« The Avengers : l’intégrale 1972 » par Neal Adams, Roy Thomas & co

Nouvel opus dans le cadre des Intégrales super-héroïques chez Panini Comics, cet « Avengers 1972 » constitue une charnière importante dans le parcours éditorial de la série, et ce sur pas mal de points… L’Âge de Bronze était en train de s’affirmer !

Cet album reprend donc toute la production de « The Avengers » de 1972, à savoir les épisodes 95 à 106. On aurait pu penser que le n°100 de la série aurait été un numéro-anniversaire spécial comme aime tant à le faire la Maison des Idées, avec un récit plus long et tonitruant, mais que nenni, rien de spécial, ce qui est assez étonnant pour un titre malgré tout majeur… Même la nouvelle typographie du titre, moins souple que l’originelle et s’inscrivant dans une modernité plus dynamique, intervient quatre mois avant ce n°100, ce qui là aussi est étonnant, car on aurait cru que Marvel aurait profité de ce numéro anniversaire pour opérer ce changement à ce moment-là. Peut-être le signe d’une maison d’édition en proie à des remaniements en interne pour mieux aborder la nouvelle décennie et coller à l’époque plutôt que de rester dans la « vieille tradition »… L’année 1971 s’était close au beau milieu de la fameuse « guerre Krees/Skrulls » qui avait vu la star montante Neal Adams venir révolutionner l’esthétique et le découpage narratif de la série. Avec ce nouvel opus, nous assistons donc à la suite et fin de ce petit moment de grâce, même si c’est John Buscema qui réalise l’ultime épisode de la saga à cause du rythme mensuel qu’Adams n’a pas réussi à tenir jusqu’au bout… Cela se sent dans les deux derniers épisodes signés Adams, dont le trait est plus relâché qu’au début de sa collaboration sur le titre. Pour faire le lien avec Buscema, c’est l’excellent Tom Palmer qui encre ce dernier…

 

À l’issue de la « guerre Krees/Skrulls », nous retrouvons Barry Windsor-Smith au dessin, pour seulement trois épisodes (dont le centième). Je sais bien qu’il y a des intouchables, et ce que je vais faire est politiquement incorrect et m’apporter l’ire de certains fans, mais Windsor-Smith n’a pas été bon, sur ce coup-là. Il est de bon ton de s’extasier à l’avance dès que le nom de BWS apparaît dans n’importe quel générique de comics, car c’est vrai que c’est un artiste fabuleux (et je suis le premier à admirer pas mal de ses œuvres, à encenser son style si particulier), mais là, franchement… Si ces trois épisodes avaient été le fruit d’un autre dessinateur lambda, on l’aurait descendu en flammes ; dès lors, je ne vois pas pourquoi on n’aurait pas l’honnêteté de dire que Windsor-Smith a été carrément mauvais là-dessus. À cette époque BWS était encore jeune et faisait ses armes, c’est donc normal, mais en même temps son travail sur « Conan » était bien meilleur (voire sublime) que ce qu’il nous a servi là : fautes de dessins assez horribles (anatomies, yeux globuleux énormes et mal placés…), regards hallucinés systématiques et laids par le vide qu’ils engendrent, style aléatoire entraînant des différences de traité et donc une hétérogénéité esthétique, etc. On préférera sa première incursion sur le titre trois ans avant, avec deux épisodes certes imprégnés du style de Kirby mais bien moins patauds. Seul l’épisode 100 recèle quelques qualités intéressantes, avec une certaine fragilité et un trait parfois effacé qui ne manque pas de poésie… Même si Rich Buckler n’est pas du tout estimé au même niveau que BWS, je trouve que les épisodes qu’il a réalisés à la suite de BWS sur « The Avengers » ne sont pas moins bons, fournissant un travail honnête qu’il n’y a pas lieu de critiquer au-delà de ce qu’il faut.

