Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
Lire la suite...« Rouge Karma » par Pierre-Henry Gomont et Eddy Simon
Dès la couverture, « Rouge Karma » affiche la couleur (quoique plutôt rose, la couverture !), celle de l’aventure d’une femme occidentale dangereusement seule au cœur de la nuit indienne, celle de Calcutta. Adélaïde vient d’y atterrir : elle est française, c’est son premier séjour en Inde et son mari informaticien dans une entreprise locale ne donne plus signe de vie depuis des semaines…
 Adélaïde n’a pas froid aux yeux (mais se plaint vite de la chaleur ambiante !). Comme elle comprend parfaitement l’anglais (même celui pratiqué par les Indiens, petite convention romanesque qu’on accepte volontiers), elle alerte sans tarder la police, mais la ville est en fête : c’est la Durga Puja, la célébration chantée, colorée et nocturne de la déesse Durga. Qu’importe, Adélaïde recherche Mathieu et elle ne faillira pas, même si dans un tel pays, elle pourrait se décourager très vite. Son chauffeur lui sert heureusement de guide et de conseiller : Imran est un homme très recommandable, ce qui n’est pas forcément le cas de l’officier de police qui s’occupe de l’affaire. Au fil des jours, en tout cas, Mathieu, le père de son enfant, est introuvable, et curieusement même inexistant. C’est troublant et on n’a plus qu’une envie, c’est de savoir ce qui a bien pu lui arriver.
Avant cela, le voyage en terre indienne est riche de notations pittoresques et de situations et d’enjeux sociétaux intéressants (la résolution de l’intrigue, par exemple) : rien d’étonnant, le scénariste habite en Inde et connait son sujet,  un sujet est porté par des décors qui sont pas moins pittoresques. Le dessin de Pierre-Henry Gomont (dont on avait chroniqué ici-même son premier album « Kirkenes »), léger, esquissé, qui tient quelquefois du carnet de voyage, est doté d’une mise en couleurs aquarellée très efficace, à la fois simple (en apparence) et chaleureuse.
Profitons-en pour signaler que les éditions Sarbacane ont publié, en même temps, un autre album voyageur : « Le Brigand du Sertao ». À l’heure où le Brésil est sous les feux de l’actualité, cette bande dessinée retrace l’épopée d’Antonio Mortalma, un de ces célèbres et mythiques cangaceiros du Nordeste des années 1920. Dans un noir et blanc très contrasté, et souvent de toute beauté (notamment les paysages), c’est à travers de courts épisodes aux multiples personnages qu’est racontée la vie légendaire et redoutable d’Antonio Mortalma.
Alors bon voyage !
Didier QUELLA-GUYOTÂ ([L@BD->http://www.labd.cndp.fr/] et sur Facebook)Â : http://bdzoom.com/author/didierqg/
« Rouge Karma » par Pierre-Henry Gomont et Eddy Simon
Éditions Sarbacane (22 €) – ISBN : 978-2-8486-5688-5
« Le Brigand du Sertao » par Flavio Colin et Wellington Srbek
Éditions Sarbacane (22 €) – ISBN : 978-2-8486-5689-2