À travers ce nouveau pavé de quasiment 350 pages, JeanLouis Tripp (1) continue son introspection familiale pour éclaircir et approfondir ce qu’il sait de son père. Ayant été troublé par déclaration de sa jeune sœur Cécile au sujet de son précédent chef-d’œuvre en bande dessinée (« Le Petit Frère »), où elle trouvait qu’il dessinait très bien le regard triste et perdu de leur géniteur, JeanLouis a décidé de nous raconter la vie ce dernier, avec son talent graphique et narratif habituel… Car, lui, comme il est longtemps resté enfant unique, il a connu un autre homme : un père affectueux, avec ses flamboiements, ses folies, mais aussi ses failles… Bref, un homme vivant, très vivant !
Lire la suite...« Tamara Drewe » vue par Stephen Frears

Cette semaine, pas de critique de comic mais un petit billet d’humeur sur l’adaptation au cinéma de « Tamara Drewe » qui est sortie cet été dans les salles françaises?
Eh oui, les comics, ce n’est pas qu’une affaire de super-héros américains faisant rêver les petits mâles, loin de là , puisqu’il ne faudra cesser de répéter que la production anglophone contemporaine est d’une richesse de genres et de styles tout à fait remarquable. Donc, les comics, c’est aussi l’affaire des créatrices anglaises, le monde s’en est aperçu avec délice l’année dernière lorsque le graphic novel de Posy Simmonds a reçu un Prix Essentiel au dernier festival d’Angoulême ainsi que le Grand Prix de la critique de l’ACBD. Un vrai plébiscite pour cette Å“uvre aussi sensible que féroce, traversée par un humour anglais du meilleur cru. Posy Simmonds avait réussi une alchimie très particulière, entre bande dessinée, illustrations et textes, dans une atmosphère graphique plus proche de Beatrix Potter que de « Judge Dredd » qui engendre une douceur visuelle d’autant plus contrastée avec la rudesse du propos. Une sorte de bonbon anglais acidulé au curare…
Stephen Frears a su restituer avec une belle sensibilité le contraste de cette Å“uvre où des horreurs se disent et se font dans un paysage idyllique de campagne anglaise sublimé par de splendides lumières changeantes… Il faut dire que Frears n’a pas découvert « Tamara Drewe » hier matin, puisqu’il l’avait lue dans le Guardian lorsqu’elle paraissait en feuilleton hebdomadaire. Mieux, Frears nous dit dans la préface de l’album réédité à l’occasion de la sortie du film : « Je connais Posy depuis toujours. Nous avions un merveilleux ami commun en la personne du réalisateur anglais Maurice Hatton. Ses plaisanteries sont irrésistibles, son dessin est précis, économe et stimulant, son intelligence formidable. Que demander de plus à la vie ? » Ami et fan : pas étonnant que Frears ait eu envie d’adapter cette Å“uvre, et son bonheur est palpable à l’écran. On sent qu’il a pris un malin plaisir à orchestrer tout ce petit bal absurde, touchant et cruel, comme une mécanique irréversible alimentée par de multiples éléments s’entremêlant avec une précision diabolique. Une sorte de huis clos, de Cluedo libertin qui s’avère plus proche du carnage des egos que de la simple chronique douce amère… De plus, tous les acteurs sont formidables, pétris d’une réelle beauté; leur jeu est d’une telle justesse qu’on oscille d’autant plus souvent entre l’émotion et la farce, la stupeur et l’amusement. Le résultat de ce film sans prétention mais merveilleusement réalisé et interprété est un excellent moment de détente cinématographique, nous offrant des émotions et des images qui – mine de rien – ne s’évanouissent pas si facilement que ça… Le film donne même envie de découvrir ou de relire l’album, ce qui n’est pas une moindre qualité…
Cecil McKINLEY
« Tamara Drewe » par Stephen Frears BBC Films (1h49)
Et toujours en librairie :
« Tamara Drewe » par Posy Simmonds Éditions Denoël Graphic (18,00€)