 

1972, c’est aussi l’année de la fin de la collaboration de Roy Thomas sur le titre en tant que scénariste après six années de bons et loyaux services auprès de la fameuse super-équipe… Près de 70 épisodes qui auront marqué les esprits et la série, aidant les Vengeurs à évoluer de belle manière et à aborder les seventies en restant dans le coup. Quelques belles surprises interviennent dans la seconde moitié de l’année, avec l’apparition du Gardien mais surtout celle des Sentinelles, des personnages estampillés « X-Men » que l’on n’a pas l’habitude de voir ailleurs que dans la série mutante. Autre incursion dans le monde mutant, l’épisode situé dans la Jungle Oubliée de Ka-Zar, avec sa horde de mutés bien connue des fans des X-Men. Nous sommes dans une nouvelle ère post-Thomas, celle du scénariste Steve Englehart qui va rester sur la série quelques années… Ce volume est donc indispensable à tout fan de « The Avengers » qui trouvera ici des moments-clés de l’histoire éditoriale du titre.

Cecil McKINLEY

« The Avengers : l’intégrale 1972 » par Neal Adams, Roy Thomas & co

Panini Comics (29,95€) – ISBN : 978-2-8094-3484-2

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17 réponses à « The Avengers : l’intégrale 1972 » par Neal Adams, Roy Thomas & co

  1. Capitaine Kerosene dit :

    Bonjour Cecil,

    Je partage votre avis concernant le run de BWS sur Avengers, on l’a vu plus inspiré. Mais le numéro 100 tient tout de même la route par son encrage surtout. Rich Buckler, le dessinateur caméléon (qui imite à la demande), fait une belle intervention dans ce qui est peut-être (?) son style personnel.
    En ce qui me concerne, je vais m’arrêter là avec l’achat de ces intégrales. Ma collection de vo se poursuivait encore sur une soixantaine de numéros, mais j’avais l’excuse de la jeunesse à l’époque. Aujourd’hui, ce qui va suivre dans les prochains numéros ne me convainc pas du tout : les dessinateurs qui se succèdent, l’arrivée de nouveaux personnages sans grande envergure, les scénarios de Steve Englehart (toujours mieux que Roy Thomas, très surestimé) et, surtout, la venue de Georges Perez aux crayons… on entre en effet dans une phase peu excitante de la série et de Marvel en général.
    Heureusement, bientôt va paraître une nouvelle intégrale Captain America avec Gene Colan. J’en salive d’avance.

    • Cecil McKinley dit :

      Hello Captain,

      Merci de votre commentaire.
      C’est vrai que l’encrage du n°100 est assez intéressant. Et le boulot de Buckler est ma foi tout sauf honteux, une belle immersion dans l’univers des Sentinelles. Après, les goûts et les couleurs… J’avoue apprécier le style de Pérez, et attend tout de même avec impatience les épisodes dessinés par Byrne à la fin des années 70 (l’arc de Wundagore, c’était tout de même rudement chouette)…
      Quant à Gene Colan, oui, vivement la prochaine intégrale de « Captain America », et plus que vivement une intégrale de DD après ceux déjà publiés avec Miller: mais enfin, qu’attendent-ils pour la sortir?!?!?
      Bien à vous,

      Cecil McKinley

  2. Franck Biancarelli dit :

    Ce dont il faut quand même se rendre compte c’ est que, lorsqu’ ils débarquent sur le titre, Barry Smith n’ a pas encore 23 ans et Rich Buckler vient sûrement à peine de les avoir…
    Bien des dessinateurs furent meilleurs qu’eux au même âge, certes mais sûrment aussi avec un autre rythme de parution. Enfin,derrière des faiblesses techniques se profile souvent une belle inspiration.

    • Cecil McKinley dit :

      Bonjour Franck,

      Merci de votre commentaire.
      Je me suis tout à fait rendu compte que Windsor-Smith était jeune, quand j’ai écrit ma critique. Mais ça ne l’a pas empêché d’être plus que brillant sur « Conan » vers la même époque… Non, là, il n’a pas assuré, c’est tout. Ça arrive, aucun artiste ne peut pondre que des chefs-d’œuvre durant toute sa carrière, il faut l’accepter, aussi, et ne pas considérer qu’un nom équivaut forcément à du génie constant, ce ne serait pas raisonnable et finalement lisserait tout sur le même niveau en ôtant toute valeur aux moments où il a été bon… Quant au rythme de parution dont vous parlez, c’est effectivement un paramètre très important dont il faut tenir compte…
      Bien à vous,

