COMIC BOOK HEBDO n°133 (07/08/2010)

Cette semaine, retour sur le dernier volume en date de l’intégrale d’IRON MAN…

IRON MAN : L’INTÉGRALE 1966-1968 (Panini Comics, L’Intégrale)

Ce troisième volume de l’Intégrale des aventures de Tête de fer est important car il constitue une charnière dans l’historique éditorial du héros. En effet, avec ce volume s’achèvent les épisodes courts parus dans Tales of Suspense où Iron Man partageait la vedette avec Captain America. Le prochain volume de cette Intégrale vous proposera donc le véritable lancement de la série Iron Man qui débuta avec le one shot Iron Man and Sub-Mariner (avril 68), puis The Invicible Iron Man 1 en mai 68. Cette transition ne fut pas un cas isolé, mais bien un véritable tournant pour Marvel, Stan Lee ayant lui-même déclaré à l’époque que 68 serait le début du deuxième âge Marvel. Ce ne fut pas qu’un effet d’annonce mais bien une réalité, puisque ce fut cette année-là que plusieurs piliers de la Maison des Idées prirent réellement leur essor en acquérant leur propre publication. Jusque-là, certains titres tels que Tales to Astonish ou Strange Tales – qui publiaient des récits courts d’horreur, de fantastique et de science-fiction – avaient fini par accueillir dans leurs rangs certains super-héros emblématiques ne demandant qu’à devenir de véritables vedettes. Le tournant de 68 eut lieu avant tout grâce à Martin Goodman qui augmenta le nombre de titres de manière assez significative après l’arrêt de contrats stipulant un nombre restreint de publications. En gros, Marvel passa alors d’une petite quinzaine de titres à 24. Stan Lee profita donc de cette aubaine pour amorcer un nouvel essor, donnant donc à certains super-héros leur propre titre et quittant ainsi la logique des fascicules à deux histoires. Cette année-là, Captain Marvel, Namor, Captain America, Iron Man, Hulk, Nick Fury et le Docteur Strange eurent droit à leur propre publication… on connaît la suite.

Mais revenons à nos moutons électriques. Nous avons donc quitté l’ère préhistorique de Don Heck pour aborder l’ère moderne avec le brillant Gene Colan qui commence à prendre ses aises sur le titre avec grand talent. Après un Iron Man assez massif et jaune et avant le fuselage rutilant et scintillant d’un Romita Jr – à l’époque où il savait dessiner – encré par Bob Layton, Colan a donné à l’armure d’Iron Man un caractère bien particulier. Pas de reflets ni de brillance, mais une armure très corporelle fuselée par des hachures et des zones d’ombres généralement peu employées pour rendre l’esthétique des métaux, donnant ainsi une esthétique proche du corps humain et fusionnant la symbolique de la ferraille et de la chair en une osmose préfigurant certaines obsessions ultérieures. Même si comme moi vous détestez le personnage d’Iron Man (je ne reviendrai pas là-dessus, ayant déjà exprimé de trop nombreuses fois mon aversion pour ce vendeur d’armes capitaliste et bon petit toutou du gouvernement), vous ne pourrez passer à côté de cet album incontournable pour tout fan de super-héros, puisqu’historique quant à son contenu et au contexte éditorial, mais aussi pour l’intérêt du parcours de Colan, immense artiste s’il en est. Tout réel aficionado du grand Gene Colan ne peut se passer de connaître le travail du maître sur cette série, terreau de son envol marvélien. Au programme, de nombreuses péripéties avec des super-vilains hauts en couleurs tels que Titanium Man, l’Homme-Taupe, Melter, Whiplash, Krang, le Mandarin ou encore la Gargouille Grise. Mais l’intérêt de cette période est une nouvelle ouverture sur les problèmes de Stark face à ses proches et à sa nation. Au début de l’album, Stark est coincé, acculé, désespéré: comptes bloqués, usines fermées, et bientôt une forte suspicion sur la véritable identité d’Iron Man, préfigurant les grandes angoisses d’un Spider-Man ou d’un Daredevil dans des épisodes récents… Angoisses existentielles mais aussi affectives avec le contexte cornélien de Happy Hogan et de Pepper qu’il doit sauver tour à tour au risque de les voir retomber dans les bras l’un de l’autre… Je ne vous dévoilerai rien de plus afin de garder tout le sel de ces aventures de plus en plus dramatiques, grâce aux obsessions de Lee et au graphisme plus que noir de Colan. Bref, un joyau du Silver Age à ne pas rater, chers fans…

Cecil McKINLEY

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