Avec la complicité habituelle de Doug Headline (le fils du célèbre écrivain), le Grand Prix d’Angoulême en 1990 s’est attaqué avec brio à une nouvelle mise en images d’un roman noir de la figure tutélaire du polar francophone : Jean-Patrick Manchette. Il s’agit, après « Morgue pleine » (déjà adapté en BD par les mêmes auteurs), de la seconde — et donc dernière ! — enquête du détective privé Eugène Tarpon. Elle est parue en 1976 dans la collection Super Noire des éditions Gallimard et elle fut tournée pour le cinéma sous le titre « Pour la peau d’un flic » par et avec Alain Delon, en 1981. Drôle et efficace, « Que d’os ! » imbrique de patibulaires personnages hors normes dans des situations plus qu’improbables.
Lire la suite...« Le Temple du passé » par Étienne Le Roux et Hubert
La belle collection « vintage » Les Univers de Stefan Wul (dirigée par Olivier Vatine), aux éditions Ankama, s’enrichit d’une nouvelle adaptation fort réussie d’un roman de cet auteur science-fiction qui fut, certainement, le plus grand écrivain français du genre (1) : il ne produisit, pourtant, que onze fictions entre 1956 et 1959, publiées dans le label populaire Anticipation, chez Fleuve Noir. L’originalité de cette version bande dessinée du « Temple du passé » consiste surtout dans l’injection, à la trame narrative originale, de réflexions sociales et humanistes chères au scénariste Hubert, lesquelles sont efficacement mises en images par le très doué Étienne Le Roux…
Un vaisseau spatial a percuté un gigantesque animal aquatique géant. L’appareil, rempli de cadavres, est hors service et se retrouve dans un environnement inconnu. Le spationaute cryogénisé Massir sort accidentellement de sa stase et rassemble les deux autres seuls survivants pour sauvegarder ce qui peut encore l’être.
Cependant, à bord de l’astronef endommagé, lequel est donc désormais dans un organisme vivant et a priori hostile, des dissensions internes se font jour : Massir étant hétérosexuel, ce qui, aux yeux de ses camarades de galère, n’est autre qu’une abomination ! En effet, dans leur monde, c’est l’homosexualité qui est la norme : les hommes avec les hommes et les femmes avec les femmes ! Or Massir, qui est un homme, lui, aime les femmes : ou plutôt, une femme !
Ce space opera enthousiasmant, particulièrement captivant, est donc un huis clos malin parsemé de flash-back qui, parallèlement à la quête pour la survie de ces rescapés qui essaient de dépasser leurs antagonismes, nous éclairent, progressivement, sur leur société : et du même coup sur la nôtre.
(1) À noter qu’une autre adaptation des romans de Stephan Wul (de son vrai nom Pierre Pairault) paraît simultanément et mérite, elle aussi, le détour. Il s’agit de « Rayons pour Sidar », l’histoire déjantée d’un homme à la recherche de son robot : un double de lui-même perdu dans une jungle aussi enchevêtrée qu’inquiétante. Valérie Mangin (au scénario) et Emmanuel Civiello (aux dessins) ont également effectué un travail méritoire qui n’a rien à envier à celui de leurs confrères qui ont déjà adapté Wul pour cette collection : Olivier Vatine, Didier Cassegrain et Yann, Mike Hawthorne et Jean-David Morvan ou Mathieu Reynès et Denis Lapière, en attendant ceux de Laurent Bourlaud et Thierry Smolderen ou d’Alberto Varanda (encore avec Olivier Vatine).
« Le Temple du passé » par Étienne Le Roux et Hubert
Éditions Ankama (19 €) – ISBN : 978-2-35910-499-8