      Cecil McKinley

      • Franck Biancarelli dit :

        En fait je les trouve assez inspirés ces épisodes de Smith et les défauts techniques m’indifèrent… Je trouve ça bien mieux que que tout ce qu’ a fait BWS après 1995, en tout cas.
        Je sens très bien la folie et la tension lors des émeutes, je crois vraiment à la scène du cirque itinérant, etc…
        Je crois que le point de vue de Barry Smith est là et très puissant…
        Les pages de Buckler sont techniquement plus réussis ce qui fait leur charme, même si beaucoup plus conventionnelles…
        Bien sûr , je me serai sûrement un peu lassé s’ils s’étaient tout deux installés dans cet entre-deux mais très franchement, quand je les ai découverts tous les deux, j’ ai été impressionné et maintenant, remis dans le contexte’ je le suis encore assez.

        • Cecil McKinley dit :

          Rebonjour Franck.
          Si les défauts de dessin vous indiffèrent, je ne peux aller contre cela… Je ne veux d’ailleurs aller contre rien, et certainement pas contre le plaisir que peuvent ressentir les fans à la lecture d’une œuvre… Mon but est justement de rester un minimum objectif afin de ne pas critiquer mon bon vouloir ou mes petits goûts personnels, afin de rendre compte d’une certaine réalité des choses. Après, je comprends qu’on puisse adorer une œuvre qui ne soit pas parfaite, cela m’arrive aussi. Enfin bref! L’important, c’est que les gens lisent…
          Bien à vous,

          Cecil McKinley

          • Franck Biancarelli dit :

            C’est bien pour cette raison que je suis intervenu.
            Votre critique se veut de l’ordre de l’objectif hors elle dépose sur le côté tout un pan de ce que c’ est que « raconter une histoire ». Il fallait donc remettre les choses en place.
            BWS est déjà, à ce moment-là, un très grand storyteller, il faut absolument le noter.
            Ses anatomies ne sont pas au point mais très personnelles à la différence de celles de Buckler qui doivent tout à Adams, il faut le noter aussi comme une chose à porter au crédit de la qualité d’un point de vue.
            Enfin je tiens à vous signaler que ses qualités techniques sont à ce moment-là dores et déjà bien supérieures à celles du dessinateur de ‘Midnight Nation ». Ainsi, la proximité de vos deux points de vue ne fait qu’ ajouter de la confusion.
            Ainsi donc voilà, vous trouvez ces « Avengers » mal dessinés et le travail de Gary Frank sur « Midnight nation » sublime, c’est votre choix même s’il me parait fou.
            Par contre il faut au moins remettre le point de vue narratif au coeur de ce qu’est une Bande dessinée ou un Comic book.

          • Cecil McKinley dit :

