Interview de Ben Templesmith

La galerie Daniel Maghen consacre en ce moment une très belle exposition à Ben Templesmith et aux auteurs de comics américains. L’occasion rêvée pour vous proposer une interview de ce jeune et talentueux artiste australien présent à Paris pour cet événement?

McKinley : Bonjour Ben, je suis ravi de vous rencontrer, car vous êtes pour moi (mais je ne suis pas le seul à le penser) l’un des auteurs de comics contemporains les plus intéressants qui soient…

Templesmith : Merci beaucoup, je suis très touché of that (en français dans le texte).

McKinley : De rien, ça vient du cœur !

Templesmith : Je vous aime !

(Rires)

McKinley : Ça commence bien ! Mais vous savez, je ne dis pas ça pour vous flatter, il y a de très bonnes raisons à cela ! Je pense que vous êtes un auteur réellement intéressant car il me semble que vous apportez une esthétique, une technique et un dessin différents de ce que l’on peut voir en général dans la production de comics. Pourrions-nous parler de vos influences, en premier ? Je pense notamment à Ashley Wood…

Templesmith : Ashley Wood est un artiste qui vient de la même ville que moi et qui a su se faire éditer aux États-Unis ; je dirais que c’est dans ce sens qu’il a été une inspiration pour moi : j’aimais énormément son travail, et il m’a donné envie de m’accrocher, il m’a montré qu’on pouvait entrer dans l’univers des comics américains à partir d’un « tout petit endroit » comme l’Australie. Mais mes plus grandes influences viennent d’artistes comme Ralph Steadman, Ronald Searle, ou bien sûr Dave McKean pour son utilisation géniale de l’ordinateur. Mais il y a aussi Victor Ambrus, qui était un illustrateur de livres pour enfants : il en a illustré plus de 200 ! Aussi, tout enfant ayant grandi dans un pays anglophone a probablement vu son travail, et j’ai donc moi-même plongé dans son œuvre à partir d’un très jeune âge. Mon œuvre personnelle lui doit beaucoup, spécialement pour les couleurs. Donc voilà, ce sont eux mes plus grandes influences…

McKinley : Je parlais d’Ashley Wood car votre premier travail dans les comics a été de lui succéder sur « Hellspawn »…

Templesmith : Oui, c’était effectivement mon premier vrai travail dans les comics, et j’ai intentionnellement fait ressembler mon dessin à celui de Wood pendant longtemps.

McKinley : Oui, quand on lit la période transitoire entre vous deux sur « Hellspawn », on a parfois du mal à faire la différence !

Templesmith : Vous ne voyez pas de différence entre les deux ? Super ! J’ai travaillé, pour ça ! Car je détestais quand – tout particulièrement dans les comics américains – un artiste devait partir et laisser sa place à un autre au style différent : ça m’a toujours gêné, parce qu’alors on n’était plus dans le même « film ». C’est pour ça que j’ai essayé de dessiner dans le même style que Wood.

McKinley : Parlons de votre technique qui utilise à la fois le dessin pur et le travail informatique…

Templesmith : Je n’utilise l’ordinateur que pour les couleurs et certains effets. Je ne dessine ni ne peins par informatique… Le dessin, la peinture, les lavis : tout ce que je retravaille par ordinateur existe dans le monde réel, cela représente 80% de mon travail… Oui, je fais du vrai travail. Je ne crée pas des conneries ! (Rire)

McKinley : Justement, lorsqu’on voit l’évolution de votre travail, on sent que votre goût du dessin est toujours aussi important, qu’il ne se laisse pas dévorer par les procédés informatiques…

Templesmith : Oui. Plus je travaille, plus je dessine, et plus je veux être authentique, original. Parce que j’aime consacrer toujours davantage de temps à dessiner vraiment ; pas simplement des comics, mais de la peinture authentique, des vrais dessins. Sinon, cela me gênerait de montrer le travail original parce qu’il ne ressemblerait pas à l’image finale. Mais j’aime toujours faire les couleurs par ordinateur…

McKinley : C’est d’ailleurs l’un des grands intérêts de cette exposition : nous pouvons admirer vos dessins « bruts » à côté du résultat final, et voir combien il n’y a pas d’artifice, qu’au contraire l’amour du dessin est toujours là, et qu’il évolue. Car il y a tant d’artistes qui à l’heure actuelle se retrouvent enfermés dans la technique informatique, laissant de côté cet art premier du dessin…

Templesmith : Oui ! Vous voulez dire dessiner directement sur l’ordinateur ? Jamais je ne ferai ça, car j’aime le vrai dessin, faire des ébauches, chercher et créer sur le papier. Parce que ce serait une honte que cela ne puisse pas – ou plus – exister. Je veux dire : si je faisais les dessins par ordinateur, eh bien je n’aurais pas cette exposition, parce que les œuvres accrochées ici ne seraient que des reproductions, des impressions, et ce serait vraiment ennuyeux. Mais toutes les créations que vous voyez là sont authentiques, donc… oui, c’est fantastique ! (Rire) Moi, personnellement, ça me plaît, tout ça !

