Excepté le portrait proposé en 1724 dans le récit « A General History of the Robberies and Murders of the Most Notorious Pyrates » écrit par le capitaine Charles Johnson — peut-être un pseudonyme de Daniel Defoe —, on sait peu de choses sur la vraie Anne Bonny (ou Bonney). Née de l’imagination fertile d’un écrivain ou véritable femme pirate ? Le personnage de femme éprise de liberté proposé par Franck Bonnet est fascinant. Faisant d’Anne Bonny la plus grande femme pirate de l’histoire, l’auteur opte pour une grande épopée maritime. Un diptyque passionnant entre légende et réalité.
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« Le Chevalier d’Éon » par Agnès Maupré
Encore une bande dessinée réussie sur un personnage historique, réalisée par une talentueuse représentante du sexe féminin ! Après Chloé Cruchaudet, Catel ou tout récemment Camille Benyamina, Agnès Maupré démontre, avec l’évocation de ce personnage baroque et ambigu qui se travestissait lors de missions d’espionnages pour le compte du roi Louis XV, que la biographie légèrement romancée est un genre qui s’accommode fort bien de cette forme de narration et que les femmes sont de plus en plus actives et visibles dans le paysage du 9e art.
Avec son trait fantasque, libre et sinueux, et son découpage pratiquement cinématographique et très lisible, celle qui avait déjà talentueusement mis en images le destin de la Milady des « Trois Mousquetaires » chez le même éditeur (voir « Milady de Winter » T1 par Agnès Maupré et « Milady de Winter » T2 par Agnès Maupré) nous propose de découvrir le parcours de Charles d’Éon de Beaumont : un noble du XVIIIe siècle aussi brillant que mythomane et aussi combatif que cultivé, ayant construit sa légende entre vérité et mensonges.
Ce premier opus d’un diptyque qui s’annonce déjà comme un exemple à suivre sur le plan de la mise en scène (sans parler de l’apport non négligeable du choix de belles et douces aquarelles sur un dessin sensuel qui se libère de plus en plus de ses influences premières, comme celle de Joann Sfar) nous dévoile quelques intrigues de la cour du roi de France, notamment celles fomentées par la versatile marquise de Pompadour. Lors d’un bal costumé à la Cour, notre chevalier d’Éon déguisé en femme sera d’ailleurs la victime de l’une de ses farces qu’elle tente de jouer à son amant royal.
Cependant, impressionné par cette aptitude au travestissement, Louis XV va mandater l’androgyne pour qu’il se fasse engager comme lectrice auprès de la tsarine Elizabeth de Russie, insatiable mangeuse d’hommes, afin qu’il tente de la convaincre de signer un pacte avec la France plutôt qu’avec les Anglais…
Gilles RATIER
« Le Chevalier d’Éon » par Agnès Maupré
Éditions Ankama (15,90 €) – ISBN : 978-2-35910-428-8