            Re-re-re-bonjour Franck.
            Décidément… j’ai l’impression d’avoir touché un sujet qui vous est particulièrement sensible… Je sens bien que vous m’en voulez à mort d’avoir critiqué ainsi BWS, même si ma critique est bien inoffensive… Car si vous relisez bien mon article, j’y dis ce que je pense de BWS: que c’est un artiste fabuleux. Maintenant, je vous ai dit que j’essaye d’être un « minimum objectif » dans mes critiques, pas totalement, car ce n’est tout simplement pas possible, chaque critique ayant sa sensibilité. Néanmoins, je suis capable de reconnaître un dessin qui est réussi techniquement ou non (dessinant moi-même depuis près de 30 ans, comme vous je pense), et peu importe la virtuosité réaliste de l’artiste (Reiser était un très grand dessinateur, capable d’exprimer une émotion forte avec un seul trait). Si je n’ai pas parlé de la dimension de storyteller de BWS, ce n’est pas par manque d’objectivité mais parce que je n’ai pas éprouvé le besoin d’être exhaustif sur cet album, ne creusant pas mes critiques systématiquement sur les mêmes approches. Bien sûr que BWS est un très grand storyteller, mais tout le monde le sait. Je n’ai jamais dit qu’il ne l’avait pas été ici, j’ai juste parlé de son niveau de dessin étonnamment faible ici par rapport aux merveilles qu’il a accomplies… Mais c’est bien ce que je disais dans mon article, il y a des intouchables et j’avais bien prévenu que ma critique m’apporterait des commentaires de fans outrés. Il n’y a pourtant pas de quoi fouetter un chat, je n’ai pas traité BWS de tâcheron… Si vous voulez parler de talent de storyteller, BWS a été génial sur ce plan dans les deux épisodes des « Avengers » qu’il avait réalisés en 1969, soit près de trois ans avant! Là, oui! Même s’il s’y montrait très influencé par Kirby, il avait réalisé là de pures merveilles narratives, puissantes, inventives, superbes, bien meilleures et mieux dessinées que dans ces épisodes-ci que vous semblez apprécier si fortement (et je n’ai rien à redire là-dessus: chacun ses goûts!). Et en parlant de goûts, je ne cherche pas à comparer BWS et Gary Frank, cela n’a rien à voir, ce ne sont pas les mêmes époques ni les mêmes styles ni les mêmes manières de « raconter ». J’adore BWS et j’adore Gary Frank, pour des raisons différentes, il n’y a rien de fou là-dedans. C’est comme si je vous disais que c’est fou de votre part que vous disiez que les faiblesses de dessin vous indiffèrent dans une bande dessinée alors que vous faites vous-même de la BD… Il y a des choses qu’on doit pouvoir comprendre, sur plein de nuances différentes, sans que cela entraîne une soi-disant « confusion »… Maintenant, je suis bien d’accord avec vous, la narration est la moelle épinière de la bande dessinée, et cette narration s’articule sur plusieurs points, dont l’expression du dessin lui-même. J’ai souvent parlé de narration dans mes articles, mais pas là, oui, je l’avoue, pas par ignorance ou subjectivité mais par choix d’angle de vue…
            Bien à vous,
            Cecil McKinley

  3. Franck Biancarelli dit :

    Très sincèrement, je vous ai l’ air outré ?
    Pourquoi ne pas plutôt imaginer que je prends du plaisir à parler avec vous ?
    Pensez-vous qu’il y ait plus de raisons de vous en vouloir à mort que de prendre du plaisir à parler avec vous ?
    Je vous propose un changement de paradigme. Il n’ y a plus le critique objectif qui à le courage hors norme de s’ attaquer à un intouchable et qui s’ attire les foudres de fans abêtis par leur amour.
    Non, il n’ y a plus tout ça.
    Il y a juste une critique qui passe à côté de l’ essentiel.
    Je mesure bien l’ audace d’une telle hypotèse mais faites-moi le plaisir de la considérer au moins le temps de lire ces quelques lignes.

    Vous partez du principe dans votre dernier message que tout le monde sait déjà bien des choses sur BWS qu’il ne serait pas nécessaire de préciser.
    Je n’ en suis pas sûr car cela voudrait dire qu’elle ne s’ adresse qu’à des lecteurs déjà au fait du travail de BWS. Mais si tel est le cas, alors il devient du coup très important de préciser une chose : Ces épisodes sont « charnière » de la vraie naissance de BWS en tant que dessinateur.

    BWS quitte à ce moment-là la simple écriture dessinée.
    Non pas une écriture très personnelle à la REISER mais plutôt à la GARY FRANK, comme un ersatz prémaché des dessinateurs qui l’ ont précédé.
    BWS quitte enfin le giron narratif de Steranko et le giron graphique de Kirby.

    Son style personnel et puissant se met en place, même si parfois c’ est de façon monstrueuse à vos yeux.
    Je tiens à signaler que pour ma part je juge ces épisodes d’ un niveau technique largement au dessus de la moyenne : Les feuillages cherchent à être de vrais feuillages. Les pieds cherchent à poser vraiment sur le sol. L’air entre les personnages et les objets est enfin compris. La façon dont les ombres descendent sur les corps tient compte des sources lumineuses et n’ est pas juste un code. L’encrage cherche à épouser les diverses matières qu’il représente.
    Tout ça n’ est pas encore maîtrisé mais tout ça est là… Tout ça c’ est de la volonté de produire du dessin et plus de l’écriture dessinée.
    Tout ça en fait déjà un vrai dessinateur au point de vue affirmé.