McKinley : (Rire) Oui, moi aussi !

Templesmith : Je crois que c’est réellement bien. Je crois que beaucoup d’auteurs français que j’ai vus créent de manière authentique, qu’il y a beaucoup de vrais dessins comme je les fais, mais encore mieux que ce que je fais. Je n’ai pas vu beaucoup de choses faites entièrement par ordinateur. Par contre, beaucoup de comics américains sont entièrement faits sur ordinateur ; mais moi je ne ferai jamais ça. Jamais je ne remplacerai mon travail par ça.

McKinley : Venons-en maintenant à vos œuvres à proprement parler. Grâce aux éditions Delcourt, les lecteurs français ont maintenant la chance de pouvoir lire vos bandes dessinées dans une belle continuité, et c’est tant mieux !

Templesmith : Oui, vive Delcourt ! Magnifique ! Paix à mon éditeur favori en France, parce qu’il me soutient vraiment très bien ! C’est Thierry Mornet, de chez Delcourt, qui a proposé de publier mon travail : fantastique !

McKinley : Le dernier volume de « 30 Jours de nuit » que vous avez réalisé est sorti il y a peu chez cet éditeur, après celui de Bill Sienkiewicz, et c’est vraiment superbe, une réussite !

Templesmith : Vous voulez parler de « Neige écarlate » ?

McKinley : Oui.

Templesmith : En France il est paru après « Au-delà de Barrow », mais aux États-Unis c’est l’inverse, car je l’avais réalisé avant celui de Sienkiewicz. Le sien, je ne l’ai lu qu’en diagonale ; mais j’aime son travail. Si je suis retourné à l’écriture de « 30 Jours de nuit », c’est parce qu’on m’a laissé l’écrire entièrement, ce qui m’a plu. Sinon, si ça n’avait pas été le cas, je ne l’aurais peut-être pas fait, car j’étais un peu las de cette série. J’ai donc voulu faire quelque chose d’autre, je voulais créer une histoire qui soit un peu comme l’originale… parce que si elle a été appelée « 30 Jours de nuit », c’est qu’il y a une raison ! Et je voulais me rappeler cette raison, qui était l’hiver arctique, pour créer intentionnellement une histoire sinistre, effroyable…

McKinley : Avez-vous d’autres projets sur « 30 Jours de nuit », avec Steve Niles ?

Templesmith : Non… Je pense que je ne travaillerai plus sur cette série… Tout au moins pas avant un bon bout de temps… Il me semble avoir fait tout ce que je pouvais faire dessus… Je ne veux pas fouetter un cheval mort, selon l’expression bien connue : ça veut dire que vous continuez à faire quelque chose parce que vous savez le faire, ou parce que vous devenez vraiment très mauvais. Aussi, je pense qu’il est mieux de laisser lettre morte pendant quelque temps. « 30 Jours de nuit » était une histoire réellement bonne en tant que concept, et elle a eu tellement de succès qu’on a voulu exploiter plus avant ce concept, mais on ne peut pas faire ça éternellement… « Neige écarlate » sera donc certainement le dernier que je ferai. Je fais d’autres choses à présent, j’aime passer à la vitesse supérieure, me renouveler.

McKinley : Il semblerait que vos projets en cours se tournent plus vers le polar, comme « Choker », par exemple…

Templesmith : « Choker » n’a été « Choker » que parce que j’ai voulu travailler avec le scénariste (Ben McCool) qui est devenu un ami et à qui j’ai demandé un jour : « Pourquoi ne ferions-nous pas un livre ensemble ? » « Choker » est un livre très personnel, pour lui, et j’ai trouvé que l’histoire était bonne ; je ne l’ai pas choisi parce qu’il s’agissait d’un polar ou d’autre chose, mais juste parce que le sujet est intéressant et que je le faisais avec cet ami. Donc, pour répondre à votre question, je ne veux pas faire un autre polar après celui-là, je veux faire autre chose… je suis en train de faire autre chose ! Plus de « Wormwood », par exemple. Et … oui, « Fell » est un polar, aussi, mais je l’ai fait il y a déjà un moment. Finalement, je ne ferai d’autres épisodes de « Fell » que lorsque Warren Ellis en écrira davantage, et à ce moment-là il fera appel à moi. J’espère !

