importants peuvent prétendre à une Oiran. Celles-ci sont toujours parfaitement apprêtées. Leurs vêtements donnent lieu à un rituel extrêmement long en empilant les couches de tissus. Tous comme la coiffure maintenue par de nombreux peignes finement sculptés.

Le développement des Geishas a fini par éclipser ce statut. La dernière oiran enregistrée date de 1761.

Le mot Oiran est composé de deux idéogrammes : ? (hana) signifiant  » fleur  » et ? (kai) signifiant  » chef « .

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