    Toutes les formules ont leur limite mais celle de Giraud convient ici parfaitement : « Les purs dessinateurs dessinent de l’intérieur du dessin, les purs storyteller dessinent de l’ extérieur du dessin. Il faut dessiner des deux ».
    Et bien c’ est exactement ce qui se passe sous nos yeux quand on regarde ces pages.
    BWS ne cesse de continuer de progresser en tant que storyteller mais son storytelling devient bien plus personnel car enfin, il se met à dessiner de l’ intérieur du dessin. Enfin il se met à essayer de rendre compte des espaces, de la composition, il se met même à confronter les anatomies de ses personnages à la réalité du corps humain plutôt qu’à « l’ écriture anatomique » de Kirby.

    La mutation qui s’opère sous nos yeux dans ces épisodes est merveilleuse et se fait à un niveau technique au bout du compte assez rare.

    En conclusion, oui je prends un vrai plaisir à discuter de tout ça et si je ne vous reproche pas votre manque d’exhaustivité, je pense par contre que vous vous trompez.
    Je me permets donc d’ émettre un point de vue contradictoire au votre qui, vous me l’ accorderez, à l’avantage d’ aider à atteindre l’objectif que vous vous fixez vous même quand vous écrivez : « L’important, c’est que les gens lisent… »

    Voilà, je pense avoir dit l’essentiel de ce qui rend la lecture de ce travail intéressante. Si cela a donné envie à certains de le découvrir, nous en serons tous les deux ravis.
    Je vous souhaite donc une bonne continuation et vous dis à bientôt sur un autre sujet, pourquoi pas.

    • Franck Biancarelli dit :

      Il manque un « h » à « hypothèse » et sûrement bien d’ autres fautes, je vous prie de m’ en excuser.

    • Cecil McKinley dit :

      Re, Franck!

      Oui, vos commentaires semblaient plus outrés que dans le plaisir de la discussion, car ils étaient assez courts et réactifs, et aussi parce que c’est inhérent à Internet: sans le ton de la voix ni les regards, on ne capte parfois pas bien l’état d’esprit de certains messages. Ça vaut aussi pour moi: quand je disais que vous « m’en vouliez à mort », je l’écrivais avec un peu d’humour, ce qui n’est peut-être pas apparu, mais c’était bien le cas… Maintenant, parce que vous avez pris le temps de développer votre pensée dans ce dernier commentaire, je sens bien mieux votre réelle intention et votre envie de parler de choses qui – je suis d’accord avec vous – sont importantes et que vous avez raison de souligner. Donc votre « hypothèse » n’est pas pour moi audacieuse mais bien une analyse plus que légitime, et bien sûr que j’ai pris le temps de vous lire, sans déplaisir cette fois-ci.

      Rassurez-vous, je n’ai pas la prétention d’être un critique hors-norme et courageux, ne tire aucune fierté mal placée en critiquant un dessinateur, et conçois tout à fait que je puisse parfois passer à côté de l’essentiel, comme vous dites (au bout de plus de 400 articles, j’essaye de rester vigilant, mais ça peut arriver!). Le pire, c’est que je suis d’accord avec vous sur ce « moment charnière », c’est bien pour cela que j’ai souligné l’influence prépondérante de Kirby dans les épisodes 66 et 67 de « The Avengers », à laquelle il faut ajouter celle de Steranko, vous avez raison: ces épisodes étaient un étrange mix des styles de ces deux artistes, et effectivement, on sent bien que dans les épisodes 98, 99 et 100, BWS cherche à s’affranchir de ses influences de départ.