McKinley : Donc pour l’instant, la seule de vos créations à laquelle vous donnez suite est « Wormwood »…

Templesmith : « Wormwood », oui. Il y aura probablement d’autres histoires de « Wormwood » dans peu de temps, j’aimerais beaucoup cela ! « Wormwood » est mon livre perso complètement dingue. Et il marche très bien, on en est déjà à la 8ème réimpression aux USA ! Certains fans s’habillent même comme les personnages ! J’ai beaucoup de chance, avec « Wormwood », donc oui je vais continuer à le faire.

McKinley : Est-ce votre œuvre préférée, parmi toutes celles que vous avez déjà dessinées ?

Templesmith : Oui. Parce que c’est stupide et fou, et que c’est mon œuvre très personnelle, c’est moi qu’il l’ai engendrée, donc oui !

McKinley : IDW (votre éditeur américain) vous laisse-t-il une totale liberté de création, pour cette série ?

Templesmith : Absolument, oui ! Parce que c’est mon livre. Et si le rédacteur en chef ne me dit pas ce que je dois faire, c’est parce que je fais tout gratuitement et que je ne suis payé qu’après avoir fait le livre, s’il se vend. Je n’ai pas d’avance, comme c’est le cas je crois pour la bande dessinée en France. S’ils ne me laissaient pas faire ce que je veux, j’arrêterai, parce que c’est moi qui prends tous les risques et qui fais tout le boulot en amont, finalement !

McKinley : Vous travaillez régulièrement, sur « Wormwood » ?

Templesmith : Non, ça fait environ un an que je n’ai rien fait sur « Wormwood », je crois. Donc je dois revenir dessus et me rappeler comment le faire, vu que cette année j’ai fait d’autres choses, comme « Choker ». En Amérique, « Choker » est une série de 6 épisodes, ce qui est plus que ce je devrais faire, car habituellement j’en fait seulement 4 avant d’être fatigué. J’ai presque fini « Choker », et c’est seulement après l’avoir terminé que je reviendrai sur « Wormwood ». Donc tout ça prend beaucoup de temps…

McKinley : « Choker » sera-t-il publié par Delcourt ?

Templesmith : Oui, ils ont déjà signé un accord de licence exclusive avec les droits étrangers, je pense qu’ils le sortiront l’année prochaine.

McKinley : Idem pour « Welcome to Hoxford », une autre de vos créations ?

Templesmith : Oui, mais cela viendra après « Choker ». « Choker » est similaire à « Fell », d’une certaine manière : c’est aussi un polar.

McKinley : Je suis un grand fan de « Fell », j’espère vraiment que nous pourrons lire de nouvelles histoires très vite… J’aime vos autres œuvres, mais je trouve que « Fell » est vraiment l’une des plus fantastiques que vous ayez faites ! Génial !

Templesmith : Merci ! Hélas, comme je vous l’ai dit, si Warren en écrit d’autres, alors seulement je pourrais en dessiner d’autres : c’est ça le deal ! Mais Warren est un homme très occupé, ça devrait donc demander un certain temps, c’est le seul problème. Les gens aiment cette série… Nous pensons même créer une page Wikipedia seulement consacrée à : quand y aura-t-il une suite à « Fell » !

McKinley : (Rire) Bon… Pas d’Ellis, pas de « Fell », alors ?

Templesmith : J’aimerais vraiment en faire davantage, mais je ne peux pas l’écrire, il faut LE scénariste, pour ça. C’est pour ça que j’aime écrire moi-même la plupart du temps, comme ça je n’ai besoin de personne d’autre et je peux faire ce que je veux quand je veux ! (Rire). Plus sérieusement, je ne sais pas quand il y aura un prochain « Fell » parce que Warren est vraiment trop occupé pour l’instant. J’adore Warren, je ne ferai ce livre avec personne d’autre.

McKinley : Shit !

Templesmith : Comment dites-vous « shit », en français ? « Merde » ?

McKinley : Oui, c’est ça : « merde ».

Templesmith : Merde ! Merde-merde-merde !!! (en français dans le texte, tapant du poing sur l’accoudoir de son fauteuil : hilarité générale dans la galerie). Désolé…

McKinley : Pas de problème. Et pour Warren, je blaguais : évidemment qu’il n’y a que lui pour écrire « Fell »… Aimeriez-vous travailler avec d’autres scénaristes, dans le futur ?

Templesmith : Avec d’autres scénaristes ? Non.

McKinley : Vous préférez désormais faire tout vous-même ?

Templesmith : Oui, parce que comme ça je suis complètement libre. J’ai travaillé avec le seul, l’unique scénariste avec qui je voulais travailler, à savoir Warren Elllis, et je travaillerai toujours avec lui s’il me le demande, parce que j’adore son travail, et pour moi il n’y a personne qui soit aussi bon que lui : jamais je ne pourrai trouver mieux.

