« Loulou l’incroyable secret » par Grégoire Solotareff et Jean-Luc Fromental

Des albums au film… En 1989, Grégoire Solotareff publie « Loulou » à l’École des loisirs. Cet album, dans lequel il réalise texte et illustrations, raconte la naissance d’une amitié entre deux animaux qui n’auraient jamais pu, jamais dû être amis : un jeune loup sans nom qui devient Loulou grâce à un jeune lapin, Tom. D’emblée, ces deux-là se parlent très simplement, n’ont pas peur l’un de l’autre, passent tout leur temps ensemble, grandissent, apprennent et deviennent de vrais amis. Parfois, pour s’amuser, ils jouent à la peur, la peur délicieuse lorsque l’on sait que c’est « pour de faux », la « peur-du-loup » et la « peur-du-lapin ». Ensemble, ils sont devenus forts et ont vaincu leur différence, leur isolement, les clichés et toutes les vieilles histoires qui disaient le loup dangereux.

Voici le premier dialogue de Loulou et Tom  lors de leur rencontre:

«  Serais-tu par hasard un lapin ?, demanda le loup.

-          Oui. Mon nom est Tom, répondit le lapin. « Et toi, es-tu un loup ? »

-          « Oui », dit le loup. Mais je n’ai pas de nom.

-          Ah !, fit le lapin, ça ne m’étonne pas ! Que dirais-tu si je t’appelais Loulou ?

-          Cela me va très bien, dit le loup.

-          Est-ce vrai que les loups mangent les lapins ?, demanda Tom.

-          Il paraît, dit Loulou. Mais moi, je n’en pas encore mangé.

-          En tout cas, fit Tom, moi, je n’ai pas peur de toi. »

En 2010, Solotareff publie une deuxième aventure des deux compères, « Loulou plus fort que le loup », suivi en 2011 de « Loulou à l’école des loups ».

Ces trois albums, destinés aux enfants de 3 à 7 ans, qui parlent si justement de l’entraide, de la solidarité, de la peur et des préjugés, sont devenus à présent des classiques de la littérature enfantine. Ils sont largement prescrits, traduits dans plus de quinze pays et le premier « Loulou » s’est vendu à plus de 600 000 exemplaires.

Loulou et Tom sont aujourd’hui devenus des héros de cinéma. « Loulou l’incroyable secret », le film de Grégoire Solotareff, réalisé Éric Omond, avec un scénario et des dialogues co-signés par Solotareff et Jean-Luc Fromental, sortira le 18 décembre 2013. Production Prima Linea

À l’occasion de la prochaine sortie du film, Grégoire Solotareff explique dans le dossier de presse :

« Loulou est un personnage que j’ai créé il y a 25 ans. À l’époque, le premier album était un passeport de liberté artistique : dans mes travaux précédents, j’étais dans une cuisine réductrice d’illustrateur et je rêvais d’un plaisir de dessinateur, avec des traits directs, simples. Je l’ai finalisé en vingt-quatre heures, motivé par l’énergie, la spontanéité… la naïveté aussi ! Sans naïveté, on n’ose pas grand chose, si ? 
La publication a bien marché et, d’une certaine façon, Loulou m’a échappé.
Il y a dix ans, lorsque j’ai commencé à travailler sur un film d’animation avec Valérie Schermann et Christophe Jankovic, nous pensions déjà au long. Mais, stratégiquement et financièrement, nous sommes partis sur un format court : « Loulou et autres loups ». Ensuite, il y a eu l’aventure « U »  qui, je crois, a été remarquée puis nous sommes revenus, dix ans plus tard, sur l’envie première d’un long qui est devenu « Loulou l’incroyable secret ».
L’idée de départ a toujours été de faire grandir les personnages. Il y a eu plusieurs versions du scénario – les premières écrites avec mon fils Emmanuel pendant un an et demi – avant de retrouver Jean-Luc Fromental, déjà complice de « Loulou et autres loups ». La suite du processus a pris autant de temps. Jean-Luc a une démarche complémentaire de la mienne : il connaît davantage les codes du scénario et de la dramaturgie propre à l’animation. Dans notre travail, nous avons été alternativement Tom et Loulou. Comme les deux faces d’une même personne.
Le film commence sur une barque qui dérive, avec Loulou et Tom à son bord. C’est un début onirique, un fantasme aussi. Tout est parti d’une phrase de Renoir qui disait que l’on n’était qu’un bouchon sur la mer. J’aime aussi l’idée d’un événement fort qui vient perturber la sérénité du quotidien. C’est le point de départ de la quête initiatique de Loulou.
 »

Loulou et Tom ont grandi et sont devenus adolescents, vivant heureux au bord de l’eau. Cette sérénité est troublée par les prédictions d’une bohémienne, apprenant à Loulou qu’il a une mère vivant à Wolfenberg, très loin, au pays des loups. Finies les parties de pêche et les vadrouilles tranquilles ! À bord d’une automobile rouge un brin tape à l’œil, les amis se lancent dans cette quête des origines. Ils abordent une étrange contrée, où le Festival de Carne réunit les carnassiers du monde entier, où les luttes de pouvoir et de clans se déroulent dans une ombre menaçante. Dans ce pays ségrégationniste, on ne mélange pas les Sancros et les Loncros et les deux amis, se heurtant à une réalité détestable, risquent d’être séparés. Au bout de l’aventure aux multiples rebondissements, ils connaîtront enfin le secret des origines de Loulou.

La bande dessinée, qui précède la sortie du film, reprend cette trame narrative. Elle est composée d’images du film que l’on découvrira dans quelques jours. Si elles sont indéniablement belles et colorées, elles demeurent parfois un peu trop figées.

Mais laissons le mot de la fin de cette chronique à Grégoire Solotareff qui, à la question « Loulou, c’est vous ? » répond ainsi :
« Même s’il existe depuis plus de 25 ans, Loulou n’est pas un personnage qui accompagne mon quotidien. Heureusement ! En revanche, le loup comme héros de fiction me passionne : il est solitaire, mystérieux, source de rumeurs et de mythes fous, et j’en dessine encore souvent. L’idée de trimbaler Loulou jusqu’à la fin de mes jours m’effraie ! C’est pour cette raison que la base du film était son évolution : il grandit et là, cela représente un défi artistique.
Les animaux «humanisés» continuent d’être ma source principale de créativité. La Fontaine et les fables d’Ésope ont été mes premières amours de dessinateur. J’en ai gardé ce plaisir de faire des caricatures : celles des hommes ne m’intéressent pas ; passer par les animaux est un moyen de prendre du recul. Vis-à-vis des enfants, cela m’a permis de faire passer des thèmes compliqués, des vérités délicates. À mon avis, les animaux convoquent un imaginaire plus large. Et, plus que tout, ils sont un vecteur d’expression qui vous offre une assez grande liberté ! 
»

Catherine GENTILE

« Loulou l’incroyable secret » par Grégoire Solotareff et Jean-Luc Fromental

Éditions Rue de Sèvres (12,50 €) – ISBN 978 2 36981 017 9

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