Narration autour d’un héros éponyme s’inscrivant dans un épisode emblématique de l’histoire américaine, Dred Scott est aussi la première BD dessinée par un vieux briscard de l’animation : Thibault Descamps. Un nom à retenir et un thriller historique à découvrir. Portée par un récitatif à la première personne du singulier, l’histoire de Dred Scott (un jeune Afro-Américain de la seconde mitan du XIXe siècle) est joliment ourdie par le duo de scénaristes Tom Graffin et Jérôme Ropert.
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Ayant usé leurs fonds de culottes sur les mêmes bancs d’école, Pierre et Émile, dit Mimile, viennent soutenir leur troisième copain d’enfance, Antoine, à l’enterrement de sa femme Lucette… Même s’ils arrivent trop tard pour la crémation ! Le veuf éploré a d’autant plus besoin de la présence de ses vieux complices qu’il apprend, chez le notaire, que son épouse bien aimée a eu une relation extraconjugale avec son ancien patron, quarante ans plus tôt, quand ils bossaient ensemble dans une entreprise pharmaceutique (1) ! Comme ce n’est pas à soixante-dix-sept balais que l’on devient sage, le sang d’Antoine ne fait qu’un tour et il part se venger de son ancien amant, emmenant un fusil dans sa voiture… Sa petite fille Sophie et ses deux vieux amis tentent, quant à eux, de le rattraper avant qu’il ne fasse une bêtise…
De belles tronches – campées par Paul Cauuet au dessin semi-réaliste très inspiré (en tout cas, il semble encore bien plus à l’aise que sur les univers fantastiques auxquels il nous avait habitué jusque-là : « Aster » ou « L’Honneur des Tzaroms ») – et des dialogues haut en couleurs que l’on croirait sorti directement des films d’Audiard : l’hommage est explosif et truculent !
On passe, sans ambages, de la comédie sociale au road-movie, et du rire aux larmes, dans ce premier opus d’une série qui va s’appuyer, systématiquement, sur des épisodes du passé pour confronter nos trépignants septuagénaires à la vie des jeunes d’aujourd’hui.
Comme chaque album est construit autour d’une histoire principale, avec un début et une fin, on espère pouvoir retrouver bientôt tout ce beau monde légèrement déjanté, mais bien ancré dans la vie de tous les jours : les luttes syndicales et les révoltes contre l’injustice se succédant aux belles histoires d’amour.
On y trouve, évidemment, tout le talent de Wilfrid Lupano qui nous avait déjà convaincu avec des ouvrages aussi différents que « Ma révérence », « Le Singe de Hartlepool » (voir « Le Singe de Hartlepool »), « L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » (voir L’Homme qui n’aimait pas les armes à feu » T2), « L’Assassin qu’elle mérite » (voir « L’Assassin qu’elle mérite » T2) ou « Alim le tanneur » ; voir aussi l’interview réalisée par Laurent Turpin : Wilfrid Lupano : l’homme qui n’aimait pas les scénarios sans fond. Mais il semblerait bien, qu’avec ce récit aussi drôle qu’enlevé, ce toujours intéressant scénariste ait encore monté d’un cran dans la maîtrise de l’intrigue…
(1) L’allusion à Jacques Servier, le patron des laboratoires Servier qui vient de mourir et qui, entre autres, est à l’origine de scandale du médiator, semble transparente…
« Les Vieux Fourneaux T1 : Ceux qui restent » par Paul Cauuet et Wilfrid Lupano
Éditions Dargaud Benelux ( 11,99 €) – ISBN : 978-2-5050-1993-0
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