« Young : Tunis 1911 – Auschwitz 1945 » par Eddy Vaccaro et Aurélien Ducoudray

C’est un peu un hasard, mais ça tombe plutôt bien : le film « Victor Young Perez » de Jacques Ouaniche, avec Brahim Asloum dans le rôle du boxeur juif tunisien, vient juste de sortir en salles, alors que paraît une belle bande dessinée sur le même sujet signée Eddy Vaccaro et Aurélien Ducoudray.

En effet, c’est juste après avoir terminé leur « Championzé » sur Battling Siki — un autre champion du monde de boxe du début du XXe siècle —, roman graphique publié chez le même éditeur il y a maintenant trois ans (voir Championzé), que les deux complices, fascinés par ce milieu, avaient déjà décidé de remettre le couvert en adaptant la vie de cet autre personnage à la destinée hors du commun ; même si leur confrère Denis Lapière et consœur Aude Samama avaient déjà abordé ce thème dans leur très beau « À l’ombre de la gloire » paru l’an dernier, également chez Futuropolis.

Si ce dernier album proposait habilement un portrait croisé de l’actrice Mireille Balin et de Young Perez, deux personnalités des années trente qui ont tous deux connu la gloire avant de connaître un destin tragique, le « Young » de Vaccaro et Ducoudray retrace plus précisément la vie de ce boxeur né à Tunis dans une modeste famille de confession juive, en accentuant particulièrement les scènes difficiles de ses dernières années passées à Auschwitz ; même si, évidemment, il n’est pas fait abstraction de sa relation ombrageuse avec Mireille Balin, laquelle avait succombé à son charme.

On suit donc les pas du jeune Victor Perez qui avait lui-même imposé son sobriquet « Young » en devenant boxeur : de sa gloire parisienne lorsqu’il décroche le titre (jamais inégalé !) du plus jeune champion du monde des poids mouches, en 1931, jusqu’à sa cruelle fin de vie. Il perd alors son titre, sa femme et sa liberté, les nazis l’ayant déporté dans le tristement célèbre camp de concentration polonais où il mourra assassiné durant l’hiver 1945, ceci alors que les Allemands commençaient déjà à fuir l’armée russe.

Son ascension sera aussi fulgurante que sa déchéance et les auteurs vont jouer constamment, sur le plan narratif, entre les situations paradisiaques et infernales, entre la liesse et la violence : s’appuyant sur des allers-retours fréquents qui rythment de façon originale ce récit poignant, bien mis en valeur par un trait charbonneux rehaussé par des coloris sépia fort appropriés.

Gilles RATIER

« Young : Tunis 1911 – Auschwitz 1945 » par Eddy Vaccaro et Aurélien Ducoudray

Éditions Futuropolis (20 €) – ISBN : 978-2-7548-0628-2

Galerie

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>