Les amateurs de son œuvre le savent bien : Jacques Tardi est un boulimique de travail qui dessine matin, midi et soir. Or, « Dessins matin, midi et soir », c’est le titre d’un beau petit recueil édité par Oblique Art (structure dirigée par Pierre-Marie Jamet) qui nous propose pas moins de 160 pages rassemblant des illustrations réalisées par le créateur d’« Adèle Blanc-Sec », sélectionnées dans les nombreux carnets qu’il a noircis (voire mis en couleurs) tout au long de sa remarquable carrière d’auteur du 9e art : croquis, études de personnages… et même courtes bandes dessinées iconoclastes inédites.
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Alors là : chapeau ! Réussir à nous passionner à nouveau avec l’intrigue universellement connue des « Trois mousquetaires » n’était pourtant point aisé?
D’autant plus quand on nous assène un trait jeté, un peu à la Joann Sfar ou à la Reiser mais en plus élégant (j’allais dire féminin), chez un éditeur, plutôt branché « d’jeuns », publiant des histoires déjantées et mangaesques au dessin formaté pour séduire ce public n’ayant que peu d’atomes crochus avec de vieux briscards dans mon genre !
La bonne idée de cette habile résurrection, c’est d’avoir donné, avec une énergie peu commune, le premier rôle à Milady de Winter, espionne à la solde du cardinal de Richelieu se retrouvant, seule contre tous, en lutte contre le machisme ambiant. Ainsi, le roman d’Alexandre Dumas, qui est pourtant lui-même plus complexe que l’on pourrait croire, prend une autre dimension : toutes les manipulations et les humiliations subies par la belle protagoniste, en fait ici plus victime qu’intrigante, se faisant enfin jour dans des aventures rocambolesques menées à un train d’enfer !
Si les premiers opus bédéesques réalisés par mademoiselle Maupré ne nous avaient pas vraiment convaincu (que ça soit la retranscription des cours de son professeur des Beaux-Arts dans « Petit traité de morphologie » chez Futuropolis ou son adaptation, en deux tomes, des « Contes du chat perché » de Marcel Aymé chez Gallimard), nul doute que ses différentes expériences (sans parler de celle qui a consisté à travailler sur le film d’animation « Le Chat du rabbin » réalisé par un certain Sfar) lui ont permis d’arriver à une vraie maturité narrative : et cela ne pouvait pas mieux démarrer qu’avec ce premier volume aussi survolté que mélancolique, lourd de cent trente belles pages en noir et blanc, où elle nous dévoile, en plus, un étonnant sens du mouvement !
Gilles RATIER
« Milady de Winter » T1 par Agnès Maupré
Éditions Ankama (14,90 Euros)
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