      C’est donc effectivement tout un processus artistique qui se met en place, même s’il se fait (et c’est là où nos ressentis se frottent) un peu dans le « grotesque », plus que le « monstrueux ». J’avoue que ce qui ressort visuellement de cette transmutation ne m’est pas agréable à l’œil, et que certaines audaces ou expressions radicales, faisant fi de la « beauté du dessin » et de sa technique pour exprimer les choses « en dehors du dessin » me heurtent un peu, d’où ma critique. Vous dites d’ailleurs vous-même que tout ça n’est pas vraiment encore bien maîtrisé, et c’est bien ce que j’ai voulu dire, même si je l’ai dit plus frontalement. Je ne suis pas rétif à ce genre de dessins qui s’extirpent du « beau » pour tenter d’arriver à l’essentiel, et à raconter les choses au-delà de l’histoire et de l’image, cela peut même être passionnant et bousculer notre idée de ce que doit être un dessin réussi (ce n’est pas exactement la même chose, mais je pense que Crepax – que j’admire plus que tout – est aussi passé par ce genre de procédé, parfois, s’éloignant tout à coup de son raffinement de trait et son réalisme pour exprimer « autre chose », plus frontal et moins méticuleux). Il y a juste que même si j’ai conscience de cette évolution de BWS à ce moment-là, qu’elle est importante, que vous avez raison de la souligner alors que je n’en ai pas parlé (ce qui est sûrement regrettable), elle s’exprime ici par un spectacle visuel qui me procure du déplaisir.

      Alors oui, vous avez raison de dire que je me suis planté en disant que BWS s’est planté sur ce coup-là, me focalisant sur sa maîtrise de dessin qui n’était pas encore affirmée plutôt que sur le processus qui était en cours dans son évolution, mais je pense que vous me pardonnerez d’avoir péché par mon amour de l’esthétisme qui a pris le dessus sur le reste, ayant eu le parti pris de parler des choses de manière plus globale que détaillée, ce qui était sans doute un tort… Mais maintenant que nous nous sommes expliqués et qu’après des débuts difficiles (sourire) notre échange devient plus riche, je suis sûr – comme vous le dites – que cela aura peut-être donné envie aux internautes de lire, relire ou découvrir les épisodes de « The Avengers » de cette époque et les diverses œuvres de Windsor-Smith…

      Au plaisir de vous lire dans le détail, vous pouvez revenir m’embêter quand vous le voulez…

      Bien à vous,

      Cecil McKinley

  4. Michel Dartay dit :

    Bonsoir Cecil, Bonsoir Franck!°)
    Et voila, c’est comme dans un comic-book classique, période Stan Lee ou after puisqu’il a influencé le genre dans son ensemble. Deux personnages positifs (exemple: Spider-Man et Daredevil!) se rencontrent, et par suite d’un malentendu, ils se livrent à un violent combat pendant la majorité de l’épisode. Evidemment,dans les deux dernières pages nos deux protagonistes sympathiques et positifs comprennent leur erreur et finissent par se réconcilier. Donc on se congratule, et on se dit « A bientôt ». Vous avez chacun défendu des arguments qui vous semblaient justes, et vous avez chacun raison dans votre genre. Oui, l’auteur majeur BWS n’a pas spécialement peaufiné ces épisodes, mais il a peut-être des circonstances atténuantes (surcharge de travail, encreur non compatible avec son style). Et Gary Frank est aussi un excellent dessinateur, arrivé plus tard sur le marché. Moins de recherches et d’effets graphiques, une certaine constance dans la qualité (en revanche, il faut mieux qu’il se contente d’illustrer les scripts de scénaristes chevronnés).
    Si je me suis permis d’intervenir dans votre débat, c’est que je vous connais tous deux, participant à Zoo le mag. Et en effet, la passion du comics nous réunit, plus qu’elle ne doit nous opposer.J ‘en profite pour vous adresser mon plus amical souvenir. Michel (alias ComicsBD sur facebook)

    • Cecil McKinley dit :

      Hello Michel,

      Merci de ce savoureux et amical commentaire qui m’a donné un tendre sourire… Mais maintenant un doute me taraude: qui est Daredevil, et qui est Spider-Man? Argh!
      Bien à vous, cher ami,

      Cecil

    • Franck Biancarelli dit :

      Ha ha ha.
      C’ est drôle.

    • Franck Biancarelli dit :

      Ceci dit je n’ ai pas vraiment eu l’impression de mener un combat mais d’ essayer de déplacer la vision de ces épisodes sur un autre plan que celui de l’ esthétisme.
      Bon, la bise et tout ça.

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