McKinley : Oui, je le comprends parfaitement, c’est vraiment l’un des scénaristes les plus géniaux et fous qui soient !

Templesmith : Oui, il est génial, je suis dingue de Warren Ellis. J’en serais à avoir une folle passion d’amour pour lui… Euh… Non non non, n’écrivez pas ça dans votre article, car si on lit ça en France, je vais avoir beaucoup de problèmes, on va me prendre pour un mec sexuel alors que je ne le suis pas !

(Rires)

Templesmith : C’est un homme fantastique, je rends hommage à son travail. Bon… allez… écrivez-le, finalement. Eh ben, me voilà bien dans la merde, maintenant !

(Rires)

McKinley : Lorsqu’on lit vos œuvres, on perçoit avec évidence que vous êtes constamment entre l’horreur et l’humour…

Templesmith : Oui, tout particulièrement dans « Wormwood », et aussi dans « Welcome to Hoxford » si vous l’avez lu en anglais. Oui, j’essaye d’être bizarre et drôle à la fois, parce que je suis bizarre et drôle de toute façon, enfin… un tout petit peu… Je ne suis pas normal, quoi…

McKinley : Je m’en suis rendu compte, j’ai lu vos albums ! (Rire)

Templesmith : Mais je le fais avec le sourire, je ne suis pas comme un bouledogue, ou toutes ces personnes horribles qui se prennent trop au sérieux : il n’y a pas à se sentir supérieur parce qu’on écrit ou dessine un album, il n’y a que le plaisir ! Et on a de la chance de faire ce métier !

McKinley : J’aimerais vous poser une question sur « Wormwood ». J’ai le sentiment que cela ferait un très bon sujet pour une adaptation en dessin animé. Avez-vous déjà pensé à cela, l’envisagez-vous ?

Templesmith : Il y a bien un projet « Wormwood » à Hollywood, mais c’est très loin de la bande dessinée originale… C’est leur idée à eux, mais moi je le verrais plutôt comme un cartoon pour adultes, pas sous forme de film mais peut-être de série animée pour la télé, ou quelque chose comme ça, je pense que ce serait mieux. Mais bon, ce n’est pas allé dans ce sens-là… Ça a failli se faire une fois avec MTV, mais ils ont dit non à la dernière minute… Peut-être un jour, qui sait ?

McKinley : Si cela arrivait, aimeriez-vous travailler sur le projet, vous y impliquer totalement ? Visuellement, ce serait magnifique, je pense, il y a un grand potentiel…

Templesmith : J’aimerais travailler dessus, oui. Pour être sûr que ça fonctionne comme il se doit… Mais il faudrait que je travaille beaucoup, pour cela, écrire encore davantage… Sinon, certains de mes comics ont été sélectionnés pour en faire des films…

McKinley : Pour finir, je voudrais revenir à votre esthétique si particulière. Un des mots que j’emploie souvent pour évoquer celle-ci est « incandescence ». Je trouve en effet que vous avez un travail incandescent, avec des contrastes, des lueurs et des zones d’ombres très fortes…

Templesmith : Eh bien c’est juste un travail que je fais sur Photoshop, comme je vous l’ai dit. Mais même ces procédés informatiques, je les utilise de manière très personnelle. Et vous aimez ça ?

McKinley : Oh oui !!!

Templesmith : Oh ! Merci beaucoup (en français dans le texte) !

McKinley : Oui, c’est super ! Car il y a alors un vrai contraste entre vos exagérations de traits, la précision et le flou, cela navigue constamment entre les deux. Cela amène un sentiment très spécifique et unique, quand on voit votre travail.

Templesmith : Merci ! Je veux dire… Je ne peux pas aller contre votre opinion, elle est fantastique !

McKinley : (Rire)

Templesmith : J’aimerais rencontrer un million de gens comme vous. Mais… il n’y a rien à répondre à cette question, ce n’est même pas une question ! Merci beaucoup (en français dans le texte).

McKinley : Mais de rien, you’re welcome (en anglais dans le texte).

(Rires)

Templesmith : J’y crois pas, là… (Rire) Je veux dire : ok, merci !

McKinley : Eh bien écoutez, cher Ben, ce fut un vrai plaisir… Bonne fin de séjour en France, profitez-en bien !

Templesmith : Merci beaucoup, au revoir (en français dans le texte) !

Cecil McKINLEY

(Transcription et traduction de l’interview : Françoise EFFOSSE-ROCHE)

Exposition Ben Templesmith : Galerie Daniel Maghen, 47 quai des Grands Augustins 75006 Paris. Du 17 au 27 novembre 2010, galerie ouverte du mardi au samedi de 10h30 à 19h00, M° Saint-Michel. 01 42 84 37 39 – www.danielmaghen.com

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>